long_lat,oclc_num,collectie_facet,publishDate,building,lccn,topic_facet,container_title,hierarchy_top_id,dewey-sort,id,callnumber-first,title_in_hierarchy,dewey-search,dewey-ones,author_role,hierarchy_sequence,callnumber-label,illustrated,issn,contents,is_hierarchy_id,access,is_hierarchy_title,hierarchy_top_title,ctrlnum,title_full,fullrecord,author_sort,era,thema,fulltext,genre,container_start_page,title_sub,author_additional,era_facet,dewey-full,title_sort,title_auth,marc_error,url,author2,author2_fuller,callnumber-subject,series,title_old,author2_role,spellingShingle,author_variant,title_new,notes,collectie,pid,language,institution,geographic,dewey-raw,level_of_description,genre_facet,raadpleegbaarheid,container_reference,thumbnail,author,series2,format,collection,author_corporate_role,topic,publisher,author2_variant,hierarchy_parent_title,dateSpan,hierarchy_parent_id,author_corporate,callnumber-search,dewey-tens,isbn,thema_facet,description,edition,title,title_full_unstemmed,geographic_facet,author_fuller,callnumber-sort,title_fullStr,dewey-hundreds,recordtype,container_volume,physical,spelling,callnumber-raw,long_lat_label,title_short,container_issue,_version_,title_alt,author_facet,long_lat_display "",,,1897,,,,,,,Boeken_392,,,,,,"Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit\, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897",,,,,,online,,,,"Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897",,,,,"- Page 1 of 181 [PAGE_1] -------------------------------------------------------------------------------------------- Z U T CONGRÈS AO TTJEL Salle des fêtes da ŸOORUIT, à Gand LES 18 & 19 AVRIL 1897 Rapport du Conseil général. — Question de Verviers. — Première Sec tion : Questions syndicales. — La Caisse de grève. — L'organisation syndicale. — L’abolition du travail aux pièces. — Les Coopératives. — Assurance en cas d’incendie. — Fête du 1"" Mai. — Deuxième Sec tion : Questions politiques. — La propagande antimilitariste et la Manifestation nationale du 15 Août. — Rapport sur la proposition de révision de l’article 25 des Statuts. — Rapport des Etudiants socialistes sur la révision de l’article 25 des statuts. — Rapport de la Fédération socialiste belge de gymnastique sur la propagande gym nastique. — Troisième Section : Questions administratives. — R ap port sur la désignation des orateurs. — Révision de l ’article 20 des statuts. — L’indemnité parlementaire. — Affichage du programme du P arti ouvrier dans tous les cafés du pays. — Composition du Conseil { général. — Quatrième Section : Questions agraires. — Rapport sur es syndicats agricoles. —■ Projet de statuts d’un syndicat agricole mixte. — Rapport sur l’organisation de la propagande socialiste parmi les campagnards. — Communications. — Rapport du groupe parle mentaire. — Rapport sur les travaux des Sections. BRUXELLES Imprimerie, Veuve D é siré BRISMÉE, rue de rla Prévôté, 7. RENDU DU TEN U A LA R u e d e s B a g u e tte s 1897 - Page 2 of 181 [PAGE_2] -------------------------------------------------------------------------------------------- L A Maison du Peuple A D M IN IS T R A T IO N C E N T R A L E : S4, Place de Bavière, 34 F a b riq u es de pain BRUXELLES. — Rue de la Gendarmerie, 5. MOLENBEEK. — Quai des Charbonnages, 79. D é b its de je to n s , p a in , b e u r r e e t p ro d u its a lim e n ta ir e s BRUXELLES. — Place de Bavière, 24; rue des Sables, 29 ; rue de la Verdure, 33 ; rue Haute, 286 ; rue Blaes, 179. — CUREGHEM, rue de Liverpool, 77. — ETTERBEEK, place Jourdan, 27. — IXELLES, rue du Viaduc, 26. — LAEKEN, chaussée d’Anvers, 148. — MOLENBEEK, rue du Ransfort, 93 ; rue du Ruisseau, 5. — SAINT-GILLES, rue des Vieillards, 6. — SAENT- JOSSE, rue Willems, 51. — SCHAERBEEK, rue Josa- phat, 146. B o u c h e rie SAINT-GILLES. — rue des Vieillards, 6. M a g a s in d ’a u n a g e s Vieille-Halle-aux-Blés, 27. D épôt d e c h a rb o n Quai des Charbonnages, 52 et 70. L o c a u x p o u r le d é b it d e v in s, b iè r e s e t c ig a r e s S a lle s d e ré u n io n BRUXELLES. — M aison d u Peuple, 24, place de Bavière, 24. — MOLENBEEK, chaussée de Gand, 69. * T É L É P H O N E S . — M aison du Peuple, 1 6 9 0 . — M agasin de Charbon, 1 1 4 8 . — F abrique de P a in n° 1, 1 9 5 6 . — F abrique de P ain, n° 2, 3 2 4 7 . - Page 3 of 181 [PAGE_3] -------------------------------------------------------------------------------------------- COM PTE-REN DU DU XIIT CONGRÈS ANNUEL TENU A LA Salle des Fêtes du ÏOORÜIT, à Gand R ue d es B aguettes LES 18 & 19 AVRIL 1897 BRUXeLUsN "" C ........M ' ... Imprimerie Veuve Désiré BRISMÉË; rue de ta ' Prévôté, 1. -i AMSÀB 189»? - - f A A o h ÿ j-;< - Page 4 of 181 [PAGE_4] -------------------------------------------------------------------------------------------- AMSAB s i A V A N T - P H O P O S ! En'com parant'ce Congrès à celui de l’an passé, on ne doit que\hausser les épaules devant l'aveuglem ent ou la m auvaise fo i de la presse cléricale, doctrinaire et socialiste scissionnaire (p o u r des questions personnelles), affirm a n t— étrange accord — que jam ais Congrès n'a été p lu s vide n i p lu s inutile. De 331, le chiffre des groupes représentés s’est élevé à 489 avec 596 délégués ! E xcusez d u peu, Messieurs les réactionnaires. Les documents n ’ont ja m a is été aussi scientifiques, les mesures préconisées aussi pratiques, les discussions aussi courtoises que cette fois. Jam ais il a été abattu ta n t de besogne en si p e u de temps. E t Von p a rle de Congrès in utile ! Les p lu s intransigeants même se sont bien volontiers inclinés devant des majorités p lu s ou moins écrasantes. E t l’on p a rle de désunion ! Avec une p a reille discorde nous irons loin, nous semble, car il en sera bientôt fa it de la m ajorité capitaliste. Nous pouvons dire que le Congrès de Gand restera comme une page glorieuse dans l’histoire d u P arti ouvrier, car jam ais il n ’a m ieu x affirmé ses tendances collectivistes. Oui, le P a rti ouvrier a bien p o u r idéal le collectivisme, et toutes les mesures pratiques qu'il a prises n ’ont p o u r but que de le fa ire m archer en avant, toujours en a vant jusqu’au triomphe final. Ce qui a présidé p en d a n t toute la durée d u Congrès, c'estlid ée d’union entre toutes les forces ouvrières, c'est Vidée de grouper tout ce qui subit le déprim ant régim e du salariat, à quelque degré que ce soit. - Page 5 of 181 [PAGE_5] -------------------------------------------------------------------------------------------- Les ouvriers et les ouvrières rentreront dans les syndicats affiliés a u Parti ouvrier. Les syndicats de professions sim ilaires se constitueront en fédérations régionales, nationales et internationales. La propagande antim ilitariste deviendra p lu s intense. Les ouvriers agricoles seront organisés ; les cultivateurs, victimes des seigneurs terriens, seront intéressés à la propagande socialiste. B ref, toutes les forces vives de la nation seront enrégimentées dans l'armée socialiste. Entre temps, les gouvernements, p r is de p eu r, auront, sous la pression de la form idable armée et de ses représen tants concédé des réform es; Mais devenues insuffisantes p o u r contenter les révoltés assoiffés de justice, l’heure suprêm e du grand combat sonnera. Le choc, il est vrai, sera moins violent parce que le nombre des exploités aura facilem ent raison de la poignée d ’exploiteurs, m ais il a u ra lieu. Compagnons, à l'œ uvre! Le Secrétaire du Congrès (assemblée pléniêre) h . OCTORS - Page 6 of 181 [PAGE_6] -------------------------------------------------------------------------------------------- ORDRE DU JOUR Le Conseil général, après avoir entendu le rapport de la Fédération bruxelloise, ayant décidé d’appliquer, pour expérience, au Congrès de Gand, la méthode en rigueur dans les Congrès internationaux du P arti ouvrier, les questions inscrites à l’ordre du jour ont été groupées d’après leur analogie et discutées par les sections spéciales. Le prochain Congrès aura à se prononcer d’une manière définitive sur l’adoption de cette méthode. TRAVAIL DES SECTIONS l re section : 1. La caisse de grèves ; 2. Organisation syndicale ; 3. Le travail aux pièces ; 4. Intervention des coopératives au point de vue de la création d’organisations similaires ; 5. Rapport sur la Caisse d’assurance en cas d’incendie ; 6. Le l 8r Mai et la question des pensions aux invalides du travail. 2 ' section : 1. La manifestation antimilitariste ; 2. Révision de l’article 25 des statuts (alliances électo rales); 3. Les élections législatives de 1898 ; 4. La question flamande ; 5. Les distributions de prix ; 6. La propagande gymnastique. 3* section 1. N’y a-t-il pas lieu de tenir les Congrès annuels pendant trois jours au lieu de deux ? 2. La désignation des orateurs doit-elle être continuée aux fédérations ou au Conseil général ; - Page 7 of 181 [PAGE_7] -------------------------------------------------------------------------------------------- 3. L a situation à Y erviers; 4. Révision de l’article 20 des statuts ; 5. L’indemnité parlementaire ; 6. Affichage du programme du P arti ouvrier dans tous les cafés du pays ; 7. Révision des articles 6 et 9 des statuts parlant de la nomination du Conseil général. 4"" section : 1. La question agraire ; 2. Projet de statuts pour les syndicats agricoles. l ’ordre du jour était ainsi ordonné D im anche m a tin . — Discussion des mandats vérifiés; Id. du rapport du Conseil général; Id. du rapport parle mentaire. D im anche après-m idi. — De 2 à 5 heures du soir : réunion des sections. De 5 à 7 heures du soir : assemblée générale. L u n d i m a tin . — Assemblée générale : a) Discussion du bilan; V) Id. du rapport de diverses commissions ; c) Siège du prochain Congrès ; d) Nomination du bureau du Conseil général. Les sections obéissent à l’organisation suivante : Chaque commission nomme un rapporteur pour chaque question. Si le vœu en est exprimé au sein de la section, un rapporteur est désigné par la minorité pour faire rapport. Les conclusions sur les points de l’ordre du jour sont insérées dans l’ordre du jour. Après la lecture du rapport de la majorité et de celui de la minorité, on vote, à moins que le Congrès ne décide, aux 2/3 des voix, qu’il y a lieu d’accorder Japarole à un orateur; il ne pourra en tous cas parler plus de 5 minutes. - Page 8 of 181 [PAGE_8] -------------------------------------------------------------------------------------------- XIIIe CONGRÈS ANNUEL TENU A LA S A LLE DES F E T E S DU VOORUIT, à Gand B U E DES BAGUETTES L ES 18 E T 19 AVRIL 1897 I D i m a u m o l x e 18 a v r i l S éan ce du m atin Les membres du Conseil général procèdent à la vérifica tion des mandats et vers onze heures, le Conseil général s’installe au bureau. Le compagnon F. W auters préside. Il souhaite la bienvenue aux délégués, fait appel â l’esprit de solidarité et de concorde de l’assemblée pour mener les travaux du Congrès à bonne fin. Après avoir , rappelé les progrès accomplis par le socialisme au cours de l’année, il émet l’espoir que le parti ouvrir sortira , grandi encore des assises qu’il vient d’ouvrir. Le compagnon G. Serwy, secrétaire du Conseil général fait ensuite l’appel des groupes. Les délégués de la Fédération d’arrondissement (Yerviers) contestent le mandat de certains groupes ayant leur local à la M aison du P euple parce qu’ils ne sont pas , régulièrement affiliés, le parti ouvrief ne reconnaissant qü’une seule fédération par arrondissement et obligeant, tous les groupes à en faire partie. - Page 9 of 181 [PAGE_9] -------------------------------------------------------------------------------------------- G. Serw y . — Je propose de discuter les mandats contestés immédiatement après les communications. La parole sera donnée à un délégué de chacune des fractions socialistes verviétoises, puis à un membre du Conseil général en séance privée. Puis le Congrès se pro noncera en assemblée plénière {Adopté). Le Secrétaire demande que dans la matinée on s’en tienne aux questions administratives. Le Conseil général a proposé une révision de l’organi sation du Congrès ; au lieu de discuter toutes les questions en séance publique, on les discuterait dans les sections. Vandervelde. — Je pense que les questions de prin cipes doivent être discutées en séances publiques (appl.) Hubin, (Huy) soulève la difficulté q u ’il y a pour le Congrès à voter, lorsque la discussion s’est faite uni quem ent en sections. ' G. Serw y , fait remarquer qu’au Congrès même chacun aura le droit de présenter des observations à la séance publique. Chaque o rateu r au rait 5 minutes. H ubin. — On ne peut assister à toutes les sections. Dony. (Etudiants socialistes) propose de faire l’essai et de v o ter demain sur la révision définitive. La m ajorité vote en faveur du projet de révision, avec cette réserve que cette organisation ne sera valable que pour cette année. Il y a 489 groupes représentés p ar 596 délégués. LES COMMUNICATIONS G. Serw y , rend hommage à la mémoire de Jean Yolders e t aux socialistes morts l’année dernière. Il propose des félicitations à Anseele, Van Beveren et aux administrateurs du Vooruit pour leur vaillante - Page 10 of 181 [PAGE_10] -------------------------------------------------------------------------------------------- ■conduite lors de la campagne des détracteurs contre la V ooruit. 11 propose l’ordre du jour suivant : Le Congrès national du P arti ouvrier belge, réuni à Gand, les 18 et 19 avril 1897 ; Considérant que la coopérative Vooruit est la mère des coopératives socialistes du pays ; Considérant que les accusateurs du Vooruit, au lieu d ’envoyer des lettres anonymes à la presse étrangère dont toute la réaction s’est servie pour tomber sur cette belle institution et en particulier sur son administrateur, le dévoué camarade Edouard Anseele, auraient dû saisir l’assemblée générale de leurs griefs et de leurs récrimi nations ; 1° Que le Vooruit paie à ses ouvrières tailleuses et piqueuses, les salaires les plus élevés, supérieurs de 50 p. c. à ceux payés chez les patrons cléricaux et libéraux ; 2° Que ces jeunes filles ne travaillent que 8 heures par Jour; 3° Que le sw eating system y est inconnu, puisque la plupart des tailleuses achèvent un travail plus grand que ne l’accomplissent les ouvrières en 8 heures et que ce même travail est accompli en 6 heures; 4° Qu’il n’est fait aucune retenue sur le salaire des ouvrières n’ayant pas accompli le travail déterminé; 5° Que le Vooruit n ’a jamais profité d’un centime du produit du surtravail, puisque 60 p. c. de ce produit sont versés dans les mains des jeunes filles, 15 p. c. dans leur ' caisse de résistance et 25 p. c. dans leur caisse de voyages; 6° Que les autres fabricants n ’ont jamais agi ainsi, mais ont spéculé sur le surtravail pour diminuer les salaires, pendant que le Vooruit se sert des résultats acquis par ce surtravail pour augmenter les salaires ; 7° Que la diminution des heures de travail a eu pour résultat immédiat l’augmentation des salaires ; 8° Que chaque moyen de üroduction a été discuté de - Page 11 of 181 [PAGE_11] -------------------------------------------------------------------------------------------- commua accord avec les jeunes tilles et établi à leur avantage; 9° Qu’il n’existe pas de tyrannie au Vooruit, mais une liberté par trop illimitée dont il est parfois fait abus; 10° Qu’Anseele a toujours été le conciliateur dans les conflits ; 11° Que l’on pourrait tout au contraire lui reprocher de n e pas exercer un contrôle assez minutieux ; 12° Que chacun de ces faits a été établi dans deux réunions du Parti ainsi qu’à la commission d’enquête; et ce à l’immense majorité de ces assemblées ; 13° Que néanmoins la presse bourgeoise continue à prétendre que 10 hommes ont raison quand d e u x m ilia a u tr e s prouvent le contraire ; 14° Que le Vooruit a été condamné pour avoir payé des k salaires non mérités et avoir accordé des gratifications qu’il n’était pas tenu de donner ; 15° Que les feuilles bourgeoises sont rédigées par d’incor rigibles menteurs au service de l’honnête bande des Cartouche et Cie ; 16° Que tous les membres du P arti connaissent main tenant la vérité, que l'organisation des socialistes gantois continuera à prospérer malgré les envieux et les méchants. E n présence des accusations injustifiables et des calom nies intéressées que la presse réactionnaire dirige contre les administrateurs du V ooruit et spécialement contre le compagnon Edouard Anseele ; Estime qu’il y a lieu de leur donner un nouveau témoi gnage d’affection et de gratitude pour les services rendus à la classe ouvrière, et leur renouvelle l’expression de leur absolue confiance. L’Assemblée acclame et nomme Anseele président du Congrès. Anseele dit que l’ordre du jour est trop long ; il propose celui-ci : - Page 12 of 181 [PAGE_12] -------------------------------------------------------------------------------------------- “ Vu que la classe ouvrière gantoise, aux élections des Prud’hommes a témoigné de toute sa fidélité au drapeau rouge et au Vooruit, passe à l’ordre du jour. » (A p p la u d .) Serw y demande, pour éviter, toute équivoque, qu’on vote à mains levées. Les deux ordres du jour sont votés à l ’unanimité. (A ccla m a tio n s). Le Secrétaire annonce que Van Beveren est allé représenter aujourd’hui le Parti ouvrier au Congrès des socialistes hollandais; il demande que le Congrès leur adresse ses sympathies en même temps qu’une somme de 500 francs pour les aider dans la lutte électorale. On vote par acclamations. De même, l’assemblée décide par acclamations d’envoyer des télégrammes de sympathie aux socialistes autrichiens, italiens, à ceux de Roubaix et de Carmaux. De même le Congrès s’associe à la manifestation des Anversois sur la tombe des fusillés de Borgerhout. Troclet demande qu’on envoie un télégramme à Cipriani, sous les drapeaux de l’armée crétoise. [Applaud). Serw y annonce des inaugurations de locaux à Nivelles, Grammont et Dinant. Vandervelde annonce que le P arti ouvrier français a délégué au Congrès, le fils du citoyen Longuet, membre de la Commune. Je vous propose de saluer sa présence ici. (A p p la u d is.) Le citoyen L onguet prend place au bureau. Il accepte cet hommage pour le P a rti ouvrier international. Serw y demande s’il ne convient pas de renvoyer à un Congrès agraire spécial les questions agricoles. D u b a rsy est de cet avis aussi, m ais insiste pour que la section se réunisse égalem ent. [Adopté.) Au nom du Conseil général, Grégoire Serw y fait rapport sur la situation morale et matérielle du Parti. - Page 13 of 181 [PAGE_13] -------------------------------------------------------------------------------------------- RAPPORT DU CONSEIL GÉNÉRAL Conformément aux années précédentes, nous avons l ’honneur de vous faire rapport sur la situation morale du P arti ouvrier. L a Propagande L ES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES Les socialistes bruxellois n ’attendirent pas l’heure de la bataille électorale pour se livrer à la propagande. Depuis trois ans, il ne s’est pas passé une semaine sans que l’un ou l’autre village reçût la visite des propagandistes du P arti ouvrier. Insensiblement les campagnes des environs de Bruxelles Tiennent au socialisme. La tâche entreprise n’a pas été exempte de difficultés, mais celles-ci n’ont eu d’autre résultat que de rendre plus persévérants, plus dévoués les efforts des socialistes bruxellois. L a période électorale fut pour eux une nouvelle occasion de se multiplier et de batailler pour les principes et les réformes socialistes. Chaque dimanche, le mot d’ordre de tous les compa gnons fut : Allons aux paysans ! Chaque dimanche, dix, vingt villages furent visités. Chaque dimanche des milliers d’exploités de la terre entendirent le verbe socialiste. Chaque dimanche des brochures, des journaux, des manifestes furent répandus par milliers dans les chau mières et dans les fermes. DINANT L a propagande fut menée ici avec une remarquable activité, 15 à 20 conférences furent données chaque dimanche. - Page 14 of 181 [PAGE_14] -------------------------------------------------------------------------------------------- Cette propagande n’était pas des plus faciles à faire, l ’arrondissement de Dînant étant pour ainsi dire dépourvu de tout chemin de fer. Il n ’existe en tout et pour tout que la ligne de Namur-Givet, qui dessert une dizaine de loca lités, la ligne d’Arlon, qui passe par Ciney, avec un em branchement sur Huy et le tronçon de Gedinne qui finit en cul-de-sac. Du fond de la Semois, de Aile à Dinant, il y a 50 kilo mètres et l’on peut faire ce trajet sans rencontrer une ligne fei’rée. Ajoutons que cet arrondissement compte 139 communes, c’est-à-dire qu’il est, de tout le pays, le plus grand et celui qui comprend le plus grand nombre de localités. La propagande fut donc des plus coûteuses et dut se faire en mobilisant certains jours une douzaine de voitures. Le parti catholique, vraiment dérouté par notre propa^ gande intensive, eut recours à tous les moyens imaginables pour la contrecarrer. En dehors des procédés habituels : mensonges, calom nies, basses personnalités, un mot d’ordre était donné aux bourgmestres : interdire les réunions en plein air. Les curés reçurent le leur aussi, il consistait à exciter les femmes et les enfants contre nos propagandistes et à les gratifier de charivaris soignés. DANS LA W E ST-FLA N D R E La lutte électorale comptera dans les annales du mou vement ouvrier belge; non pas que la campagne n ’ait pas été menée vigoureusement dans les autres provinces, mais parce que nous sommes ici dans les Flandres, qui ont la triste réputation d’être les contrées les plus arriérées de notre pays. Une large brèche a été faite dans -la citadelle clérico- capitaliste et le nombre des voix obtenues par nos candi dats ne nous dément pas. AMSAB - Page 15 of 181 [PAGE_15] -------------------------------------------------------------------------------------------- Rappelons que le P arti ouvrier lutta dans six arrondis sements, notamment Courtrai, Bruges, Ypres, Ostende, Roulers et Furnes, alors qu’en 1894 nous n ’avions des candidats qu’à Bruges et Courtrai et qu’en 1895 nous avions pris part à une élection partielle à Ostende. * * * Devons-nqus parler des arrondissements de Nivelles et de Louvain? Les résultats obtenus témoignent de la valeur de nos propagandistes et de ce que le P arti ouvrier peut espérer d’une campagne incessante de propagande. Nous pouvons dire que la Belgique entière fut soulevée par le P arti ouvrier. Après un long travail de propagande et d’organisation qui dura plus.de deux ans, nos amis de tout le pays donnèrent à l’occasion de ces élections un admirable coup de collier qui devait être récompensé par un brillant succès. Vous donner le nombre de meetings organisés, la quantité de propagandistes toujours sur la brèche, combien de manifestations organisées, le nombre de jour naux spéciaux, de brochures édités, est chose impossible. Tous les dimanches dans des villages perdus, dans les coins les plus reculés des campagnes, nos orateurs se rendirent et exposèrent les théories socialistes aux accla mations de nombreux auditoires toujours réunis pour écouter la bonne parole. L a majorité cléricale avait commis de telles fautes que nous étions en droit d’espérer le renversement de quelques- uns de ses représentants. Notre espoir fut déçu ! Mais ce qu’il faut retenir de la journée du 5 juillet 1896, c’est le progrès énorme des idées socialistes en Belgique. Le P arti ouvrier marche à la conquête de toutes les populations laborieuses et l ’on peut prévoir le moment où il sera de force à m ettre en déroute les cohortes cléricales e t conservatrices. - Page 16 of 181 [PAGE_16] -------------------------------------------------------------------------------------------- Pour nous, l’attribution des sièges n’était qu’une question de second ordre. L’important est le mouvement de propa gande, dont l’intensité est généralement plus grande en période électorale. Quel que pouvait être le résultat des ballottages, nous n ’avions pas perdu notre temps. En effet, il est réconfortant de voir le chemin parcouru par le P arti ouvrier depuis deux ans. Faisons quelques comparaisons : B ru xe lle s. — En 1894, les socialistes obtenaient 40,218 voix. En 1896, les démocrates-socialistes obtien nent 71,017. Nivelles. — En 1894, les socialistes avaient 6,533 voix. En 1896 ils en ont 19,879. Augmentation de 13,346 voix. Le nombre de voix socialistes est triplé ! A n ve rs. — En 1894, les socialistes avaient 4,871 voix. Enl896,ils en ont près de 9,000. Augmentation : 4,200voix. B ru g es. — En 1894, socialistes : 521 voix. En 1896, socialistes : 8,087 voix, 7,500 voix en plus. C ourtrai. — En 1894, socialistes : 3,674 voix. En 1896, socialistes : 11,800. Augmentation de 8,000 voix. L ouvain. — En 1894, socialistes : 5,080; en 1896, socia listes : 18,000 voix. Augmentation de 13,000 voix. N a m u r. — En 1894, les radico-socialistes obtenaient une majorité de 3,600 voix. E n 1896, cette majorité est montée à 5,000 voix. Augmentation : 1,400 voix. Il y a deux ans, nous ne luttions ni à Ostende, ni à Ypres, ni à Roulers, ni à Dînant, ni à Philippeville. Nos candidats obtiennent dans ces différents arrondis sements : A Ostende, 1,935 voix; A Ypres, 3,300 voix; - Page 17 of 181 [PAGE_17] -------------------------------------------------------------------------------------------- A Roulers, 3,326 voix; ADinant, 14,900 (radicaux-socialistes); A Philippeville, 6,717 voix. Nous pouvons compter sur une augmentation de près de 100,000 voix socialistes en 2 ans. C’est magnifique. LES BALLOTTAGES DU 12 JUILLET 1896 Le véritable vaincu de cette journée, c’est le parti libéral. Au point de vue socialiste, la lutte était terminée depuis liuit jours. Elle avait démontré qu’en deux ans, pour la moitié du pays seulement, le P arti ouvrier avait conquis à son programme plus de cent mille voix, on peut dire près de cent mille hommes. Résultat superbe que la presse de toute nuance a enregistré et qui est dû à la seule propa gande des idées, malgré la coalition de toutes les forces politiques, administratives et financières du pays, malgré une campagne sans exemple de violences, de calomnies et de mensonges. Nous avons continué la lutte à Philippeville, à Nivelles et à Bruxelles. Nous avons fait appel aux libéraux. Pour renverser le P arti clérical du pouvoir? Non, c’était une impossibilité, mais pour réduire l’énorme majorité cléri cale de la Chambre et m ettre le gouvernement dans l’impuissance de nuire. Pour cela, il suffisait de l’emporter dans les arrondissements où l ’opposition arrivait en ballot tage, sauf Anvers qui était déjà perdu depuis le 5 juillet. Remarquons en effet, que dans la dernière session législa tive, toutes les grandes lois réactionnaires — droits pro tecteurs, Congo, loi des quatre infamies, loi scolaire — n’ont été votées qu’à de faibles majorités. Eu réclamant l ’aide des libéraux, le P arti ouvrier donnait une fois de plus la preuve de son ardent désir de poursuivre pacifiquement, légalement la réalisation de ses idées. - Page 18 of 181 [PAGE_18] -------------------------------------------------------------------------------------------- Le succès des radicaux et des socialistes, c’était à bref délai la dissolution des Chambres, l’introduction dans les élections législatives de la représentation proportionnelle, cette dernière planche de salut du parti libéral. En votant pour nos candidats, les libéraux eussent fait œuvre de pacification sociale. Ils ont préféré faire œuvre de révolutionnaires. Partout, même à Nivelles où le succès socialiste paraissait certain, ils ont fait échouer les candidats de l’opposition. En deux ans, c’est la seconde fois qu’à Bruxelles, ils assurent la réélection de notre triste députation cléricale. Ils ont consommé la ruine de leur propre parti. A nos amis d’en tirer la conclusion. LES ELECTIONS PROVINCIALES A peine remis de la campagne législative, les propagan distes étaient au poste pour les élections provinciales du 26 juillet. Les résultats étaient attendus avec grande impatience. On savait d’avance ce que pouvait donner le vote plural dont l’action était encore restreinte par le correctif de l ’article fixant l’âge électoral à 30 ans. Le résultat de la première journée fut le renversement de la députation cléricale du Brabant. Noire parti, outre les 2,000 voix nouvelles acquises à Bruxelles depuis l ’élection dernière, gagnait deux sièges dans l’assemblée provinciale du Brabant : ceux des compagnons Thomas à SehaerbeeK. et Legrève, échevin socialiste de Limai. A signaler aussi la brillante victoire à Charleroi et les certitudes de triomphe au ballottage de Liège, Verviers, Soignies, Pâturages et Antoing. A Anvers, Malines, Binche, Anderlecht et Spa, les socialistes disposent du résultat du second tour, où les cléricaux et libéraux restent en présence. - Page 19 of 181 [PAGE_19] -------------------------------------------------------------------------------------------- y P ar contre, les littéraux ne peuvent l ’emporter sans les voix cléricales à Mons, Seramg, Huy et Hollogne-aux- Pierres. Les résultats de la journée du 2 août, s’ils témoignent de la concentration capitaliste, nous apportent cependant des succès. Nombre de nos candidats en ballottage furent élus. * * « Laissez-nous vous signaler comme propagande les condamnations de notre ami Beerblock de Gand et des administrateurs du Vooruit. ELECTIONS DU CONSEIL DU TRAVAIL E T D E L ’INDUSTRIE Courant avril, des élections pour le Conseil du Travail et de l'industrie eurent lieu à Charleroi. Les candidats présentés par le P arti ouvrier furent élus sans lutte. Dans certaines communes, à Jumet, Marchiennes, R ansart et Lodelinsart les socialistes refusèrent de présenter des candidats, vu le peu de résultats à retirer de l'institution telle qu’elle est organisée. Le 16 août les socialistes bruxellois furent élus sans lu tté dans toutes les sections du Conseil de l’industrie et du Travail de Bruxelles, sauf dans la section des taillèurs où la lutte était circonscrite entre les socialistes et les candidats présentés par l’Union libérale. A l'élection nos amis réunirent plus des trois quarts des voix des ouvriers. Signalons également : L ’ORGANISATION SYNDICALE Après une vigoureuse campagne en faveur de la mutua lité et de la coopération, nos amis de la Fédération da Charleroi poussèrent à l'organisation syndicale. C’est ainsi qu’un syndicat des glaciers fut créé à Roux, un syndicat des boulangers à Charleroi et dans la même ville une - Page 20 of 181 [PAGE_20] -------------------------------------------------------------------------------------------- \ Association de mouleurs et de métallurgistes. A Monceau- sur-Sambre un Syndicat de pudleurs. A Mareinelle, une Association de masseurs. Les ouvriers métallurgistes à Montigny-sur-Sambre et à Dampremy, sont déjà syndiqués sur des bases sérieuses et définitives. Les ouvriers peintres, décorateurs et tapissiers, les •ouvriers tailleurs forment définitivement leur groupement professionnel. Le syndicat des travailleurs du bois du bassin de Charle roi, et les ouvriers coiffeurs constituent un groupe ayant pour devise ; « Mutualité et Union. » Signalons aussi pour Anvers l’organisation des bateliers qui marche admirablement. La meilleure des preuves que notre organisation marche en progrès c’est le nombre de syndicats nouveaux qui se sont affiliés au Parti ouvrier courant l’année 1896. LES AFFILIATIONS Les groupes suivants ont été admis au sein du P arti ouvrier : Jeune Garde socialiste de Mons; le Syndicat des travailleurs en parapluies, Bruxelles; la coopérative jL’A v e n ir Social, Bruxelles ; la Ligue ouvrière de Linke- beek ; la Ligue ouvrière de Ruyen ; le Syndicat des garçons de magasin et emballeurs de Bruxelles; l ’Union des mineurs E u rêka , de Jumet-Gohissart ; la Ligue ouvrière du canton de Gembloux ; le Syndicat de Boussu-Centre ; la coopérative L ’Espérance ouvrière, de Boussu; la Ligue ouvrière de Flawinne ; la Coopérative ouvrière de Baileux; le Syndicat des métallurgistes, de Court-St-Etienne. Association des métallurgistes de Roulers; Syndicat des ■chaudronniers en cuivre de Bruxelles ; Vrijzinnige Volks- bond d’Ypres. La Jeune Garde socialiste de Renaix ; la coopérative La Vaillante, de Flénu; la Ligue ouvrière de Deynze; la - Page 21 of 181 [PAGE_21] -------------------------------------------------------------------------------------------- Ligue de propagande socialiste de Saint-Servais (Namur);. le Syndicat des secréteurs de Bruxelles ; la Jeune Gard® socialiste de Cureghem-Anderlecht ; la Ligue ouvrière de Huysinghen ; la Ligue ouvrière de Boitsfort. Le group& Les E n fa n ts du Peuple, de Molenbeek- Saint- Jean, a été mis sous la tutelle du P arti ouvrier. Ligue démocratique de Froyennes ; Groupe agricole de Blicquy ; L a F ra tern ité de Quévaucamps ; Ligue ouvrière de St-Léger ; Ligue socialiste de Péruwelz ; Syndicat des métallurgistes de Tournai; Jeune Garde socialiste de Tournai ; les Démocrates de Wez ; Ligue démocratique de Tournai ; la P révoyante, société coopérative de Tournai; Groupe démocratique de Leuze; Groupe agricole d’Havinnes; Ligue ouvrière de Haut-Fays. Le Syndicat Union des coiffeurs de Bruxelles ; le Syndi cat des tripiers de Bruxelles, l’Union ouvrière d’Havré, la Ligue ouvrière de Welliii ; l’Association des métallur gistes de Roulers ; le Syndicat des chaudronniers en cuivra de Bruxelles; Vrijzinnige Volksbondd’Ypres. Chambre syndicale de Braine-le-Comte; le club de propagande de ûverboulaere ; le Syndicat des mouleurs de Bruxelles ; le Syndicat des métallurgistes de Haï ; la Ligue ouvrière de Ruysbroeck; la Jeune Garde socialiste d’Uccle; la Jeune Garde socialiste de Schaerbeek ; la Ligua ouvrière d’Andenne; le Syndicat des mineurs de Jum et (Try-Charly). L ES GRÈVES Dans les rapports précédents nous donnions toujours uu relevé des grèves qui avaient éclaté en Belgique. Nous n’avons pas continué ce travail, attendu que la R evue d u T ra va il donne ces renseignements ; nous nous conten terons donc dans la suite de ne parler que des grèves importantes. - Page 22 of 181 [PAGE_22] -------------------------------------------------------------------------------------------- Signalons : LA GRÈV E DES MENUISIERS La grève des menuisiers dura trois mois. Elle embrassa tous les grands ateliers de l’agglomération. On sait que les menuisiers réclamaient la journée de 10 heures et un salaire minimum de 50 centimes par heure. Toute la population ouvrière fut avec eus : le mouve ment de solidarité fut superbe. Les versements des groupes du P arti ouvrier et la souscription publique produisirent une somme considérable. Sans défaillance, l ’Association des menuisiers et char pentiers a organisé la résistance contre les menées patro nales. Le L ock-out proclamé par les patrons rendit plus Intense et plus grandiose la poussée des ouvriers vers le syndicat. Les grévistes ne furent pas victorieux, mais cette grève a eu pour première conséquence de rendre plus étroite l ’union ouvrière non seulement parmi les menuisiers de la ville, mais aussi parmi ceux qui, vivant dans la campagne environnante, venaient souvent dans la capitale travailler à vil prix. Le Syndicat a vu le nombre de ses membres augmenter considérablement. Nous pouvons dire que les* résultats moraux de grèves sont considérables pour le P arti ouvrier. La grève aurait été promptement terminée s’il ne s’était agi que des revendications énoncées plus haut, mais la lutte était ailleurs : le patronat ne veut pas reconnaître aux ouvriers le droit de se syndiquer. C& fut la raison de la résistance opiniâtre des patrons. Plusieurs petits patrons furent déclarés en faillite,, beaucoup d’autres ne se relèveront pas de ce conflit. Une des conséquences fatales de cette grève est la disparition d’un certain nombre de petits ateliers et le- renforcement des grands établissements de menuiserie. - Page 23 of 181 [PAGE_23] -------------------------------------------------------------------------------------------- Enfin la grève se traduisit pour les ouvriers par une augmentation de salaire. L E Ier MAI Chaque renouveau nous apporte la consécration des progrès rapides et profonds du socialisme : les partis ouvriers, dans tous les pays, voient augmenter leurs contingents, grâce aux outrages et aux persécutions; la phalange des apôtres plus nombreuse envahit les parle ments et, de là, sème la foi nouvelle ; les paysans secouent la domination séculaire des prêtres et des seigneurs; la classe ouvrière prend de plus en plus conscience de sa situation et de ses intérêts et elle affirme par des actes ses sentiments de solidarité internationale; l ’idée socia liste vibre dans le cœur des travailleurs. La marche de la société vers le règne de la Liberté, de l ’Egalité et de la Solidarité se poursuit fatalement, aidée p ar le progrès du machinisme, la concentration des capitaux, la monopolisation de la propriété. Répétons une fois de plus : A l’union des capitalistes de tous les pays, opposons la fra tern elle un ion des tra va illeu rs de toutes les nations! Cette année a été marquée par les nombreuses démons trations qui se sont produites dans les Conseils commu naux. Nous pouvons dire que dans toutes les assemblées où nos amis avaient la majorité, les écoles communales et les bureaux communaux ont été fermés à l’occasion de la fête du 1er mai. Les manifestations qui se sont produites dans tous les ■centres du pays ont été organisées d’une manière sans précédent dans les annales du socialisme belge qui, pourtant, a déjà à son actif des fêtes grandioses et des manifestations imposantes. - Page 24 of 181 [PAGE_24] -------------------------------------------------------------------------------------------- a m s a b ,, _ Constatons que partout les manifestations n’ont produit aucun désordre. Quand on ne provoque pas les travailleurs,, la paix règne. L es Congrès 29 mars, Congrès, à Herve, de l ’arrondissement de ^erviers. 19 avril, Congrès d’arrondissement à Waremme. 10 mai, Congrès provincial à Liège. 17 mai, Congrès à Charleroi, de la Fédération des mutualités socialistes du bassin de Charleroi. 24 mai, à Yiersct, Congrès des ouvriers de la pierre. 24 et 25 mai, Congrès à Gilly, dos métallurgistes belges. 24 et 25, mai, Congrès national des cordonniers, à Grammont. 24 et 25 mai, à Gand, Congrès des Jeunes gardes socialistes. 25 mai, à Aix-la-Chapelle, Congrès international des mineurs. 7 juin, à Chapelle-lez-Herlaimont, Congrès des Secours mutuels socialistes du Contre. 19 juillet, Congrès des Secours mutuels socialistes du bassin de Charleroi. 13 septembre, Congrès de la Fédération d’arrondisse ment de Bruxelles. 11 octobre, Congrès de la Fédération d’arrondissement, de Thuin. 11 octobre, Congrès de la Fédération d’arrondissement de Soignies. 18 octobre, Congrès de la Fédération d’arrondissement de Namur. 18 octobre, à laLouvière, Congrès national des mineurs. 20 novembre à Louvain, Congrès de la Fédération socialiste des Sociétés de gymnastique. - Page 25 of 181 [PAGE_25] -------------------------------------------------------------------------------------------- L E CONGRÈS DES CONSEILLERS COMMUNAUX SOCIALISTES Courant l’année, le Conseil général décida de convo quer, en un Congrès, les conseillers communaux socialistes du pays. Le manifeste suivant fut lancé : « Le Conseil général a reconnu que la création d’une Fédération des conseillers communaux socialistes était d’une absolue nécessité. Il importe, en effet, qu’une parfaite unité d’action règne dans l’administration des communes socialistes et que toutes facilités soient données à nos élus pour remplir leurs fonctions et pour réaliser les réformes inscrites au Programme communal du Parti. C’est pourquoi, en attendant la constitution définitive de la Fédération, le Conseil général a pris l’initiative de la convocation de la conférence et a fixé comme suit l’ordre du jour des délibérations : 1. Création d’une Fédération des Conseillers commu naux socialistes ; 2. Programme communal du P arti ouvrier; 3. Budget d’une commune socialiste ». Ce premier Congrès tenu par les Conseillers socialistes m arquera dans l’histoire du prolétariat. Nous ne pouvons faire mieux que reproduire un extrait du magnifique discours prononcé par Anseele qui avait été appelé à présidez’ ces premières assises : Nous ignorons le rôle que jouera notre Fédération dans l’histoire du prolétariat. Peut-être serons-nous un jour la seule barrière que la classe ouvrière opposera à la réaction. Ce groupement de mandataires a peut-être une solennité dont nous ne pouvons soupçonner la grandeur. Les conseils communaux sont en réalité les écoles professionnelles de ceux qui plus tard iront au Parlement défendre notre cause. Quelle que soit notre force dans les communes, nous ne pouvons oublier que notre classe ne peut se laisser dévoyer en croyant ■que c’est à la conquête des conseils communaux que s’arrête notre idéal. - Page 26 of 181 [PAGE_26] -------------------------------------------------------------------------------------------- S’il est vrai que nous devons gagner et conserver les hôtels de ville, nos regards doivent toujours être tournés vers le Parlement. Notre tâche est de nous éduquer, pour faire mieux que la bourgeoisie e t pour faire du neuf. Dès lors il est indispensable qu’un organisme de renseigne ments soit créé afin que nous puissions nous donner une aide intellectuelle mutuelle. Nous sommes ici des administrateurs de communes, c’est- à-dire que nous savons que nous devons parler avec clarté, précision e t sans discours. Ce Congrès peut être le commencement de la création d’une vaste organisation ouvrière dous les ouvriers tireront le plus de fruits. Nonante-six communes étaient représentées au Congrès; de plus le Conseil général avait reçu des renseignements sur 142 communes où les socialistes ont des mandataires. Il y avait 13 communes représentées, ayant un collège socialiste homogène, 32 communes à majorité socialiste et 26 communes à majorité radico-socialiste. L E CONGRÈS SOCIALISTE INTERNATIONAL Le Congrès Socialiste International s’est réuni à Londres, le 27 juillet et les jours suivants. C’est à Londres même qu’eut lieu, en 1864, la première réunion internationale ouvrière et que fut créée l’A sso ciation In tern a tio n a le des T ravailleurs, préparée par la rencontre des délégués ouvriers à l’Exposition de Lon dres, en 1862, et sous l’influence de Karl Marx. Las Congrès de Paris en 1889 ont repris l’œuvre de Y Intern a tio n a le et les Congrès de Bruxelles en 1891 et de Zurich en 1893 l’ont fortifiée et solidement établie. Le Congrès de Londres a été la revue la plus imposante des forces du Socialisme international. Les Trades-Unions et les groupes socialistes anglais y étaient représentés par- près de 500 délégués anglais, la France par 120 membres, - Page 27 of 181 [PAGE_27] -------------------------------------------------------------------------------------------- l’Allemagne par une cinquantaine, toutes les autres natio nalités par des délégations plus ou moins considérables. L’intérêt de ce Congrès résidait dans la question de la séparation du Socialisme de l’Anarchisme. La réunion internationale de Londres a confirmé sur ce point les mesures répudiant l’anarchisme, prises à Bruxelles e t à Zurich. Nous manquons d’espace pour donner par le détail le compte rendu des intéressants débats de ce Congrès. Nous ne pouvons ici que consigner les résolutions prises presque toujours à l’unanimité et qui indiquent, mieux que tout commentaire, les tendances du Socialisme. Entre Socialistes et Anarchistes la séparation est défi nitive. Entre Socialistes, l’accord est complet sur les grands traits de la doctrine et sur les lignes essentielles de la tactique. Le Congrès de Londres s’est prononcé résolument pour la socialisation de la propriété et des moyens de pro duction. Il n’a pas seulement fait œuvre théorique et philosophi que, il a accompli un œuvre pratique, il a inscrit au pro gramme des Partis ouvriers, les réformes réalisables en ordre capitaliste, qui en améliorant la situation de la classe ouvrière, facilitent la réalisation du but final, et il s’est mis d’accord sur une série de moyens qui doivent nous en rapprocher. Ce Congrès témoigne de l’irrésistible mouvement qui entraîne les travailleurs vers le Socialisme. V In te rn a tio n a le tomba pour n ’avoir pas tranché la question de l’Anarchie et du Socialisme ; l ’internationale rouge, créée en 1889, à Paris, n’a pas reculé devant les situations difficiles ; elle en a doublé heureusement le cap et elle se retrouve aujourd’hui, mieux définie, mieux armée et plus puissante que jamais. - Page 28 of 181 [PAGE_28] -------------------------------------------------------------------------------------------- POUR L ES V IEU X HOUILLEURS Signalons tout d’abord la manifestation du 13 septembre à Pâturages. Cette démonstration était organisée à l’effet de protester contre la révision des statuts de la Caisse de prévoyance des mineurs du Couchant de Mons. Les vieux mineurs, au nombre de 2,500 au moins, marchaient en tête. Beaucoup d’entre eux sont chaussés do sabots; dans le nombre, on en remarque qui sont courbés sous le poids des années. Quelques-uns sont venus en voiture. Plusieurs musiques ouvrières, ainsi que toutes les sociétés chorales du Borinage, prêtaient leur concours.. Les députés, les conseillers provinciaux et communaux et les autres mandataires du P arti ouvrier étaient dans les rangs. Il fut décidé que les vieux mineurs du Borinage viendraient à Bruxelles, déposer une pétition auParlem ent pour réclamer, d’accord avec le P arti ouvrier, une pension pour tous les vieux travailleurs sans distinction aucune. En effet, quoi de plus rationnel, de plus équitable et que de pénibles réflexions l’on se fait lorsque l’on songe au sort do la plupart de nos camarades qui, comme les vieux bouilleurs, ont passé la plus grande partie de leur vie au travail toujours difficile, dur, pénible, éreintant. Que leur reste-t-il à la fin de cette carrière laborieuse, lorsque la sève de la jeunesse ne fait plus mouvoir leurs fibres, lorsque brisés, usés et abattus, ils ne peuvent plus demander au travail les moyens de se procurer le strict nécessaire? Si la délégation était spécialement composée de houilleurs du Borinage, nous avons été heureux d'y rencontrer des mineurs disant que ce cortège n’était que le prélude de la - Page 29 of 181 [PAGE_29] -------------------------------------------------------------------------------------------- grande démonstration par laquelle nous obligerons les pouvoirs publics à rendre justice, aux vieux mineurs. Le ministre du Travail, en refusant de les recevoir, a prouvé qu’il n était en réalité que le ministre du Capital. Cette démonstration frappante et impressionnante, a montré que trop longtemps, on a oublié ceux qui ont fait la richesse du pays. La famille ouvrière bruxelloise, a fait un cordial et affectueux accueil aux vieux mineurs. Nous pouvons dire qu’ils ont emporté de leur visite dans la capitale, l’assurance que leur cause a trouvé dans notre vaillante population ouvrière, d’obstinés et tenaces défen seurs. N os coop ératives L E VOORUIT Nous ne pouvons dans ce rapport faire un long exposé des faits qui se sont produits au Vooruit de Gand. Le but poursuivi par quelques traîtres, n’était pas de faire disparaître de prétendus abus, non, c’était d’atteindre le P arti ouvrier tout entier, dans son institution la plus puissante et la plus belle, « Vooruit », et dans un de ses enfants les plus aimés : Anseele. Comme réponse à cette immonde accusation le Vooruit élabora un projet de caisse de pension aussi beau que hardi. Voici ce projet résumé dans ses grandes lignes : Une pension serait accordée à titre gratuit à tous les membres de la coopérative qui ont atteint l’âge de 60 ans, qui appartiennent depuis 20 ans à la société, se fournissent de pain à la boulangerie pendant ce laps de temps et achètent par an dans les magasins socialistes pour 200 francs de souliers, de cuir, d'étoffes, de vêtements et de denrées alimentaires. La pension serait de 156 francs par an. Cette somme augmenterait de 3 francs par an, pour chaque année que l’on est plus longtemps membre - Page 30 of 181 [PAGE_30] -------------------------------------------------------------------------------------------- que 20 ans. De plus, elle augmenterait d'un Iranc par an pour chaque fois cent francs dépassant les 4,000 francs de marchandises acquises pendant 20 ans. On voit qu’au milieu des attaques de l’ennemi, les admi nistrateurs du Vooruit ne perdirent pas la tète, mais qu’au contraire ils ont étudié et formulé la plus grande et la plus bienfaisante des réformes que la grande coopéra tive a réalisées jusqu’à présent. LA « MAISON DU P E U P L E » DE BRUXELLES Nous trouvons dans le bulletin officiel de la M aison du Peuple de Bruxelles des renseignements bien heureux et bien réconfortants : Les opérations s’entendent pour une période de 10 mois, du 1er mars au 31 décembre 1896. Le nombre de coopérateurs dépasse le chiffre de 15,000. Il a été fabriqué pendant les 10 mois, 6,680,216 pains. D’autre part, à partir du l or janvier, tous les coopérateurs ont été affiliés g ra tu ite m e n t au service médico-pharmaceutique de la M aison du P euple et une caisse-Assurance m u tu elle, comprenant trois catégories, payant respecti vement une cotisation de 1 franc, 1 fr. 50 et 2 francs par mois, donnera droit aux membres à une indemnité respec tive de 2 francs par jour, durant un an, pour une cotisation de 1 franc par mois; de fr. 2.75 par jour, durant un an, pour une cotisation de fr. 1.50 par mois; de fr. 3.50 par jour, durant un an, pour une cotisation de 2 francs par mois. C’est avec de tels chiffres et de pareilles œuvres que nous répondrons triomphalement aux calomnies réaction naires. L E “ PROGRÈS » DE JOLIMONT Mêmes constatations heureuses à la coopérative de Jolimont. Le bilan qui clôture les opérations au 5 juillet 1896 se soldait par un bénéfice de fr. 57,196.38 sur les différentes branches exploitées. - Page 31 of 181 [PAGE_31] -------------------------------------------------------------------------------------------- Au point de vue de son effectif, nous constatons que du 1er juillet au 31 décembre 1896, six cent sept nouveaux membres ont été inscrits, ce qui porte au 1er janvier 1897, le total des coopérateurs à 9,958, et au 1er février dernier à 10,161. La production, pendant le premier semestre 96, s’est élevée à 1,099.052 pains de deux kilos, soit à 2,198,104 kil. Au cours du dernier semestre écoulé, elle a atteint 2,364,592 kilos, soit une augmentation de 166,488 kilos. Pendant l’année 1896, 74,478 kilogs de pain ont été affectés aux coopérateurs nécessiteux. Notons encore qu’une somme de fr. 1,786.57 a été allouée aux cercles d’agrément et de musique socialistes, pour achat d’instruments et acquisitions diverses. La coopérative des ouvriers du Centre possède aujour d’hui cinq Maisons d u Peuple : à Jolimont, La Louvière, Morlanwelz, Ecaussiaes et aux Houdengs; et la plupart des communes de la région, revendiquent la leur. Elle achève de construire en ce moment une brasserie modèle, dont le coût approchera 120,000 fr.; et de même qu’ils mangent le pain du P rogrès, de même nos braves com pagnons du Centre boiront, avant le 1er mai prochain, de la bière socialiste. En parlant du P ro g rès de Jolimont, il convient de signaler la fête du 26 octobre en l’honneur de Théophile Massart. En effet il y avait 10 ans que la coopérative avait mis son premier pain en vente et que notre ami Massart fut le créateur et reste l’âme vivante de cette imposante institution. Nous sommes heureux de lui adresser ici les sentiments do gratitude du P arti ouvrier tout entier. L a P resse Signalons tout d’abord VAvenir social, revue du Parti ouvrier belge. - Page 32 of 181 [PAGE_32] -------------------------------------------------------------------------------------------- 'L'Avenir social, la nouvelle coopérative créée à Bruxelles, a eu l’effet de doter le P arti socialiste d’une publication mensuelle de sociologie et d’art. L'A ven ir social doit se trouver dans les mains de tous les affiliés. Son but est d’exposer les principes du socialisme et de développer les réformes inscrites au programme. Elle s’occupe spécialement de l’étude des réformes commu nales. Ce n’est pas tout : une très large part est faite au mouvement socialiste, à la statistique, aux faits sociaux; les questions littéraires et artistiques trouvent place dans les colonnes de la revue. Le but poursuivi mérite les encouragements de tous. Nous demandons à tous nos amis de soutenir la nouvelle œuvre du Parti ouvrier. La propagande par la presse n ’a pas été négligée cette année. Voici un tableau des plus intéressants,communiqué par la Fédération gantoise: On a répandu cette année les brochures suivantes : Période capitaliste, Léo 5,000 Recueil de chansons socialistes 2m e et 3me édit. 30,000 L a loi des quatre infam ies, Anseele 10,000 D iscours Anseele s u r la loi électorale com m u n a le 10,000 L e P a r ti o u vrier a u x électeurs co m m u n a u x , Bertrand. 10,000 Vive la com m une\ Vandervelde, 2œeédition 5,000 A lm a n a ch p o u r 1896 10,000 L es syndicats professionnels et le m ouve m e n t ou vrier, Hardyns 10,000 Que no tre terre soit u n p a r a d i s , éd.Rienzi 10,000 L e procès De B rouckère-Leheu 10,000 L e catéchisme du p a y sa n en dise leçons, Heyndericlix 75,000 Total 185,000 - Page 33 of 181 [PAGE_33] -------------------------------------------------------------------------------------------- Si l’on ajoute à cela, le journal De Landbouicer, qui a été tiré chaque fois à 25,000 exemplaires, le numéro de mai du Vooruit 25,000, le numéro de la Commune illustré 20,000, le numéro du Loteling, deux éditions de 10,000 et quelques millions de petits pamphlets, on pourra se faire une idée de l’activité des socialistes gantois. Au moment de terminer ce rapport, nous n’avons pas encore en notre possession le rapport de L a P resse Socialiste qui édite L e Peuple et L'Echo du Peuple, mais les renseignements que nous avons obtenu démon tren t que l’œuvre marche en prospérant. Nous souhaitions l ’an dernier de voir paraître un supplément au Peuple-, la chose a été réalisée et nous sommes convaincus qu’elle a fait plaisir aux affiliés. La question des éditions spéciales de YEcho du P euple par provinces est résolue ; au moment où nous lirons ce rapport au Congrès, nous espérons que le travail sera accompli. Nous faisons un chaleureux appel aux groupes du P arti ouvrier. Tous doivent vouloir aider le journal L e Peuple. Tous doivent être actionnaires à L a P resse Socialiste. L’action n ’est que de 50 francs, payables 5 francs tous les trimestres. N o s m orts OSCAR FALLBUR On se rappelle que ce brave compagnon fut condamné à vingt années de travaux forcés pour participation aux troubles du pays de Charleroi en 1886. Sa qualité de secrétaire de l’Union verrière contribua largement à impressionner la cour d’assises et par consé quent à le faire condamner, l’incendie de l’usine Baudoux ayant ôté attribué par un grand nombre de personnes, a un acte d’opposition aux perfectionnements d’outillage introduits dans la verrerie par cet établissement, notam ment les fours à bassins. - Page 34 of 181 [PAGE_34] -------------------------------------------------------------------------------------------- La condamnation a paru si pou justifiée au ministre de la justice de l’époque, M. Lejeune, qu'il mit lo prisonnier en liberté en lui imposant toutefois l’obligation do quitter la Belgique et d’émigrer en Amérique. Faüeur participa au premier Congrès, réuni au Cygne en 1885, pour constituer 1e Parti ouvrier. II était, avec Dehvarte, délégué des verriers, dont l ’Association, puis sante à cette époque, a subi plusieurs crises ruineuses. Le pauvre garçon, victime des haines réactionnaires, a emporté en exil l’estime de tous ceux qui l’ont connu. Saluons cette nouvelle victime de la lutte soutenue p ar la classe ouvrière contre les exploiteurs. JE A N VOLDERS La terrible et fatale nouvelle nous est parvenue le lundi 11 mai. Il nous est impossible, do retracer dans un cadre aussi restreint que celui-ci ce que fut Jean Volders. Nous reproduisons lo discours prononcé au nom du. Conseil géaoral et qui résume toute la vio de ce grand socialiste qui consacra son cœur et son intelligence à la défense des humbles et des déshérités. Compagnons, La Belgique ouvrière pleure un de ses liis adorés et le socialisme international, un de ses plus fervents apôtres. Jean Volders est mort. Enfant du peuple, il est demeuré « peuple ». Né pauvre, il m eurt comme les gens do sa classe. Comme les siens, les prolétaires, il a beaucoup aimé et il a beaucoup souffert. Enfant, son cœur alla aux humbles et aux déshérités. Adolescent, il se lança, sans souci de ses intérêts, dans la mêlée politique. A vingt-sept ans, il se consacra uniquement à la cause populaire. Une vie aussi agitée, aussi bien remplie que le fut colle de notre pauvre ami, ne se retrace cas en Quelques instants. - Page 35 of 181 [PAGE_35] -------------------------------------------------------------------------------------------- Après avoir collaboré au N ational belge, la feuille démo cratique et républicaine, il en devint le rédacteur en chef en 1884 ; plus tard, ce iournal étant tombé, il fonda la Répu blique. Jean Volders s’était îait inscrire comme membre à l’Asso ciation générale ouvrière et, en 1883, à la Ligue ouvrière bruxelloise. Il prit une part importante à l’agitation en faveur de la réforme électorale. Ce mouvement organisé par les Ligues ouvrières de l’agglo mération bruxelloise s'était développé à côté duPartisocialiste. L’idée de réunir ces divers groupements en un seul parti fu t agitée. La Ligue ouvrière de Bruxelles fut chargée de convoquer un Congrès. Celui-ci eut lieu les 5 et 6 avril 1885, au Cygne, Grand’Place. C’est là que furent jetées les bases du nouveau P arti qui, sur la proposition de Jean Volders, s’appela désor mais le Parti ouvrier belge. Au nouveau Parti, il fallut un journal. Le Peuple parut le 13 décembre 1885 et Jean Volders en devint le rédacteur- délégué. Dès cette époque, Jean se jeta à corps perdu dans la bataille, se prodiguant, se multipliant, s’oubliant. Journaliste, orateur, organisateur, homme politique, il fut.- tout cela, à la fois. Raconter sa vie, ce serait refaire celle du P arti ouvrier. Il n’est pas d’événement politique, de démonstration ouvrière auxquels il n’ait pris part, il n’est pas d’œuvre socialiste à laquelle il n’ait prêté le concours de sa puissante- intelligence et de son infatigable dévouement. Il contribua à l’organisation de centaines de ligues ouvrières et de syndicats dans tout le pays ; il fut partout où le concours de sa parole et de ses conseils pouvait être utile. Jamais, il ne recula devant les besognes infimes comme devant les charges, e t les responsabilités écrasantes. Le travail de propagande était son plaisir, sa vie. Il rêvait un parti fort, digne de la défense de l’idée socialiste. Il en poursuivit avec persévérance la réalisation. La campagne pour la Révision et pour le Suffrage Universel le prit tout entier. Il ne connut plus une heure de répit. Pendant neuf années, il se livra à un travail, auquel nulle - Page 36 of 181 [PAGE_36] -------------------------------------------------------------------------------------------- -constitution humaine, si robuste fût-elle, ne saurait résister: -le jour, journaliste; le soir, orateur et propagandiste à Bru xelles, le dimanche en province; la nuit, lisant, préparant le travail du lendemain; puis administrateur-délégué de la Maison d u Peuple de Bruxelles. Il fut leprineipal organisateur des manifestations politiques -et des premières démonstrations du 1er Mai dans la capitale; ilpi’itune p art active et brillante à l'organisation et à la •direction du Congrès international socialiste de Bruxelles, en 1891 ; il continua à se prodiguer pendant toute la durée du mouvement pour le Suffrage universel; l'organisation du Référendum fut en grande partie son œuvre ; la grève géné rale en 1893, le trouva à sa tête, toujours vibrant et éner gique. Orateur, il exerça une influence puissante sur le peuple. P a r l’harmonie de son geste, son air bon enfant, le souffle ardent de sa foi, par sa parole tan tô t grave et rugissante, tan tô t douce et fraternelle, nul plus que lui n’a conquis de cœurs au socialisme. Du haut de la tribune des meetings, aux coins des carrefours, il annonçait aux populations les sublimes vérités, il donnait les plus pures leçons de morale humaine, sous la forme la plus familière, il plaidait la cause du pauvre contre ""le riche, du faible contre l'exploiteur, de l’homme contre lui- mêir.e, il prédisait les succès prochains, la victoire au bout. Organisateur, il contribua à rendre plus étendue, plus considérable et plus complète l’organisation du Parti ouvrier; il sut aussi, grâce à sa modération, imposer une direction unique à des intérêts multiples et à des efforts divergents, et faire ainsi, plus efficace, l'action ouvrière. Tout fut uni par la puissance de sa volonté et la bonté de son cœur. Ecrivain, il sema sans compter les fruits de son intelligence e t de son enthousiasme. Homme politique, il n’eut qu’une pensée : le parti ouvrier. Socialiste, il n’eut qu’un mobile : le bien du peuple. De sang-froid, il osait et il entreprenait tout; dans l’exécu tion, il m ettait la foi qui rend tout facile. Les obstacles ne l’arrêtaient pas, les dangers ne l’effrayaient pas. Il se multipliait, se faisant chef et soldat, inspirant par son exemple, son activité et sa foi, la vaillance et la persévérance - Page 37 of 181 [PAGE_37] -------------------------------------------------------------------------------------------- à tous ; il savait se faire écouter parce que la modération et lai douceur s’alliaient à la robustesse de son ardente conviction. Il fut avant tout homme d’action, remueur de consciences ouvrières. Rien n'eût pu le distraire un instant do l’œuvre poursuivie. Lutter était pour lui un besoin impérieux. La lutte fut sa vie. L’homme privé égalait le compagnon de lutte. Son amour allait aux pauvres, aux malades, aux enfants. Il chérissait les bambins des compagnons, il adorait les fleurs et les bêtes. Son âme vibrait pour tout ce qui était beau et bon. Le malheur d’autrui le faisait souffrir et pleurer, l’iniquité le révoltait. Jean devait être socialiste, parce qu'il était foncièrement ■bon et généreux. Son cœur, peut-être plus que sa raison, le poussa vers le socialisme. Avec toi, bien-aimé Jean, ne m eurt que ton corps. Ton sou venir reste gravé ineffaçable au meilleur de l’âme ouvrière. Nous avons aimé, souffert et lutté ensemble. Tu vis toujours au milieu de nous. C’est en pensant à toi que demain nous reprendrons la lutte pour la sainte cause à laquelle tu avais Toué ta noble existence. “ La-bourgeoisie finit mal. Tant pis pour elle. On l’achèvera bientôt », as-tu éorit. Cher Jean, Le Parti ouvrier belge ne connaîtra ni trêve ni repos avant d’avoir conquis, ainsi que toi-même l’as fait tracer sur nos cartels : Place aux pauvres ! Place aux travailleurs! Puissent les funérailles que font le parti ouvrier et la foule accourue de tous les coins du pays et d’ailleurs, à leur grand mort, atténuer la douleur de l’épouse et des vieux parents ta n t aimés et leur prouver qu’eux aussi trouveront dans noa cœurs un peu de l’affection perdue. - Page 38 of 181 [PAGE_38] -------------------------------------------------------------------------------------------- Compagnons, L'histoire de la Belgique socialiste enregistre aujourd’hui 1© nom d’un m artyr populaire. La gloire ne va plus à ceux qui massacrent et qui tuent, elle auréole désormais la mémoire de quiconque a sacrifié sa vie au salut de ses concitoyens. Eiïe ira à Jean Volders, Jean Volders vivra dans le souvenir des hommes parce quli fut grand dans ses affections, inflexiblement oublieux et pro digue de lui-même dans la lutte émancipatrice, énergique dans la réalisation de l’idée socialiste. Compagnons, Ouvrières et ouvriers, Vous n’oublierez pas Jean Volders. Sa vie fut un sacrifice; sa mort, un long et douloureux m artyre. Il a souffert deux fois. “ Les plus vaillants sont parfois les plus infortunés ». Il fut un ami de peuple. Adieu, Jean. Adieu, bien-aimé et toujours regretté compagnon. Au nom de tout le parti ouvrier belge et de la démocratie socialiste internationale, adieu Jean Volders. Adieu. Jean Volders a eu des funérailles comme il les aimait, comme toujours il avait rêvé d’en organiser pour les grands morts du P arti ouvrier. Elles ont été dignes de lui, dignes de la grande cause ouvrière qu’il a tant aimée et pour laquelle il a tan t souffert. Cent mille hommes réunis autour des restes de Jean Volders ont dit au monde entier leur vive gratitude et leur inaltérable reconnaissance envers celui qui sut éveiller leurs courages, accumuler et grouper leurs énergies, annoncer les radieuses beautés de l’idéal socialiste. Faut-il à semblable démonstration de respectueuse sympathie ajouter la banale consolation d’un vœu de condoléances? Nous ne le pensons pas. - Page 39 of 181 [PAGE_39] -------------------------------------------------------------------------------------------- Seules les bienfaisantes émotions que provoquent d’aussi spontanées et grandioses manifestations peuvent, pour quelques instants, voiler d’oubli la douleur de la suprême réparation. Dans ce suprême hommage nous avons vu, â tout instant, les témoignages de fraternelles condoléances s’adresser à la fois à la famille et au P arti ouvrier. La veuve du défunt, les vieux parents, le frère, la sœur furent associés au parti ouvrier, seconde famille de Jean Volders, dans les témoignages de sympathie. En associant ainsi dans la commune douleur, ceux qui pleurant un fils affectionné et ceux qui perdent un défen seur valeureux, nos amis, les socialistes du monde entier, ont compris que leur deuil était le nôtre. Les peines partagées sont moins doulourauses ; elles viennent se fondre dans les sentiments d’affectueuse sympathie et d’inaltérable reconnaissance dont la popu lation laborieuse entoure ceux qui ont donné à la démo cratie socialiste, un aussi robuste et courageux lutteur. * * * Nous ne pouvons mieux terminer ce rapport que par l'appréciation de nos adversaires sur la marche du P arti ouvrier. Nous lisons dans un organe clérical : — Ces diables de socialistes ! Ils sont entrés en campagne pour l’élection provinciale sans paraître le moins du monde essoufflés par l’effrénée propagande qu’ils venaient de faire pour l’élection législative. Ces gens-là ne sont jamais fatigués de faire de la propagande... Cela est vrai : dans les régions sur lesquelles les socialistes ont jeté leur dévolu pour la propagande, celle-ci ne s’inter rompt pour ainsi dire pas ; elle est incessante. « Les socialistes. - Page 40 of 181 [PAGE_40] -------------------------------------------------------------------------------------------- avons-nous souvent entendu dire, « travaillent » toujours comme s’ils étaient en période électorale. » De notre côté, par contre, qu’arrive-t-il % Pendant la période électorale, quand le danger est là, qui nous presse, nous sommes tout îeu, tout flamme. Conférenciers, brochuriers, collaborateurs de toute espèce surgissent de toute p art pour la propagande. Partout où l’adversaire se montre il nous ren contre devant lui ; nous le combattons pied à pied sur tous les terrains où on peut le faire honnêtement (!). Mais une fois l’élection passée, notre grand déploiement de zèle pour la propagande finit souvent. Notre activité à cet égard n’est plus guère en éveil que dans les endroits où les socialistes sont installés puissamment et où nous avons opposé une organisation à la leur. Quant aux petites villes et villages que nous croyons nous être toujours fidèles, nous les aban donnons avec une confiance naïve ; et il faut quelque événe ment extraordinaire, pour qu'un conférencier conservateur y paraisse, souvent très solennellement. Pendant ce temps, la propagande socialiste a beau jeu, e t elle ne manque pas d’en profiter. Elle agit sans cesse, quoti diennement peut-on dire ; car les conférences annoncées avec tapage ne sont pas son principal ni son plus sûr moyen de propagande par la parole. A côté de la propagande au grand jour, les socialistes en font une autre, qui est plus dange reuse. C’est la propagande individuelle, d’homme à homme, sournoise, enlaçante, féline, qui s’exerce à l’atelier, sur le chantier, au marché, au cabaret. C’est elle qui saisit, enve loppe l’homme de la campagne venant travailler ou vendre ses produits à la ville, dans un centre industriel, finit par l’attirer au club révolutionnaire et fait de lui à son tour un propagandiste inconscient ou non qui, rentré chez lui chaque soir, opère sur tous ceux qui l’entourent le travail dont lui- méme a été l’objet et la victime. Ainsi se fait-il que lorsque, à la veille d’une élection, les propagandistes catholiques arrivent dans tel village où ils n’avaient précédemment qu’à se montrer pour être acclamés, ils sont tout étonnés de le trouver contaminé par le socialisme. - Page 41 of 181 [PAGE_41] -------------------------------------------------------------------------------------------- En lisant ce qui précède, nos hommes auront puisé la conviction que la marche suivie est la bonne et ils sentiront leur ardeur se fortifier. On a peur; continuons avec âpreté. Séance p rivée Le Congrès se réunit en séance privée pour discuter les questions de Verviers, du Borinage et de Namur. QUESTION DE VERVIERS V a n d e r v e l d e . — Nous avons été délégués à Verviers, pour organiser sur des bases nouvelles la Fédération de l ’arrondissement de Verviers. Elle a été constituée régulièrement et est affiliée au Conseil général. Malheureusement, quelques groupes ont refusé d’adhérer. En vertu de la loi du Parti, ils se sont exclus eux-mêmes. Seulement, puisque leurs membres sont de bons socia listes, il faut qu’iis se montrent dignes d’eux-mêmes. Leur journal porte pour titre : Le Devoir. Que les socialistes de Verviers fassent leur devoir en venant se ranger sous les plis du drapeau rouge. (A cclam ations) Après discussion, le citoyen M o r e a u propose l’ordre du jour suivant, appuyé par le bureau : “ Le Congrès déclare qu’il ne peut exister qu’une seule fédération régionale et décide : d’une part, que tous les groupes de Verviers doivent faire partie de la Fédération - Page 42 of 181 [PAGE_42] -------------------------------------------------------------------------------------------- d’arrondissement, d’autre part tous les groupes de la Fédé ration d’arrondissement devront s’engager à faire le plus de propagande possible afin que leurs membres adhèrent à la coopérative L a M aison du Peuple. » Le compagnon Dew in n e propose cet amendement : « Le siège d elà fédération d’arrondissement sera à la M aison du P euple et celle-ci retirera les exclusions qu’elle a prononcées. ■ > Après une longue discussion entre les délégués des divers groupes de Verviers et plusieurs autres membres du Con grès, l ’assemblée adopte cet ordre du jour avec l’amende ment Dewinne. Séances de l’après-midi L e C o n g r è s en. S e c t i o n s P remière Section : Questions syndicales La section est excessivement nombreuse. Le compagnon Van Loo préside. Il est assisté par les compagnons D. \ randendorpe et Beerblock. ■ Les compagnons Standaert, Huygens, Lombard, Mas sart ainsi que plusieurs délégués de fédérations prennent place au bureau. Van Loo lit le rapport de Pierron sur la Caisse des Grèves. m s k B - Page 43 of 181 [PAGE_43] -------------------------------------------------------------------------------------------- f y LA CAISSE DE GRÈVE (*; / Compagnons, Vous le savez, un rapport en faveur d’une caisse géné rale des grèves, a été présenté au Congrès de l’année dernière e t renvoyé au Congrès actuel. L’entreprise à première vue paraît toute, naturelle, et cependant nous n ’en sommes pas partisans. Contrairement à ce que constate le rapport de l’année dernière on peut appeler la période actuelle, une période syndicale par excellence ; il en pousse de tous côtés, dans les villes e t les campagnes, en Flandre et en Wallonie, comme de véri tables champignons; il faut profiter de ces heureuses circonstances et les incorporer au plus tôt dans leurs Fédérations respectives. Dans la métallurgie, par exemple, en entrant au syndicat l ’ouvrier sait les sacrifices qu’il s’impose, mais il'connaît les avantages qu’il peut en retirer ; il a confiance dans son syndicat parce qu’il a vu ses délégués défendre ses intérêts vis-à-vis des patrons et en cas de conflit, il a touché deux francs par jour de la caisse fédérale des grèves, plus un franc alloué par la caisse du Syndicat, il a foi dans la soli darité de ses compagnons de travail ; il sait ce que contient la caisse des grèves de sa Fédération nationale et il sait qu’au besoin il peut compter sur un appel de fonds chez tous les membres de la corporation. Pour arriver à ce résultat, Camarades, pour inspirer e t m ériter cette confiance, établir ce couraat de solidarité qui nous unit si solidement et qui fait notre force, il a fallu douze ans de propagande continuelle ; ajoutez-y la période de 15 années de 1860 à 1875 qui a fait admettre en 1871, la (*) Les délégués sont invités & revoir le rapport figurant dans le compta rendu du dernier Congrès de Charleroi* - Page 44 of 181 [PAGE_44] -------------------------------------------------------------------------------------------- journée normale de dix heures dans tout le pays et tous arrivez à un travail de presque trente années. Décréter des changements, ou faire admettre des innovations sont choses faciles mais pour les mettre à exé cution, il faut avoir préparé de longue date ceux mêmes pour qui elles ont été proposées. Les questions d’argent sont excessivement délicates à traiter ; l’exemple suivant en est une preuve ; Le Conseil général' a demandé aux groupes l’année dernière une augmentation de dix centimes pour ses cotisations; ils les lui ont refusés et cependant la nécessité de cette augmen tation était démontrée; mais malheureusement, les rapports des groupes avec le Conseil général ne sont pas assez suivis à cause de la grandeur même et de l’extension de notre Parti. Dans nos syndicats et notre Fédération, l’intimité est plus grande, nous sommes continuellement en communi cation et ces rapports journaliers dans l’administration comme dans la lutte pour la vie ont établi la confiance indispensable pour la réussite de nos revendications. Supposons un instant la Caisse des grèves établie par une cotisation de 10 centinjes par membre et par mois, comme le propose 1© rapport de l’année dernière et supposons que tous s’y rallient; la voilà bien solide avec un fonds de caisse de 100 ou 150,000 francs ; survient une grève comme celle de Gand ou des menuisiers, suivie d’un lock-out des patrons ; au bout de deux ou trois mois, la caisse est vidée ; d->, suite le Conseil général fait un appel à la solidarité et lance des listes de souscription dans le pays; ces listes, Camarades, ne produiront plus ce qu’elles ont produit pour Gand et Bruxelles, car la grande majo rité des travailleurs ayant versé sa cotisation réglemen taire à la caisse commune des grèves croira avoir rempli tout son devoir et restera sourd à vos appels ; il lie restera plus pour le Conseil général, qu’à capituler devant les - Page 45 of 181 [PAGE_45] -------------------------------------------------------------------------------------------- Patrons triomphants, et le P arti ouvrier si puissant naguère devra étaler devant le pays, sa faiblesse pécu niaire et son impuissance administrative. Bien d’autres cas surgiront et chaque fois que la caisse sera vide, ou dans l’impuissance de donner satisfaction à un syndicat ou une corporation, ce seront récriminations su r récriminations contre le Conseil général, des mécon tentements qui aboutiront à des refus de versement à la caisse des grèves et qui finiront par désorganiser les syndicats les mieux constitués ; les Fédérations de métiers auront vécu; vous aurez rendu stériles douze années de travail et de propagande continuelle et vous aurez apporté dans le sein du Parti, le découragement et la défiance. La perte d’une grève par un syndicat ou une Fédération, n ’a pas les mêmes inconvénients parce qu’elle ne découvre pas la faiblesse de notre Parti ; il faut absolument laisser la responsabilité des grèves à ceux qui les entament, tout en faisant ce qui est possible pour leur donner la victoire. La Fédération des travailleurs du bois qui demande avec tan t d’instance cette caisse des grèves, ferait bien de tâcher de l’établir pour sa corporation, elle est très bien située pour cela; ce serait dans tous les cas bien plus facile de l’établir dans les conditions où elle se trouve que de vouloir de suite l’étendre à tout lo Pays; elle pourra alors nous renseigner sur les résultats obtenus; une expérience d’ailleurs, doit toujours se faire en petit avant de se risquer à l’aventure et de compromettre l’avenir. Le P arti ouvrier a passé par là, et je lui conseille fortement de ne plus recommencer avec lus éléments actuels. Ce qu’il faut dans le P arti ouvrier, ce sont de fortes Fédérations nationales de métiers, avec leur caisse de grè ves bien établie ; il y a assez bien de Fédérations ou du moins qui en portent le nom ; mais en réalité des Fédéra tions sérieuses, ayant leurs statuts et leur caisse de grève. - Page 46 of 181 [PAGE_46] -------------------------------------------------------------------------------------------- il n’en existe qu’une seule et c’est la Fédération Nationale des Métallurgistes qui fonctionne depuis dix ans à la grande satisfaction des travailleurs des métaux ; elle possède ses statuts, et une caisse des grèves alimentée par une cotisa tion mensuelle de 20 centimes par membre, dont 5 centimes pour la caisse administrative. Je termine et je conclus : 1° Une caisse générale des grèves pour tout le P arti ou vrier n’est pas réalisable actuellement ; r 2° Le Conseil général dirigera ses efforts vers l’organi-""' satiou des Fédérations nationales des métiers avec caisses ' ■ {\ de grèves alimentées par une cotisation mensuelle et par I membre de 10 centimes au minimum. —' E. PIERRON, Le compagnon T an Loo lit aussi un autre rapport, de l’année passée, qui conclut à la création de la caisse géné rale des grèves. A rg u m e n ts : Une caisse des grèves a existé iusau’en 1890 ; à cette dàftn ïïïëlT etô T ^^^ facultative. Le parti ouvrier qui compte actuellement 500 groupes pourrait rétablir cet organisme. La cotisation doit être obligatoire pour tous les syndi cats et fixée au minimum de 10 centimes par mois. Le mouvement des grèves doit être réglé. L alemanu se prononce pour les conclusions de ce der nier rap p o rt. Les Gantois appuient le rapport de Pierron. Hardyns est nommé rapporteur contre la caisse géné rale de grève et Aerts, pour. Un Délégué des Garçons de magasin demande des caisses régionales. Lemonnier, de Ransart, propose une caisse générale alimentée par une cotisation do 20 centimes par an et - Page 47 of 181 [PAGE_47] -------------------------------------------------------------------------------------------- p a r membre et à laquelle tous les groupes indistinctement. seraient obligés de participer. V andenbossche demande comme moyen term e entre les diverses opinions sur la caisse de grèves, la création de caisses régionales, lesquelles favoriseraient la création des syndicats professionnels dont l’organisation est très en retard dans certaines grandes villes, comme Liège, par exemple. Si l’on se borne à favoriser les caisses de grèves p ar ■ fédérations de métier, on verra ces fédérations s’isoler en quelque sorte, faire comme les métallurgistes, qui ont line caisse de grèves, mais qui font à chaque instant appel aux subsides des sociétés du parti, tout en déclarant que les grévistes qu’ils veulent soutenir n ’ont pas droit, de participation à cette caisse. Vandendorpe rappelle les raisons qui ont fait aban donner la première caisse des grèves. D’abord, les cotisa tions entre difficilement, puis il est touïôïïrs^dîfflcIïcTde dëterminëFTes""ïïroîfé'âïïx sections en cas de grève et par conséquent dos causes de conflits entre les participants. E n général, les fédérations de métiers sont mieux à même de décider la légitimité ou l’opportunité d’une grève. Toute organisation trop centralisée aurait de graves inconvénients. Aerts. — Le parti ouvrier belge a fait les plus grands efforts pour généraliser l’esprit de solidarité, et il y a .réussi, car nulle part on ne pratique l’aide fraternelle comme dans notre pays. Seulement nous avons encore à lutter contre l’égoïsme de certains compagnons qui ne veulent pas se syndiquer. Or, ceux-là nous répondent toujours, qu’affiliés ou non ils sont sûrs d’être secourus. C’est à cette situation qu’il faut mettre fin. H ardyns. — L ’organisation d’une caisse générale des grèves n ’est pas pratique et ne peut être adoptée. L ’obsta- - Page 48 of 181 [PAGE_48] -------------------------------------------------------------------------------------------- o ie insurmontable consiste dans l’absolue incompétence ■de ceux qui dirigeraient cette caisse. A peine les fédérations de métier peuvent-elles avoir un peu de cette compétence, qui faillit d’ailleurs à l’occasion, car si les syndicats et fédérations avaient cette compé tence, nous n’aurions pas vu entamer certaines grèves, qui n ’ont fait que nous affaiblir. R ousseau. — Dans le Centre, nous sommes hostiles à la caisse générale des grèves, qui pourrait avoir pour conséquence de favoriser l’éclosion de grèves irréfléchies En Belgique, nous faisons trop de grèves et nous devons trop souvent faire appel à la solidarité des ouvriers. C’est à l ’honneur de la classe ouvrière de notre pays mais il serait temps de rendre les grèves inutiles par l ’o r ganisation sérieuse et efficace de puissants syndicats. Attelons-nous tous à cette besogne et cela sera plus utile à la cause ouvrière, que la création d’une caisse de grèves.. Lampens se déclare contre la caisse générale e t pour la caisse par industries similaires. Van Daele, de Grammoiit, se déclare pour la caisse générale. Volkaert constate que personne n ’a dém ontré la praticabilité de la caisse générale. C’était cependant la prem ière chose à faire. Il serait difficile de réunir un nombre assez important •d’adhérents pour réunir de fortes sommes, à moins que vous vous borniez à secourir vos membres et alors vous ne réussirez pas. Toutes vos luttes ne sont-elles pas rendues inutiles p ar le grand nombre de non syndiqués qui viennent supplanter les grévistes? D’ailleurs, chaque grande grève mangerait votre •encaisse et les autres groupes qui n’auraient pas joui des - Page 49 of 181 [PAGE_49] -------------------------------------------------------------------------------------------- indemnités, après avoir versé les cotisations, auraient quelque apparence de raison de se plaindre. L egrand se prononce, au nom de Liège, contre la caisse générale et en faveur des caisses par fédération de métier. Le conseil général fera une propagande active et inces sante pour que tous les métiers s’organisent, se fédèrent et créent une caisse de grève. Beerblock. — On prendra toute décision que l’on voudra et l’on ne pourra aboutir en raison de l’opposition d’un grand nombre de syndicats. P ierron constat# que l’on n’a pas renversé les docu ments fournis par son rapport. Il constate que certains groupes, comme les travailleurs du bois, ne peuvent créer une caisse dans leur seiu et qu’ils la réclament pour tout le pays, ce qui est plus difficile. Il faut créer des fédérations de métier solides, ayant cEâcüne leur caisse de grève. '""^Grïgnart regrette que l’on n ’ait pas laissé le temps aux partisans de la caisse générale pour trouver les moyens d ’organisation. Si on ne trouve pas les moyens d’organiser la caisse, c’est qu’on ne les cherche pas. Colson se prononce contre la caisse générale et demande que le Conseil général porte ses efforts sur l’organisation des syndicats et fédérations. L allemand est d’avis qu’une caisse générale de grève lim iterait le nombre des conflits et faciliterait l’organisa tion des syndicats. Chez les marbriers nous avons versé 900 francs en 9 mois. C’est évidemment plus que nous ne payerions de cotisations à la caisse générale. On a donc tort de dire que l’augmentation des cotisations est un,obstacle. On met aux voix le principe de la caisse générale des grèves. Le vote est négatif à la presque unanimité. | La section adopte les conclusions du rapport Pierron, - Page 50 of 181 [PAGE_50] -------------------------------------------------------------------------------------------- i visant à l’organisation de caisses dégrèves par fédérations, dont la création sera favorisée par les efforts du Conseil général. On biffe toutefois le chiffre de la cotisation, qui doit être laissé à l’initiative des fédérations. L'ORGANISATION SYNDICALE Le Syndicat des Employés de Bruxelles propose : A) Que dans tous les projets de lois, en faveur des ouvriers, les Employés (ouvriers intellectuels) soient compris au même titre que les ouvriers manuels. B) Que l’on préconise l'institution de syndicats d ’Employés dans tout le pays. Le Syndicat des Ouvrières de fabrique de Bruxelles : L ’organisation des ouvrières en syndicats. (Con ditions). Enquête sur la situation des ouvrières indus trielles et agricoles en Belgique et a l'étranger. Le Syndicat des Tisserands de Renaix : A) Fondation d'une fédération nationale des syndicats de tisserands. B) Organisation des ouvrières de fabrique. Le citoyen Hardyns donne lecture du rapport suivant : Compagnons, Les grandes grèves et le lock-out de Gand à la fin de 1895 et au début de l’année 1896, et plus récemment celle des menuisiers de Bruxelles ont fixé l’attention de la classe ouvrière sur le rôle des syndicats professionnels. Ces grèves, quel qu’en fût le résultat final, ont eu pour conséquence, d’activer considérablement le mouvement syndical en démontrant son impérieuse nécessité. A Gand, par exemple, le lock-out des métallurgistes amenait aux différents syndicats 7,000 nouveaux membres. - Page 51 of 181 [PAGE_51] -------------------------------------------------------------------------------------------- La classe ouvrière a profité de la leçon ; elle a compris qu’avec une plus forte organisation syndicale, la solidarité •ouvrière, — qui, soit dit en passant — a été admirable, on aurait pu espérer des triomphes complets à la place des sérieuses concessions obtenues maintenant. Le rôle du Parti ouvrier consiste à guider, à encourager le mouvement en quelque sorte spontané. Notre tâche consiste à rechercher les moyens les plus propres à atteindre ce but. Disons d’abord que le P arti ouvrier belge n’a jamais, « m e d’aucuns l’ont insinué, entendu donner le pas à l ’action politique, ou coopérative sur le mouvement syndical. Manifestation pure et simple de l’esprit et de l ’intérêt de classe, le syndicat est le mode de groupement «uvrier qui apparaît comme le plus rationnel, le plus simpliste, aux yeux de la classe ouvrière. — A l’atelier, dans l’usine, au chantier, le travailleur se trouve face à face avec les différentes manifestations de l’évolution économique, il on subit les effets désastreux en même temps que ses voisins. C'est ce qui amène la conlition, la résistance — sinon, l’organisation — au patron qui apparaît comme l’ennemi immédiat. ( Le rôle du syndicat consiste à organiser cette résistance, \ à coordonner les revendications ouvrières, à expliquer, à | «commenter les phénomènes économiques isolés en les I rattachant au mode de production en général, à la question I sociale toute entière. C’est par là que le syndicat professionnel perd son carac tè re particulariste qui distinguait les vieilles unions de mé tiers, pour revêtir celui du socialisme scientifique. Conçu de cette manière, le syndicat est un moyen d’édu cation sociale incomparable, une arme puissante dans les mains de la classe ouvrière. - Page 52 of 181 [PAGE_52] -------------------------------------------------------------------------------------------- Ces simples mots expliquent, pensons-nous, l’intérêt qu& le Parti ouvrier attache à la bonne marche et au dévelop pement du mouvement syndical. * * * Organiser les ouvriers et les ouvrières est chose diffi cile et bien souvent ingrate. Les griefs sont multiples et variés, la misère parfois ex trême, les cœurs sont aigris et malheureusement les cer veaux sont faibles bien souvent. Il faut réprimer des impatiences compréhensibles, mais- dangereuses, combattre des propositions inspirées par la colère et le dégoût, chez les uns. Il faut enthousiasmer, encourager les faibles, les peu reux, maintenir la bonne entente entre tous. Le syndicat doit veiller à l’exécution des lois ouvrières, propager leur extension et leur amélioration. Le travail purement administratif est considérable pour des syndicats qui, comme à Gand, comptent jusqu’à deux mille membres payants. Il y a en outre des correspondances à faire, de nom breuses séances à tenir, des circulaires à rédiger, des élections à organiser et à prendre part au mouvement géné ral du Parti en dehors de toute préoccupation profes sionnelle. Voyons sur qui repose cette besogne écrasante ! Sur des ouvriers manuels, faisant leurs dix, douze heures de travail par jour, exténués de fatigue. Bien souvent, ils manquent de la capacité nécessaire, l’atelier les ayant réclamés & l’âge de onze ou douze ans. Mais, même s’ils possédaient une instruction élémen taire complète, oserait-on soutenir que la tâche ne dépas serait pas leur force? Le mouvement politique a ses députés qui peuvent s 'y - Page 53 of 181 [PAGE_53] -------------------------------------------------------------------------------------------- consacrer corps et âme, ses rédacteurs rétribués, ses élus de toute sorte. Les conseillers communaux ont actuellement un secré taire qui peut les renseigner. Le mouvement coopératif compte de nombreux em ployés capables et dévoués. Seul le mouvement syndical pèse quasi-complètement comme un hors-d’œuvre sur les épaules des ouvriers des usines et des fabriques. Nous n’hésitons pas à dire qu’il y a là une cause de fai blesse pour nos syndicats. Et, pourtant nous sommes convaincus que des grèves ont éclaté en temps inopportun, que des grèves ont été mal organisées, insuffisamment conduites et ont échoué faute de temps, faute de travail préparatoire. Or, cela constitue non seulement un obstacle âu déve loppement des syndicats mêmes, mais pour le Parti ouvrier «n général cette situation présente un péril, sur lequel il inutile d’insister. Le développement des syndicats à Gand a de soi-même imposé des réformes. Trois syndicats, les fileurs, les ouvriers du lin et les métallurgistes ont nommé un secrétaire permanent, au bervice du syndicat. Depuis l’introduction de cette réforme, les résultats sont, sinon considérables, tout au moins sensibles. Pour les séances du Comité, pour les assemblées géné rales, le travail administratif est fait, les griefs et les réclamations parvenus au syndicat, sont coordonnés, les renseignements sont précis, contrôlés, le journal du parti est plus régulièrement tenu au courant de ce qui se passe dans les fabriques et les ateliers. Il est vrai de dire que dans cette question le résultat à obtenir est en raison directe de la capacité et de l’activité du secrétaire permanent. - Page 54 of 181 [PAGE_54] -------------------------------------------------------------------------------------------- a m sa b * * î fc Une autre remarque générale à faire, c’est que le tau x des cotisations est trop bas. Une cotisation de 15 à 20 centimes par semaine est trop minime. Une fois la quote-part versée au P arti et à la Fédération, pour circulaires, etc., il reste bien peu de chose pour la résistance proprement dite. Certes une élévation brusque de la cotisation pourrait être mal accueillie et affaiblir le syndicat au lieu de le for tifier. Mais il n’en est pas moins vrai, que l’attention des chefs des syndicats, doit être constamment fixée sur ce point et que leurs efforts constants doivent tendre à élever progressivement le taux des cotisations. Une caisse bien fournie restera toujours pour un syndicat l’élément principal de sa force, et l’on évitera d’autant plus de grèves, que les patrons sauront le syndicat plus fort pour leur résister. * * # Il nous reste à dire un mot d’une tendance qui se mani feste parfois parmi une partie de la classe ouvrière, et qui est ouvertement encouragée par nos adversaires. Pas de politique dans les syndicats, tel est le cri. Le P arti ouvrier ne peut se laisser refouler sur ce terrain e t à chaque tentative de ce genre, il faut opposer nette ment notre mot d’ordre : plus de politique que jamais dans les syndicats et partout. L’organisation syndicale isolée est vouée à une impuis sance croissante. Les rapports des Trades-Unions anglaises le prouvent. L’E tat bourgeois est d’ailleurs, et les faits le démontrent journellement, la forteresse du régime capitaliste. La classe ouvrière en bloc doit se lancer à l’assaut de cette citadelle et s’em parer de la machine gouvernemen- - Page 55 of 181 [PAGE_55] -------------------------------------------------------------------------------------------- taie, pour la faire travailler en faveur de son émanci pation. Ce n’est d’ailleurs que par des lois, qu’il est possible de réaliser des réformes générales et durables. Et loin d’abandonner la politique, les ouvriers doivent l’êtendre, l’élargir et avoir leur politique internationale pour combattre un régime qui lui aussi est international. Que nos camarades réagissent donc fermement, avec énergie contre cette tendance, qui n’a pour but que de morceler le mouvement ouvrier, c’est-à-dire le rendre impuissant, incapable d’un mouvement d’ensemble. * * * Nous concluons en exprimant les desiderata suivants afin de favoriser le mouvement syndical : 1° Nomination autant que possible de secrétaires perma nents rétribués par les syndicats; 2° Désignation d’un homme ou d’un comité de trois membres, chargés de s’occuper spécialement de renseigner Jes syndicats et d’écrire : 1° Un manuel du syndiqué ; 2° ÜDe édition complète et commentée des lois ouvrières existantes; 3° Une histoire résumée des Trades-Unions anglaises, montrant leur côté fort et leurs points faibles; 4° Une conférence-type pour les orateurs parlant pour favoriser le mouvemement syndical ; 5° Une brochure sur les grèves. Tels, nous paraissent, résumés brièvement les principaux moyens de favoriser le mouvement syndical, que nous persistons à croire une des manifestations les plus impor tantes de tout le mouvement social et qui certainement pourra toujours compter sur l’appui moral et matériel du Parti ouvrier belge. F e r d . 'HARDYNS. - Page 56 of 181 [PAGE_56] -------------------------------------------------------------------------------------------- Octors appelle l’attention du Congrès sur l’importance de la question syndicale spécialement pour les ouvrières, qui sont plus exploitées que les hommes et dont on se sert pour faire la concurrence à l’homme. Il pense que depuis l’année dernière, époque à laquelle un rapport identique fut adopté, on n’a point fait tout le progrès nécessaire. H. Clais demande l’organisation de syndicats de femmes pour tous ces métiers. Julie Andriessens des Ouvrières en matières premières et de la chapellerie demande que les fédérations de Gand et d’Anvers s’occupent à organiser les ouvrières de Lokeren e t de Malines qui leur font une terrible concurrence, tandis qu’à Bruxelles on gagne de fr. 1.5» à 2.50, à Mali- nes et à Lokeren, elles sont payées de 1.10 à 1.25. Elle conclut aussi à la constitution d’une Fédération de métier. (L ongs applaudissem ents). Jeanne Yândenbemden, des cartouchières, demande la même chose pour son métier. A Bruxelles, les femmes font la concurrence à l ’homme et doivent travailler pour un salaire de 80 centimes à fr. 1.75 par jour et à Anvers pour 70 centimes à fr. 1.25. II importe que Liège travaille aussi. {Applaudissem ents). Maria De Saegiier demande la constitution de syndi cats de fleuristes à Anvers, Gand, Liège, Alost et Mons. Le principe de l’organisation de syndicats et de fédé rations d’ouvrières est admis. Après plusieurs discours, la section vote les conclusions du rapport d’Hardyns, complétées par une proposition d’Octors et des déléguées ouvrières relative à l’organisa tion des syndicats de femmes. Le compagnon J. Marchal, des Ebénistes, lit le ra p po rt suivant sur - Page 57 of 181 [PAGE_57] -------------------------------------------------------------------------------------------- L’ABOLITION DU TRAVAIL AUX PIÈCES Compagnons, Après une propagande active incessante et de toute heure afin de cherchér le moyen d’abolir le travail aux pièces, le Comité des ébénistes a pu constater que les syndicats, si forts soient ils, sont impuissants, à réaliser cette réforme humanitaire : vu d’une part l’indifférence de la plus grande partie des ouvriers à se faire, ou à rester syndiqués ; vu d’autre part l’influence des patrons sur ces malheureux. Le syndicat des ébénistes, en demandant donc l’inscription de l’abolition du travail aux pièces dans le programme économique du P arti ouvrier, s’est basé sur les considé rations suivantes : 1° Que le travail aux pièces est avant tout nuisible à la santé de l’ouvrier, parce que ce dernier est dans une inquiétude constante ; 2° Que pour arriver à se faire une journée plus ou moins convenable, il fait souvent des efforts surhumains, passe parfois la nuit à travailler, alors qu’il a déjà besoin de se reposer des fatigues de la journée; 3° Que si les plus forts et les plus habiles parviennent à grand’ peine, à se faire une journée normale, les moins habiles et les moins forts sont fatalement condamnés à rester en arrière et quittent souvent le samedi sans un sou ; 4° Que dans certaines maisons, après une si triste semaine, on est encore obligé de chômer 3 ou 4 jours pour un motif quelconque, avant de pouvoir commencer d’autres travaux. Si le travail était organisé comme au Vooruit où la journée de l’ouvrier est garantie, on aurait au moins le pain assuré pour ses enfants. Depuis que le travail aux pièces est en vigueur partout. - Page 58 of 181 [PAGE_58] -------------------------------------------------------------------------------------------- nous voyons diminuer le salaire, de tous les travailleurs indistinctement ; il y en a qui parviennent à peine à se faire une semaine de 12 à 15 francs. Sans l’abolition du travail aux pièces, impossibilité complète de réaliser ou d’appliquer d’une manière générale, les *huit heures de travail et le minimum de salaire, demandez à, un patron d’appliquer ce dernier système, il sera content de vous payer même 1 fr. de l’heure s’il le faut, mais que la pièce no coûte pas plus que le prix qu’il indique et très souvent les patrons donnent de la mauvaise marchandise ; eonséquemment l’ouvrier travaillant aux pièces doit passer le double de temps pour en l'aire de l’ouvrage convenable. A quoi attribuer les multiples grèves de nos jours, si ce n ’est aux diminutions de salaires, aux surmenages de production? Les patrons n ’ont qu’un but, produire plus, et donner moins, pour plus facilement se faire la concurrence et gagner beaucoup sur les ouvriers qu’ils exploitent- Le travail aux pièces est la forme la plus cruelle qu’on emploie pour faire travailler l’ouvrier sans le faire crier, c’est l’exploitation des vieux par les jeunes, car les patrons ne tiennent plus aucun compte, du fini du travail; c’est beaucoup qu’il leur faut. P a r le travail aux pièces l’art se perd et est remplacé par de la camelotte ce ne sont plus des ouvriers qui l’ont façonné, ce sont des esclaves d’un produit unique, et p arce fait môme, les producteurs de ce produit unique ne sauraient plus trouver de travail ailleurs ; ils sont condam nés à subir toutes les diminutions de salaire que les patrons veulent leur infliger, ils seront à leur tour surpas sés dans la production par de plus jeunes, et regretteront plus tard de s’être fait les propagateurs de la cause même de leur misère. Il faut donc que l’ouvrier s’inspire de ce principe, que l’abolition du travail aux pièces est une nécessité de l’exis tence, qu’elle diminuerait les grèves, m ettrait plus d’ami tié, et de fraternité entre les compagnons de travail, et - Page 59 of 181 [PAGE_59] -------------------------------------------------------------------------------------------- m ettrait l’ouvrier plus en sûreté pour l’avenir. Nous; concluons donc, que le Parti ouvrier inscrive l’aboUUoa du travail aux pièces dans son programme économique,.. que ses orateurs s’inspirent des considérants de notre rapport afin de faire comprendre, là où ils vont porter la bonne parole, que le premier devoir de tout ouvrier est de se syndiquer, pour que par la force, par le grand nombre, l'on puisse au moins, faire garantir la journée de l ’ouvrier, xaut que nous n’aurons pas réussi à faire disparaître, ce système meurtrier qu’on appelle le travail aux pièces. Pour le Comité du syndicat des ébénistes de Bruxelles LE SECRETAIRE RAPPORTEUR, J. MARCHAL. La section adopte unanimement ces conclusions. LES COOPÉRATIVES Yan Loo rend compte des pourparlers qui ont déjà eu lieu entre les délégués des coopératives au point de vue de la création d’organisations similaires. Il annonce un con grès spécial pour fin mai ou commencement de juin. Un délégué de Bohan demande que les coopératives favorisent le syndicat des cloutiers de cette localité. Là les. travailleurs possèdent encore leurs forge et outillage. Il y a donc lieu de les aider. ASSURANCE EN CAS D’INCENDIE On est d’accord pour déclarer que la question n’est pas suffisamment étudiée. Elle est renvoyée aux conseillers communaux socialistes. FÊTE DU 1er MAI La fête du 1er Mai est une fête internationale p ar excellence, elle est une démonstration monstre de la classe ouvrière du monde entier. - Page 60 of 181 [PAGE_60] -------------------------------------------------------------------------------------------- Son caractère est unique et significatif ; l’ordre du jour voté par acclamation de tous les délégués au Congrès international de Paris 1889, contient, en deux phrases simples et grandioses, tout un programme : « Une manifes tation générale des ouvriers de tous les pays sera organi sée pour le 1er Mai 1890, et les gouvernements seront invités à réduire la durée légale du travail à 8 heures.» Nous croyons inutile de le rappeler aux fédérations de notre pays, elles ont toujours fait sous ce rapport leur devoir et tout leur devoir, et le P arti ouvrier international peut compter sur ses frères de la Belgique, l’ouvrier belge a compris dès 1890 toute l’étendue du bien-être que cette réforme apporterait à son foyer et il s’est résolument attaché à la propagande pour en amener la réalisation. C’est donc un appel tout de forme que le Conseil général vous fait à ce Congrès de fêter le 1er Mai de cette année, il vous recommande néanmoins de propager le chômage ce jour là, ce qui est une véritable démonstration •de ce fait que les ouvriers ont bien à cœur de voir réduire leur journée de travail & 8 heures et prouvent également •que la journée du l ,;r Mai est consacrée par eux à la glori fication du travail. Mais il importe, en cette circonstance, de laisser à cette fête du travail son caractère international, c’est-à-dire sou caractère propre à tous les pays et pour lequel elle a été admise en 1889 : c’est l’invitation aux gouvernements de tous les pays de réduire la journée légale de travail à 8 heures en attendant de pouvoir fêter l’avènement et l’an niversaire de la promulgation de cette réforme. N’altérons pas cette idée commune à tous, en plaçant avant elle, ni même sur la même ligne, d’autres catégories de réformes, qui tiendraient au cœur de telle ou telle nationalité, comme le demande la fédération verviétoise pour les pensions ouvrières. - Page 61 of 181 [PAGE_61] -------------------------------------------------------------------------------------------- Sans doute, cette question est très digne d’intérêt et nous ne voulons sous aucun prétexte l’abandonner, ne îût-ce que momentanément, mais d’autres occasions se pré senteront encore pour la mettre en évidence et faire en sa faveur tout ce qui dépend de nous. Pour le moment, ne détournons pas la fête du 1er Mai de son véritable idéal ; c’est une démonstration en faveur de la réglementation du travail, réforme réclamée avee le même enthousiasme par les travailleurs socialistes de* deux mondes. Le Conseil général vous propose l’ordre du jour suivant : Chaque fédération organisera la fête du 1er Mai, soit la samedi autant que possible, ou le dimanche là où le chô mage ne pourra être provoqué avec succès chez la géné ralité des ouvriers. Le caractère essentiel de la démonstration à faire sera, la revendication de la journée légale de 8 heures. L. R u f f in Ce rapport a été adopté à l’unanimité. d e u x iè m e sectio n : Questions politiques LA PROPAGANDE ANTIMILITARISTE Président : Yandervelde ; vico-président : G. Vander- meeren. RAPPORT SUR LA PROPAGANDE ANTIMILITARISTE ET LA MANIFESTATION NATIONALE DU 15 AOUT C’est avec une vive satisfaction que nous apportons aujourd’hui à la Belgique ouvrière le résultat d’une fruc tueuse année de propagande socialiste et antimilitariste. - Page 62 of 181 [PAGE_62] -------------------------------------------------------------------------------------------- Heureux du résultat acquis, nous venons montrer à nos aînés, que nous avons hérité do l’énergie qu’ils nous ont montré en exemple et que nous sommes dignes de conti nuer à leurs côtés la lutte pour l’émancipation du prolé tariat. Lorsque l’an dernier lo Congrès de Charleroi décida de donner l'appui du Parti ouvrier en faveur du mouvement antimilitariste, nous résolûmes une lutte sans merci à l ’uno des plus odieuses institutions qui soutiennent l’édifice capi taliste. Six de nos militants étaient à ce moment emprisonnés dans les geôles bourgeoises, lo temps de leur libération approchait; ils revinrent tous dans nos rangs bien reposés, prêts aux prochains combats. Lo mouvement se dessina bientôt. Les Jeunes Gardes socialistes du pays se réunirent en congrès à Gand, le 24 mai. Par les discussions dignes et approfondies qui s’y pro duisirent ainsi que par les résolutions énergiques qui furent prises, la jeunesse socialiste montra à la réaction qu’elle comprenait son devoir et ses intérêts de classe. Il appar- ’ tenait à l’avenir de montrer les résultats qu’allaient pro duire les résolutions prises par les nombreux délégués des Jeunes gardes qui jurèrent de les réaliser. Un important problème se posait à nous : Organiser et instruire la jeu nesse afin de la préparer aux luttes futures. Nous entre prîmes la propagande avec énergie, semant les idées à pleine volée, la bonne semence socialiste germa vite et bientôt do superbes moissons vinrent récompenser nos efforts. Partout, en Flandre comme en W allonie, une jeunesse empreinte de sentiments do justice et do générosité, répondit à notre appel, elle comprit bien vite que seul le socialisme incarnait les nobles aspirations qu’elle ressen tait. La Flandre entra activement dans le mouvement. S - Page 63 of 181 [PAGE_63] -------------------------------------------------------------------------------------------- Renaix, Roulers, Menin, Herseaux, Mouscron, Courtraî, Grammont, Alost, Gand mènent énergiquement le combat. La jeunesse ouvrière de rarroudissemcnt de Charleroi se réveilla, son organisation s’était bornée jusque-là à quelques groupes peu actifs. Un mouvement superbe se produisit. La Fédération dos jeunes gardes de l’arrondis- .sement fut constituée ; dans toutes les communes impor tantes dos meetings furent organisés. Les jeunes travail leurs répondent à notre appel, des jeunes gardes se fondent. De jeunes ouvriers, jusque-là ignorés, étudient isolément nos idées et prennent la parole pour prêcher l’idée nouvelle. Le résultat obtenu est admirable; aujourd’hui, après 5 mois d’offorts, 40 groupes bien constitués composent la Fédération des jeunes gardes socialistes de l'arrondis sement de Charleroi, qui de plus a donné et donnera au Parti de nouveaux porte-parole. Ailleurs les résultats sont tout aussi satisfaisants, des fédérations viennent de s’organiser : dans la West-Flandre 7 groupes, à Soignies 12 groupes. Les fédérations de Verviers, Liège, Bruxelles, Gand voient augmenter chaque mois le nombre de leurs groupes affiliés. Dans le Borinage les groupes qui bientôt vont se constituer en Fédération régionale mènent lo combat avec l’énergie nécessaire. Bientôt les arrondissements de Thuin, Namur, Nivelles seront activement travaillés et nous espérons y obtenir de bons résultats. Donner la liste des groupes de Jeunes gardes serait trop long, nous nous bornerons vous annoncer que notre Fédération qui comptait au dernier Congrès 43 groupes, se compose actuellement de 120 groupes, parmi lesquels, il en est beaucoup de plus de 600 membres (La Hestre, etc.). Notre Fédération groupe de 8 à 10 mille membres. Un impérieux devoir nous commandait d’instruire dans - Page 64 of 181 [PAGE_64] -------------------------------------------------------------------------------------------- les idées socialistes, ce grand nombre de nouvelles recrues de l’armée socialiste. Nous employâmes divers- moyens; le plus efficace fut l’édition d’un journal quï renseigne la jeunesse ouvrière sur ses devoirs envers le Parti ouvrier, sur lo mouvement socialiste et qui met à la portée du peuple l’exposé clair et précis de nos doctrines. Les journaux quotidiens ire pouvant consacrer une place- suffisante à la partie éducative, nous résolûmes la création d’un journal qui serait l’organe de la Fédération des jeunes, gardes socialistes. L ’A v a n t- Garde parut pour la première fois le l or juillet 1896; il reçut bon accueil parmi les. membres du Parti. Chaque mois 7 mille exemplaires de L ’A va n t-G a rd e vont porter à la jeunesse ouvrière la, pâture intellectuelle qui en fora les défenseurs convaincus- des idées socialistes. Nous espérons que les membres du Parti nous aideront dans notre tâche en s’abonnant à notre organe et que les- écrivains socialistes exposeront dans ses colonnes les vrais- principes de rénovation sociale. La plupart des groupes organisèrent dans leur sein des Cercles d’études. Tout fut mis en œuvre pour instruire nos membres, et- nous étudions do nouveaux moyens pour réaliser notre, v a‘u. Telle est, compagnons, la Fédération nationale des jeunes gardes ayant ses 120 groupes répartis par tout le pays, organisés en Fédérations d’arrondissements et en. Fédération nationale qui tient ses Congrès tous les ans Tout les trois mois une assemblée plénière du Conseil général et des délégués do province se trouve réunie à Bruxelles. Ces réunions qui arrêtent les plans de propa gande donnent à celle-ci une unité d’action, une cohésion qui donne d’appréciables résultats. Par le nombre de ses groupes et de ses membres, par son organisation et son travail, notre Fédération se place parmi les plus prospères de toutesdes Fédérations composant le Parti ouvrier. - Page 65 of 181 [PAGE_65] -------------------------------------------------------------------------------------------- Voilà l'organisme; quel rôlo joue-t-il dans le mouve ment socialiste. Il importe de le préciser. Tout d’abord nous tenons à constater quVu dehors de la, propagande antimilitariste qui est sa, préoccupation primordiale, le groupement des Jeunes gardes apporte aux divers orga nismes du Parti ouvrier un sérieux concours. Au point de, vue syndical : on organisant la jeunesse ouvrière et en faisant son éduca tion socialiste, nous empê chons un fait regrettable qui se passe malheureusement là où les jeunes ouvriers ne sont pas groupés et qui con siste à voir les «jeunes demi-ouvriers supplanter les ouvriers faits en temps de grève, et faire ainsi le jeu du patronat; de plus les Jeun-os gardes d’aujourd'hui seront demain, s’ils ne le sont déjà, les membres dévoués des syn dicats auxquels ils apporteront leur conviction socialiste et les sentiments de solidarité qui leur auront été incul qués dans les groupes de jeunes gardes. Aux coopératives, mutualités, groupes politiques, nous leur disons : voyez cette jeunesse pleine d'enthousiasme et de conviction, là est l’avenir, là se trouvent ceux qui bien tôt iront grossir vos rangs, vous donneront des hommes éprouvés qui vous succéderont lorsque l’âge vous empêchera de continuer la lutte, là sont les orateurs de demain, là sont les conti nuateurs do toutes les grandes œuvres que vous avez réa lisée là est la jeunesse, qui assurera dans l ’avenir le bon combat pour la réalisation de notre idéal. A tous nous disons, nous combattons la plus criante des injustices, nous luttons pour arracher vos fils, vos frères au monstre militariste, nous luttons pour tous, tous luttez donc avec nous. Voyez l ’admirable mouvement de protestation antimilitariste qui vient de se produire à l ’occasion du tirage au sort, la virile protestation de tout ceux qui ont au cœur autre chose que l ’amour du veau d ’or. - Page 66 of 181 [PAGE_66] -------------------------------------------------------------------------------------------- Partout la propagande fut bien organisée. Le Conseil général du parti fut bien inspiré, lorsqu’il remit aux Jeunes gardes le lancement du Conscrit et du L oteling, grâce à l’activité des Jeunes gardes, aidés par les coopé ratives et plusieurs syndicats que nous tenons à remercier, 100.000 exemplaires du Conscrit et du L oteling furent répandus dans le pays, un manifeste du Conseil général fut lancé à plus de 100.000 exemplaires; en outre, nos amis de Liège distribuèrent plusieurs milliers d’exemplaires du j ournal-manif este. D’énergiques manifestes émanant de la plupart des Jeunes gardes du pays et notamment de la Flandre, furent adressés à la population belge. Les citoyennes socialistes de Liège adressèrent un su perbe appel aux mères; merci à ces dévouées compagnes. Si la propagande par imprimés fut largement faite, il en est de même dos autres moyens de propagande. Des mani festations suivies de meetings furent organisées à Gand, Anvers, Bruxelles, Liège, Nivelles, Renaix, etc. Chaque jour de tirage au sort, les conscrits accompagnés de leurs parents se rendirent en manifestation, précédés de drapeaux rouges, arborant aux chapeaux des cartes de protestation contre l’impôt -du sang. Des meetings en plein air furent organisés devant -les locaux les jours de tirage. Partout, protestations énergiques. Deux faits dominèrent : 1° Antérieurement des scènes de sauvagerie se produi saient à l’occasion de la triste opération, les miliciens des différentes localités se livraient à des batailles terribles dont le résultat était toujours un grand nombre de blessés. Aujourd’hui, grâce à l’influence moralisatrice dij Parti ouvrier, ces scènes regrettables n’ont pas eu lieu là - Page 67 of 181 [PAGE_67] -------------------------------------------------------------------------------------------- ] où la jeunesse ouvrière est organisée; c’est en fraternisant dans la protestation antimilitariste, que les conscrits se tendent une main fraternelle, sous l’égide du drapeau rouge. Là où n ’existent pas de groupes socialistes, des scènes de barbarie se produisirent à nouveau. 2° Partout de nombreux jeunes gens ont énergiquement refusé de tirer au sort pour protester contre l’inique loi militaire. Il y a là un point qui devra préoccuper prochai nement lo Parti, à savoir s’il n’y aurait pas lieu d’organiser la grève générale des conscrits pour obtenir justice; la grève générale nous a donné une partie de nos droits poli tiques, elle pourrait un jour nous servir à supprimer les armées permanentes. Constatons aussi que seul notre Par ti proteste avec énergie contre l’impôt du sang; nous sommes convaincus que ce mouvement produira de beaux résultats; la prochaine classe de milice entrera à l’armée imbue de nos idées et ira grossir les rangs des socialistes qui au sein de l’armée font œuvre de prosélytisme. La propagande au sein de l’année sc poursuit d’une façon méthodique, les rapports de nos amis démontrent que plus des deux tiers des soldats sont prêts pour le jour où le Parti ouvrier ayant essayé de tous les moyens légaux pour faire rendre justice aux exploités, devra peut-être se servir d’autres moyens. La lutte devient grandiose, la réaction sent ses privi lèges menacés, elle va se servir de ses derniers moyens, elle tremble de voir son dernier rempart conquis aux idées socialistes; obéissant aux excitations de la presse capita liste, la justice bourgeoise entame les poursuites contre les orateurs Jeunes gardes pour les motifs les plus futiles, voire insulte à un corps constitué. Lescondamnationsn’ont pu par lo passé, arrêter notre propagande, il en sera de même dans l’avenir. En avant, toujours en avant ! Compagnons, la classe ouvrière a clamé bien haut sa - Page 68 of 181 [PAGE_68] -------------------------------------------------------------------------------------------- haine du militarisme, son mépris pour les armées, écoles des tueries humaines et de démoralisation. Il est temps de mettre fin aux folies militaristes qui ruinent les peuples, le prolétariat du monde entier réclame le désarmement général et la paix. A notre pays appartient de marcher à la tête du mou vement antimilitariste. Comprenant son devoir, le dernier Congrès du Parti décida, sur la proposition des Jeunes gardes, l’organisation d’une grandiose manifestation nationale le 15 août 1897 à Bruxelles. La date de cette démonstration approche. 11 est temps de s’en occuper sérieusement. Nous sonnons l’appel à la province ; déjà, Gand nous assure 10.000 mani festants, dans beaucoup de localités dos caisses d’épargne sont constituées. Tout l’effort doit porter sur la réussite de la démonstration populaire ; que nos journaux s’en occupent, que chaque groupe la porte à son ordre du jour. Il faut que la manifestation soit digne du Parti ouvrier et des idées qu’il incarne. Au 15 août, au milieu de l’expo sition internationale, alors que nous verrons réunis à Bruxelles les délégués de tout les pays du monde, à l’épo que où seront exposés les produits du travail, de la science, au milieu de cette réunion internationale, que de toute la Belgique accoure la classe ouvrière : pères, mères, jeunes gens, venez tous clamer bien haut à la face de la réaction terrifiée et des délégués du monde, votre amour de la paix, votre haine du militarisme et votre espoir en l’idéal socialiste. AU NOM DE LA FÉDÉRATION NATIONALE DES JEUNES GARDES SOCIALISTES Le Secrétaire, Y. VOLKAERT. Admis à l’unanimité. AfVfSAB - Page 69 of 181 [PAGE_69] -------------------------------------------------------------------------------------------- Le compagnon Zéo donne lecture de son RAPPORT SUR LA PROPOSITION DE REVISION DE L’ARTICLE 25 “ALLIANCES ÉLECTORALES ET LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES DE 1898 Il est difficile de discuter cette question sans être obligé de discuter les alliances elles-mêmes. C’est l’écueil de cette discussion. Nous croyons cependant que la question posée se place sur un tout autre terrain et nous pensons préciser en la formulant comme suit : Le fait de contracter ou non des alliances, est-ce une question de principe ou de tactique? , Ce n’est pas une question de principe. L’action politique, la lutte électorale sont des moyens, et rien de plus. Notre programme de réformes immédiates et le parlement sont d’autres instruments de propagande. La lutte électorale avec ou sans alliances, est une question de circonstances, de lieu, de temps, de milieu, mais elle doit se faire avec cette pensée toujours présente, vers laquelle tous nos actes doivent converger : le but, l’idéal. Ce n’est pas une question de principe ; nous en trouvons i la preuve dans la résolution du Congrès international socialiste de Zurich relative à l’action politique : « La forme de la lutte économique et politique doit être déterminée, d ’apk è s l e s circonstances, po u r l e s d tv e r se s n a t io n a l it é s. Mais, dans tous les cas, il importe de mettre en première ligne le but révolutionnaire du mouvement socialiste, qui poursuit la transformation intégrale de la société actuelle, au point de vue écono mique, moral et politique. - Page 70 of 181 [PAGE_70] -------------------------------------------------------------------------------------------- » Eü aucun cas, Vaction politique ne peut servir de prétexte à com prom issions ou à des alliances qui porte raient atteinte aux principes ou à l’indépendance des partis socialistes. » On le voit, les Congrès socialistes internationaux ne considèrent pas l’alliance comme une question de principe, ils en reconnaissent la possibilité dans des circonstances données, à la condition toutefois qu’elles sauvegardent l’indépendance et la fermeté des principes socialistes. Non, ce n’est pas une question de principe, sans quoi la lutte seule devrait être la règle du socialisme international. En vertu de cette résolution de Zurich, il importerait que nos amis, pour l’instant, nos adversaires, démon-- trassent que les alliances contractées par le Parti ouvrier ont compromis notre programme, qu’elles ont eu pour résultats de .mettre nos principes et notre drapeau en poche et qu’ils indiquassent aussi que le Parti ouvrier n’est pas armé contre les groupes socialistes qui contracteraient des alliances au détriment de notre dignité? Cette démonstration, on ne la fera pas ! Nous expliquons les alliances, sans les approuver ni les désapprouver, car là n’est pas la question. Elles peuvent être dans certaines régions un moyen plus facile de péné- ' tration : dans nombre de communes, de cantons, d’arron dissements, sans alliance, il eut été difficile, peut-être impossible, d’organiser des meetings, des conférences, de distribuer des journaux et des brochures, de se mettre en rapports directs, en contact avec la population. Ce n’est pas une question de principe. La preuve, nous la trouvons dans le texte même de la résolution proposée : on ne veut interdire les alliances que sur le terrain législatif. Si c’était mie question de principe, on devrait défendre de contracter alliance au point de vue •communal et provincial. Il y a là une inconséquence - Page 71 of 181 [PAGE_71] -------------------------------------------------------------------------------------------- évidente, ou la reconnaissance de l’impossibilité d’appli quer une même mesure quels que soient les régimes élec- toraux en vigueur, les circonstances locales, le degré do développement des forces ouvrières, le milieu. Cette question est une question de tactique. On ne- saurait imposer une même tactique à toutes les régions du pays. Le Cercle des E tu diants socialistes, propose do renon cer à la-lutte avec alliances sur le terrain législatif, alors que, sur ce terrain, les compromissions sont plus difficiles e t moins nombreuses, que les alliances subissent un con trôle plus considérable, que sur lo terrain provincial 1 1 communal. C’est au nom des principes, que le Cercle des E tu d ia n t"" socialistes, propose une modification à la tactique admise jusqu’à ce jour par lo Parti ouvrier. À ce titre, si 0 1 1 devait entrer dans la confusion que tend à créer ce cercle, on devrait renoncer à notre programme do réformes im;n ;- diates, à l’action parlementaire, pour ne recourir qu'à l’action révolutionnaire et pour ne défendre que le prin cipe du socialisme. Mais eux-mômes, conçoivent que le socialisme intégral est l’idéal et ne peut être prêché directement, sous une forme identique, à tous et partout, aux ignorants et aux inconscients de leurs droits, de leur rôle d’hommes, ils disent en effet : à la campagne pas d’anticléricalisme, pas de lutte contre les préjugés religieux ; adoptes du socialisme intégral Us devraient partout dire guerre au dogme! Ils ne le veulent pas, parce qu’ils tiennent ici compte du milieu. La vérité est que le socialisme n’est pas un dogme, que réformes immédiates et parlementarisme sont des moyens, qu’alliances électorales peuvent être comprises .dans des milieux et des circonstances donnés. - Page 72 of 181 [PAGE_72] -------------------------------------------------------------------------------------------- Des coalitions politiques peuvent être nécessaires à cer tains moments. Ne lions pas notre tactique par des mesures inutiles et énervantes. Disons plus. Nous avons la convic tion que si le Congrès admettait la proposition des E tu diants socialistes, elle serait enfreinte. Pourquoi ? Parce que quel que soit le respect de la discipline qu’on manifeste dans notre parti, les situations do fait sont plus fortes que les décisions prises. Nous nous souvenons qu’il y a deux ans, à la veille des élections communales, nos amis de la Flandre et des petites localités de la Campine et du Brabant, déclaraient que les alliances étaient utiles, nécessaires, indispensables pour pouvoir lutter ; que sans alliance, ils ne trouveraient ni signataires pour présenter leurs listes, ni témoins, ni candidats et que si le Congrès en jugait autrement, ils seraient tenus, à leur grand regret, de violer toute réso lution. Le statu-quo a-t-il produit de si mauvais résultats qu’il faille l’abandonner ? Nous nous plaisons à reconnaître, et nous ne serons démentis par personne, que les députés socialistes élus avec alliance aussi bien que ceux élus sans alliance ont tenu haut et ferme au Parlement le drapeau du Parti ouvrier. Enfin, nous estimons que les Fédérations d’arrondisse ment sont mieux placées que le Congrès pour juger de cette question et que dans tous les cas, elles sont suffisam ment « grandes filles » pour savoir si l’intérêt du socia lisme exige ou non l’alliance. Un dernier mot : Si des alliances électorales se contrac taient au détriment de nos principes, de notre programme, de notre indépendance, nous sommes convaincus que le Parti ouvrier aurait assez d’influence et d’autorité pour les empêcher. Nous sommes armés d’ailleurs. Nous concluons au maintien de l’art. 25 des statuts. Zbo. - Page 73 of 181 [PAGE_73] -------------------------------------------------------------------------------------------- Le compagnon Vandermeeren donne connaissance du RAPPORT DES ÉTUDIANTS SOCIALISTES SUR LA REVISION DE L’ARTICLE 25 DES STATUTS (ALLIANCES) Pour la troisième fois — et espérons-le pour la dernière fois — la Belgique socialiste a à s’occuper de la question des alliances. Devant les principes, le problème posé consiste à savoir si le Parti ouvrier est ou non un parti de classe. Le nom même de notre parti nous donne la réponse, sans qu’il soit nécessaire de rechercher dans le fonctionnement, écono mique de la société capitaliste, les raisons de l’antago nisme irréductible qui oppose le prolétariat exploité à la bourgeoisie exploiteuse. Du moment où l’action politique n’est pas la correspondante rigoureuse de l’ordre économi que, elle faillit à sa mission, conduit les travailleurs à toutes les confusions, à toutes les désillusions et est une méconnaissance de la réalité. Ce qui étonne chaque fois dans le débat occasionné par les alliances, c’est la confession faite loyalement — nous nous plaisons à le reconnaître — que confrontée avec le» principes fondamentaux du socialisme, l’alliance doit né cessairement être rejetée, impitoyablement condamnée. On se retranche — pour excuser l’alliance — derrière des raisons d’ordre relatif et secondaire. L’alliance, dit-on, est non une question de principe,, mais de tactique. Nous le contestons formellement. Il ne nous semble pas possible : 1° qu’on refoule dans le domaine de la tactique- une notion si essentielle que celle de la lutte des classes, fondement du socialisme tout entier ; 2° qu’on n’assimile pas — là où la doctrine socialiste même l’exige si impé- - Page 74 of 181 [PAGE_74] -------------------------------------------------------------------------------------------- Tieusement — la tactique avec le principe vital du mouve ment socialiste. En dernière analyse, une pareille prétention se résume à soutenir que dans les pays où ne fonctionne pas le Suf frage Universel pur et simple — c’est le cas pour la Belgique — on ne doit pas se confiner dans le socialisme pur. Et alors la logique inéluctable des choses nous amène à conclure qu’en Belgique on n’en arrivera jamais à donner au socialisme son allure nette, implacablement pure. Car il ne peut faire de doute pour personne qu’on puisse jamais obtenir dans notre pays le Suffrage Universel pur et simple. Notre bourgeoisie a trop bien compris, que dans notre pays si industriel, si capitaliste le Suffrage Universel pur ut simple signifie pour ainsi dire le socia lisme lui-même réalisé par la seule puissance du bulletia de vote. Sa loi communale, ses déclarations inéquivoques témoignent à l’évidence qu’elle voit dans le Suffrage Universel la fin de son régime, et dans la résistance à l’avènement de l’égalité politique complète le seul moyen légalement efficace d’empêcher ou de retarder son irré médiable condamnation. La Belgique peut-elle être astreinte par sa bourgeoisie, elle qui semble former l’avant-garde du mouvement socialiste international, à ne jamais suivre dans leur entièreté les leçons du socialisme et les décisions de ses Congrès internationaux? Nous pensons que la Belgique se doit et doit au socialis me mondial, en vertu même de sa position d’avant garde, de l’imminence du triomphe de la Révolution sociale endéans ses frontières, de donner l’exemple d’une inflexi ble soumission au socialisme lui-même. Plus nous nous approchons du terme de l’évolution capitaliste, c’est-à- dire de la victoire du prolétariat, plus nous devons présenter aux travailleurs un patrimoine de doctrine et - Page 75 of 181 [PAGE_75] -------------------------------------------------------------------------------------------- d’action intact. A mesure que nous nous approchons du but final, nous sommes astreints à purifier tous nos actes, tous nos pensées sous peine de nous exposer aux pires désillusions. Cette obligation est d’autant plus nécessaire que le Parti ouvrier semble avoir atteint son summum de résul tats dans les villes et les centres industriels où l’œuvre du libéralisme et de la libre pensée avait préparé notre action. La grande majorité des travailleurs, privés du ciel, spoliés de l’espérance des récompenses ultraterrestres, nous est acquise. Nous devons désormais porter nos efforts sur les campagnes croyantes et vers les ouvriers catholiques. Les procédés gouvernementaux du Parti clérical obéissant à ses seuls intérêts capitalistes, les menées équivoques des démocrates-chrétiens, attachés à l’ordre capitaliste par leur foi économique et religieuse facili teront ia conquête de ces nouveaux adeptes. Nous ne pouvons pas, nous n’avons pas le droit de contrecarrer cette « alliance » d’un genre spécial et de rendre plus pénible l’accomplissement d’un devoir impérieux, dicté par la force même des choses, par l’enrayement de notre propagande dans les villes et les centres industriels, en donnant à notre mouvement la moindre allure anticléri cale. Le Parti ouvrier doit être plus que jamais Parti de classe s’il veut faire des recrues dans les campagnes et dans la population catholique. Le rejet de toute alliance bourgeoise est la condition même de nouveaux progrès. D’ailleurs, nos candidats alliés, les progressistes nous imposent eux-mêmes l’abandon de la politique d’alliance. Acculés par le socialisme lui même à exprimer leur raison d’être, leur tendance, leur signification ils ont dû, par la bouche de MM. Demoulin et Janson à l’assemblée générale des progressistes de Liège en un discours-programme et dans différents articles de L a R éform e chercher dans - Page 76 of 181 [PAGE_76] -------------------------------------------------------------------------------------------- «dans l’apologie de la « propriété privée », c’est-à-dire dans la guerre au socialisme le fondement de leur existence. Ce serait dès lors une aberration coupable que de ne pas adopter une attitude adéquate, en matérialisant dans notre tactique notre raison d'être anticapitaliste et collec tiviste. Le temps n’est plus aux essais, aux tâtonnements. Les douloureuses expériences des élections communales, de 1895, des élections législatives de Bruxelles, de Dinant, de Pliilippeville, de Nivelles, Waremme suffisent amplement pour révéler l’inutilité et le danger des alliances bour geoises. Les leçons qui se dégagent de cette pratique, s’imposent ïxu pays travailleur tout entier. Elles frappent à mort la politique d’alliance et en même temps nous disent que les travailleurs, à quelque arrondissement qu’ils appar tiennen t, ii’ont plus à jouir d’une inutile « liberté de tactique » mais ont à s’incliner devant les enseignements des luttes poli tiques dernières, pour adopter la seule tactique, compa tible avec la doctrine socialiste, celle de lalutte des classes. Ce qui fait la force du socialisme, c’est son unité ; ce qui fait faire la puissance du Parti ouvrier, c’est l’harmonie de ses mouvements et l’homogénéité de ses manoeuvres. Notre tactique, conditionnée par la science et par les faits, doit être une et identique, dans toutes les régions, dans tous les arrondissements, comme y est un et identique le socialisme lui-même, basée sur d’analogues situations et nécessités. Eu conséquence, nous vous proposons d’adopter la Réso lution suivante : Le Congrès, revenant sur ses décisions antérieures •de laisser à chaque Fédération, l’autonomie dans la ■question des alliances électorales, décide que doréna vant toute alliance est enterdite. sur le terrain lég is la tif . Le Cercle d e s E t u d ia n t s S o cialistes. - Page 77 of 181 [PAGE_77] -------------------------------------------------------------------------------------------- Mahy parle en faveur de l’autonomie des fédérations. Il préfère l’alliance avec les radicaux à l’intransigeance. Dony. — Les alliances ont d’abord été considérées comme la panacée. Pais elles ont été, après expériences, trouvées plutôt difficiles et nuisibles. Elles n’ont apporté aucun résultat utile à Vidée socialiste. L’organisation économique doit primer. Au sein du Parti, les alliances ont produit une diversité de tactique inexplicable. Les progressistes ont même dans certains endroits combattu les socialistes par des moyens inavouables. On doit viser à faire des électeurs socialistes et non des électeurs votant seulement pour des démocrates. Le rapport de Zéo dit que la lutte des classes n’est pas un principe, mais la caractéristique d’une situation. Mais si cela est vrai, nous devons adapter notre tactique à ce fait et ne point faire d’alliances. Dans les luttes communales, nous n’avons réussi que par nos propres forces et là où nous sommes passés avec l’alliance, les progressistes nous ont abandonnés au moment des votes. L’orateur cite des exemples. Nous devons nous présenter dans les campagnes comme dans les contrées industrielles, en parti de classe, et nous contenter du secours des masses ouvrières. (A pplaudis.) Bertrand. — La question des alliances est une question de tactiqne et nou de principe. La tactique diffère d’après les circonstances et les milieux, la force de notre parti. Ceux qui veulent résoudre la question du jour au lende main, font de la politique du tout ou rien. On ne peut révolutionner le monde en un tour de main. On ne parle pas des élections communales et provin ciales. Il n’est pas logique d’interdire les alliances sur le seul terrain législatif. - Page 78 of 181 [PAGE_78] -------------------------------------------------------------------------------------------- Le gouvernement peut encore faire de nouvelles bêtises d’ici aux nouvelles élections. Nous sommes beaucoup plus larges en laissant l’autonomie aux fédérations. L’expérience n’a pas donné mauvais résultat. Les fédé rations n’ont pas abusé de la permission du Congrès de Quaregnon, Il nous faut renverser le gouvernement cléri cal. Le pays a hâte d’en êtro débarrassé. L’orateur cite l’exemple de certains arrondissements, examine les défections libérales ayant amené l’échec des listes de coalition. Nous croyons l’alliance nécessaire dans certains arron dissements au point de vue de l’intérêt du Parti. La politique d’alliance n’a produit aucun mal. Voyez Liège, l’alliance n’a pas empêché les progrès de l’idée socialiste. A Soignies, je combattrai à la fédération l’alliance. Mais dans d’autres arrondissements, Liège, par exemple, lutter sans alliance nous priverait de députés éminents comme Denis, Anseele et Demblon. (.A pplaudissem ents.) NoËl parle en faveur de l’autonomie des Fédérations. Une solution serait d’interdire l’alliance aux fédérations dont les candidats ont été élus sans alliance. Vandermeeren. — Si la question des alliances est, comme le dit Bertrand, une question de tactique, en tous cas c’est une tactique qui diminue le principe. On n’a pas à voir si cette question est posée quinze mois avant les élections ou si on l’élargirait aux terrains provincial et communal. Les adversaires de notre proposition disent qu’on n’a abusé de l’autonomie. Ils avouent donc qu’on a eu raison de ne pas contracter trop d’alliances, et l’argument se retourne contre eux. Quant aux conséquences néfastes des alliances, nous les - Page 79 of 181 [PAGE_79] -------------------------------------------------------------------------------------------- voyons dans les résultats de la propagande. On doit com battre les progressistes comme Janson et Feron, partisans de la propriété privée, adversaires du socialisme, appar tenant à la classe bourgeoise. L’organisation syndicale seule doit nous guider. Hector De n is . — Je symbolise l’alliance. L’orateur rappelle l’histoire de sa candidature à Liège. L’alliance est-elle adversaire du principe ? Je n’ai point manqué aux principes socialistes et à l'idéal, pour avoir scellé l’alliance entre socialistes et progressistes. Je ne me sens pas diminué pour être le sceau de l’alliance. Yoilà trente ans que je combats pour le socialisme, je ne puis pas être taxé de conservateur. [Applaud.) On va à l’encontre des principes socialistes en abandon nant les idées de la révolution de 1789. Notre morale est supérieure à celle du cléricalisme. D’ailleurs, par écrit, je donnerai mes idées sur la ques tion. (.A pp la u d issem ents). ï- Alice B r o n . — Si j’étais un homme, je voterais contre l ’alliance. Je suis chargée, bien que n’étant point partisan des idées émises, de lire une déclaration de Jules Lekeu. Notre collaboratrice lit une lettre de notre ami se pro nonçant pour le maintien du sta tu quo. Dony ne partage pas l’avis du citoyen Denis. ^ La lutte économique seule nous fera triompher. Le point de vue doctrinal n’est pas à discuter ici. jT Fr. P a u l est partisan de laisser aux fédérations le soin de décider l ’alliance et la non-alliance, fp La classe ouvrière so découragera, surtout à la campa gne, si nous ne renversons pas le gouvernement clérical. Si nous sommes battus à Liège, les ouvriers des campa gnes s’insurgeront contre nous. La minorité au Parle ment a fait réaliser des réformes. - Page 80 of 181 [PAGE_80] -------------------------------------------------------------------------------------------- An s e e l e est partisan du sta tu quo. Les fédérations n’ont pas les mêmes nécesssités politiques. Si sur le terrain économique — voyez les mutualités — on est obligé de faire de soi-disant accrocs à nos principes, personne songe-t-il à nous en faire un crime? La lutte économique n’a pas reculé par l’alliance. Voyez les progrès de notre organisation. Les progressistes n’ont rien gagné, les élections l’ont prouvé. Les socialistes ont avancé ; nos membres augmentent, nos électeurs augmentent, les journaux socialistes, toujours plus nombreux, sont lus avec plus d’avidité; les résultats obtenus sont toujours en progrès, de même que nos institutions. Nous devons maintenir l’autonomie des fédérations. L’alliance ne nous fait rien perdre sur le terrain des prin cipes ni de l’organisation. S m e e t s. — La question à trancher est de savoir s’il y a là principe ou tactique. Les étudiants ayant proposé cette question doivent parler les derniers. On clôture la discussion. Un seul orateur contre les alliances parlera. Aer t s parle contre les alliances et rappelle certains résultats d’élection. L’alliance ne produira aucun résultat pour notre parti. B lom m aert. — A Saint-Nicolas, en pays flamand, la propagande économique marche très-bien. L’alliance n’amènerait aucun résultat. Elle serait néfaste dans notre contrée. Le président met aux voix le maintien de l’article 27 des statuts. (Adopté.) N oël propose : Le Congrès décide qu’aucune fédération, dans aucun cas, ne pourra abandonner à des partis bour- - Page 81 of 181 [PAGE_81] -------------------------------------------------------------------------------------------- geoïs les sièges acquis au parti ouvrier dans les luttes précédentes. Smeets. — On parle de maintenir les positions acquises; les progressistes pourront nous objecter la même chose. Laissons pleine liberté aux fédérations. £ NoËl. — Cette motion est présentée par suite de bruits ayant couru dans le Parti que l’on abandonnerait au parti bourgeois des sièges acquis aux socialistes. Ü On ne peut abandonner un seul des sièges acquis ; cela produirait un mauvais résultat tant chez nous qu’à l'étranger. Ce serait une dégradation pour le parti, t F ürnémont défend l’autonomie pure des fédérations. | La proposition Noël est adoptée. Sont nommés rapporteurs Auseele et Vandermeeren ; pour l’amendement, Noël et Smeets. QUESTION DE VERVIERS — PROPAGANDE POUR LES ÉLECTIONS LÉGISLATIVES — LA QUESTION FLAMANDE. E. Vandervelde annonce que les camarades de la M a iso n d u Peuple de Verviers ont décidé de rester au Parti ouvrier. La question de la propagande pour les élections législa- tivel est renvoyée au Conseil général. Le président explique que la question flamande a été prévue par le programme du Parti qui réclame l’égalité pour les deux langues. LA DISTRIBUTION DES PRIX Cette question est renvoyée au prochain congrès des conseillers communaux socialistes, après avoir entendu les délégués du syndicat des relieurs, de Bruxelles, et d’au tres compagnons. - Page 82 of 181 [PAGE_82] -------------------------------------------------------------------------------------------- RAPPORT DE LA FÉDÉRATION SOCIALISTE BELGE DE GYMNASTIQUE SUR LA PROPAGANDE GYMNASTIQUE Un rapport sur la question de la gymnastique vous fut présenté une première fois au Congrès de Namur, et mal gré l’adoption des conclusions du rapport présenté sur cette question, rien ou presque rien a été fait pour encou rager cette propagande. C’est ce qui nous a engagé à por ter la question devant le présent Congrès. On n’a pas assez compris jusqu’ici l’utilité des Cercles de gymnastique. Ceux-ci doivent être créés, non seulement pour le développement physique de leurs membres, mais aussi pour la propagande et l’éducation socialiste de la jeunesse. Au point de vue physique d’abord, il est nécessaire pour un Parti comme le nôtre de posséder une jeunesse qui sache résister aux fatigues et qui au jour des grandes fêtes comme au jour de luttes puisse être à son service. Il faut absolument que cette jeunesse soit avec nous, et le meilleur moyen pensons-nous pour la conquérir, est la création de cercles de gymnastique, où les jeunes gens viennent d’abord pour leur agrément, peu de temps après par conviction, car les discussions qu’ils auront avec les camarades ne tarderont pas à les convertir et plus tard ils seront un élément conscient pour leur ligue ouvrière et leur syndicat. La meilleure preuve que nos cercles de gymnastique ont de l’influence, c’est que, presque partout où il y en existe, les M aisons des o u vriers en ont fondés à leur tour, cherchant ainsi à stériliser nos efforts. Donc, conquérir la jeunesse tel doit être notre préoccu pation constante. Mais pour cela, il faut que ceux qui ont pris l’initiative - Page 83 of 181 [PAGE_83] -------------------------------------------------------------------------------------------- de cette propagande soient secondés et soutenus par leurs aînés, car la tâche de fondateur de tels groupes est mul tiple et difficile et leur nécessité pas assez comprise jusqy’à ce jour par les membres de notre Parti. La Fédération socialiste de gymnastique demande donc l’appui du Par ti ouvrier tout entier pour la seconder dans sa tâche et surtout celui de nos sociétés coopératives qui, à une ou deux exceptions prêt, se désintéressent beaucoup trop de cette propagande. Nous soumettons donc à votre approbation l’ordre du jour suivant : Considérant qu’il est nécessaire d’avoir la jeunesse dans les rangs du Parti ouvrier; Considérant qu’il est utile d’instruire cette jeunesse et de faire son éducation socialiste et que pour cela l’appui des groupes et des membres du Parti ouvrier sont nécessaires. Nous vous émettons les vœux suivants : 1° De voir toutes les fédérations locales créer des cercles de gymnastique; 2° De voir tous les membres du Parti ouvrier y envoyer leurs enfants ; 3° D’engager les sociétés coopératives à aider à la cons titution de pareils groupes en leur fournissant des engins, des locaux, et, en les soutenant efficacement. Un Compagnon demande à la presse socialiste de faire une énergique propagande pour les clubs de gymnastique au sein du Parti ouvrier. -------- 005-------- T ro isièm e S ection : Questions administratives Président : J.-H. Moreau ; Secrétaire : L. Troclet. La première question est ainsi libellée : N ’y a-t-il pas lieu de tenir les Congrès annuels pendant trois jours au lieu de deux ? - Page 84 of 181 [PAGE_84] -------------------------------------------------------------------------------------------- Après un débat auquel prennent part les compagnons Troclet, Maes, Deînet, Pirard, Dewinne et De Backer, la section décide de ne rien modifier aux statuts du parti. Les Congrès annuels continueront à se tenir les deux jours de Pâques. Si l’ordre du jour ne peut être épuisé, le Congrès de Pâques aura à décider si un second Congrès annuel est nécessaire. RAPPORT SUR LA DÉSIGNATION DES ORATEURS Au dernier Congrès de Charleroi il avait été décidé que les groupes qui sollicitaient le concours d’un orateur devaient s’adresser à la fédération régionale à laquelle est affilié cet orateur. Cette situation nouvelle ayant créé toute une série de difficultés, le compagnon E l b e r s propose, au nom d u Conseil général, d’adopter la résolution suivante : Considérant que la propagande du Parti ouvrier est ■d’iütérêt général, le Congrès décide : 1° Que les groupes qui désirent le concours d’un orateur n’appartenant pas à leur Fédération, doivent faire la demande à leur Secrétaire fédéral, qui est tenu de la transmettre immédiatement au Conseil général ; 2° Les secrétaires fédéraux ne peuvent dans aucun cas refuser de transmettre les demandes au Conseil général ; 38 Les orateurs sont priés d’être au poste dans la loca lité qui leur est désignée ; 4° Les groupes qui demanderont le concours d’un député adresseront leur demande au secrétaire de leur Fédération qui la fera parvenir d’urgence au groupe socialiste de la Chambre ; 5° Les demandes d’orateurs doivent être faites au moins 15 jours d’avance. M aes défend ces propositions. T roclet propose que le s o ra teu rs se m etten t un d im an - Page 85 of 181 [PAGE_85] -------------------------------------------------------------------------------------------- / che par mois à la disposition de la Fédération locale et un autre dimanche à la disposition du Conseil général. Les conclusions du rapport du Conseil général sont adoptées. REVISION DE L’ARTICLE 20 DES STATUTS D isa n t : A r t . 20. — Un membre peut être exclu d’un groupe pour inobservation des présents statuts, 'pour avoir combattu la Programme et la tactique du Parti, ou s’il a commis des actes entachant son honneur. Une Société peut être exclue du Parti ouvrier, si elle ne se conforme pas au programme, aux statuts et à la tactique du Parti. L’exclusion est prononcée par le Conseil général, sur l’avis conforme de la Fédération à laquelle appartient la Société en question, s’il en existe une. La Ligue ouvrière de Laeken propose : D écisio n à p r e n d r e vis-à -vis d u m e m b re e x c lu d 'u n g ro u p e a ffilié et m a in te n u s u r les re g istre s d 'u n a u tr e g ro u p e, m a lg ré la ra tific a tio n de l’e x clu sio n p a r la F éd é ra tio n . R a p po r t d u Conseil Gén é r a l su r l a q uestion Cito y e n s, L’article 20 de nos statuts, stipule qu’un membre ne peut être exclu du Parti ouvrier, que sur l’avis conforme du groupe auquel il appartient. Nous considérons ce système comme vicieux et dan- geureux. La conduite d’un membre relève de son groupe, ainsi que son exclusion, en tant qu’il s’agit d’une question pour laquelle le groupe possède une compétence spéciale, telle que questions syndicales, mutuelles, etc. - Page 86 of 181 [PAGE_86] -------------------------------------------------------------------------------------------- \ Dans ce cas pourtant le membre conserve le droit d’appel, devant la fédération régionale et devant les congrès du Parti. C’est là une garantie nécessaire. * Mais il est inadmissible qu’un membre, qui au vu et à la connaissance de tout le monde, a contrevenu au programme du Parti ouvrier, ne relève que de son groupe, et que la Fédération régionale reste désarmée. C’est donner libre j eu à l’obstructionnisme des petits grou pements, à la coalition des camaraderies malsaines, aux popularités acquises à tout prix. L’ensemble du Parti doit rester souverain dans ses ini tiatives et ses jugements, ce qui est conforme à la démo cratie et aux grands mouvements de masse. Qu’un groupe se présente à la barre du Parti et plaid» pour un de ses membres c’est son droit; il sera écouté avec le respect dû à tout groupement socialiste. Mais sa volonté ne peut se substituer à celle du Parti dans son entièreté. Or, il est inacceptable que la Fédération puisse exclure un groupe, comme le disent les statuts et qu’elle reste désarmée devant un membre isolé. C’est pourquoi nous proposons de modifier le texte de l'art. 20 comme suit : A r t. 20. — L 'exclu sion d’u n m em bre q u i a contre ven u a u x sta tu ts, a u p ro g ra m m e , à la tactique du P a r ti o u vrier, ou qui a com m is des actes attentatoires à son honneur, p e u t être e x c lu de son g roupe et p a r so n groupe. I l conserve le d roit d'appel devant les assemblées fédérales et devant les Congrès du P a rti. Toutefois la F édération p e u t elle-m êm e p r e n d r e l'initiative de l'exclusion d’u n m em bre, sous ré se rv e de p ré v e n ir le groupe a va n t l’exclusion. - Page 87 of 181 [PAGE_87] -------------------------------------------------------------------------------------------- L 'exclu sio n d 'un groupe entraîne celle de tous les ■autres g roupes du P a r ti ouvrier, s a u f avis contraire de la Fédération, sta tu a n t s u r le caractère et la ■gravité du cas. Les alinéas 2 et 3 peuvent selon notre avis rester tels qu’ils sont. Le R apporteur, F e r d in a n d HARDYNS. L’INDEMNITÉ PARLEMENTAIRE La Fédération liégeoise propose que l’entièreté du quart de traitement que les élus socialistes laissent au Parti pour la propagande doit rentrer dans la caisse de la Fédération régionale qui les a élus. Le citoyen Georges Ma e s , au nom du Conseil général, dit qu’il est dangereux et inutile de changer la décision prise au Congrès de Charleroi C’est aumoment, dit-il, où la propagande du Parti ouvrier devient de plus en plus intense ; au moment où des contrées nouvelles doivent être visitées et où même le Conseil général ne peut répondre aux nombreuses sollicitations ■dans des provinces entières — à raison du peu de res sources dont il dispose — c’est à ce moment, que la Fédé ration liégeoise soulève une question qui aura pour effet immédiat de réduire encore ces ressources et par consé quent la propagande socialiste. Que pourraient tenter nos amis des Flandres si on les abandonnait à leurs seules ressources? Rien ou presque rien. Il faut donc que la caisse générale du Parti inter vienne et qu’on ne lui enlève pas une partie de ses ressources. C’est dans l’organisation que les Fédérations régionales ■doivent puiser de nouvelles forces. Fortifier les syndicats, rendre les ligues et groupes plus forts, agrandir le rayon - Page 88 of 181 [PAGE_88] -------------------------------------------------------------------------------------------- et le chiffre d’affaires des sociétés coopératives, tels sont les moyens les plus efficaces pour obtenir de l’argent autre ment que par une retenue sur une juste indemnité. Les Fédérations doivent étudier les moyens d’obvier à l’existence de petites sociétés coopératives, qui par leur action restreinte ne peuvent faire profiter et leurs membres et le Parti du bénéfice de cette organisation. C’est en fusionnant ces groupes, afin d’économiser des hommes et du temps,que l’on parviendra à les rendre forts, et que l’on en tirera tout l’effet utile que l’on est en droit d’en attendre. En conséquence le rapporteur propose le rejet de la proposition. AFFICHAGE DU PROGRAMME DU PARTI OUVRIER DANS TOUS LES CAFÉS DU PAYS. (Admis à l'unanimité.) COMPOSITION DU CONSEIL GÉNÉRAL La Fédération liégeoise propose de modifier l’article 9, relatif à la composition du Conseil général de la manière suivante : L e Conseil g én é ra l se com pose : 1° De s i x m e m b res choisis p a r le Congrès-, 2° D ’u n m e m b re p a r p r o v in c e ; 3° D ’u n délégué p a r F é d é ra tio n d ’a rro n d isse m e n t; 4° D ’u n délégué p a r F é d é ra tio n de m é tie r ; 5° L es dép u tés n e p e u v e n t fa ir e p a r tie d u Conseil g é n é ra l; ils ne p e u v e n t y a ssiste r q u ’à titr e de v o ix co n su lta tive, sa n s a v o ir le d r o it de p r e n d r e p a r t a u vote. Le citoyen V o lk a er t, au nom du Conseil général, repousse cette proposition pour les motifs suivants : 1° La réduction des membres du bureau du Conseil général ne se justifie pas, car la besogne très ardue - Page 89 of 181 [PAGE_89] -------------------------------------------------------------------------------------------- qu’entraîne l’administration et la mise en pratique des résolutions du Congrès exigent au moins 9 membres composant le bureau ; 2° La nomination d’un délégué par province n’a pas sa raison d’être et est impraticable vu qu’il n’existe pas de fédérations provinciales; en constituer entraînerait à de grands frais sans utilité pour le Parti. Les auteurs de la proposition nous proposeront sans doute la nomination de ces délégués par le congrès, mais en ce cas de quel droit ces délégués interviendraient - ils dans les discussions du Conseil général au nom d’une des provinces, vu qu’ils ne relèveraient que de leur avis personnel; de plus les frais de délégations devraient être supportés par le Parti. Quant à la proposition contenue dans l’alinéa b do la proposition de révision, nous la considérons comme inoppor tune attendu que chaque année le Congrès nomme son conseil général et est libre d’éliminer les députés socia listes. D’autre part nous considérons, que frapper d’exclu sion parce que députés, des membres du bureau qui depuis des années y ont rendu de signalés services, serait consi déré comme un vote de méfiance. Le rapporteur estime en outre que le Conseil général n’a qu’à se louer de la présence des députés aux séances; elle donne à leur attitude au sein de la Chambre une marche conforme aux décisions du parti ouvrier. quatrièm e section : ( Questions a graires) Le citoyen Hambursin préside. Le citoyen Den is expose rapidement comment il conçoit les syndicats ; il a rédigé un rapport sur les syndicats et un projet de statuts d’un syndicat agricole mixte embras sant les différents intérêts agricoles. - Page 90 of 181 [PAGE_90] -------------------------------------------------------------------------------------------- RAPPORT SUR LES SYNDICATS AGRICOLES Le syndicat agricole a pour fonction primordiale l’étude et la défense des intérêts agricoles. Cette fonction, la plus générale de toutes, est le point de départ d’une évolution extraordinairement féconde, marquée par une véritable efflorescence d’institutions coopératives de toute nature. Exposer brièvement ce développement, et dégager de cet exposé les leçons qu’il renferme, d’une part, au point de vue des caractères essentiels qu’il faut assigner à la législation sur les unions professionnelles, pour assurer le progrès régulier des associations agricoles ; d’autre part, au point de vue de la direction à adopter dans la conduite pratique pour hâter ce mouvement progressif : tel est est l’objet de ce court rapport. EVOLUTION DES SYNDICATS AGRICOLES A L’ETRANGER. L’étude du Grand Duché de Luxembourg est ici pré cieuse pour nous, et elle est rendue facile par les riches publications de son Gouvernement. Dans cet Etat, il existe des associations syndicales agri coles de divers ordres : a) Des associations syndicales autorisées en vertu de la loi du 28 décembre 1883 ; b) Des associations du même ordre, dites syn d ica ts libres ; c) Des associations locales agricoles dépourvues de personnalité civile. Les premières se forment entre les propriétaires inté ressés, en vue soit d’exécuter certains travaux aux cours d’eau, soit surtout, et plus généralement, d’établir des che mins d’exploitation et de réaliser toutes améliorations de culture ayant un caractère d’intérêt collectif. Elles - Page 91 of 181 [PAGE_91] -------------------------------------------------------------------------------------------- ■sont autorisées par le Gouvernement après enquête préa lable. Elles ont la personnification civile. Quand les pres criptions de la loi sont accomplies, la majorité des inté ressés, représentant les deux tiers de la superficie des terrains, peut lier les autres. Les deuxièmes ont le même objet, mais se forment sans autorisation du Gouvernement. Elles doivent réunir l’adhésion unanime de leurs membres pour exécuter les travaux et accomplir les actes rentrant dans leur objet. En 1893, il existait 177 associations syndicales de la première catégorie-, comprenant 12,207 membres. Elles reçoivent des subsides du Gouvernement. Le nombre des associations libres était de 75, dont 30 s’occupant de la construction do chemins d’exploitation et 45 de travaux d’assainissement et d’irrigation. Les associations locales agricoles de troisième ordre étaient au nombre de 281, so proposant comme obj et l’amé lioration des conditions de l’agriculture par l’instruction mutuelle, l’échange des expériences acquises, l’achat en gros des engrais et des semences, l’acquisition en com mun des machines et instruments aratoires. En 1896, leur nombre était de 290. La valeur de leurs ustensiles aratoires, acquis en commun dans l’exercice, était de 280,000 francs. L’Etat leur donne des subventions calculées d’après le nombre de leurs membres. Certaines d’entre elles acquièrent en commun des engrais chimiques C’est ainsi que se forment des unions de syndicats avec des fonctions propres. En 1885, la société agricole locale de Diekirch a fondé dans ce but, une association centrale à laquelle ont adhéré 38 sociétés locales et qui a réalisé une économie de 50 0/o sur le prix des engrais. La loi française du 21 mars 1884, qui confère la person nalité civile aux syndicats professionnels, a donné une - Page 92 of 181 [PAGE_92] -------------------------------------------------------------------------------------------- impulsion considérable aux syndicats agricoles. On en- juge par les chiffres que j ’emprunte à V A nnuaire des Syndicats professionnels. Leur nombre, en 1895, ôtait de 1188, comptant 398,048 adhérents. S’il faut s’cnrappor ter au rapport de mission de VI. de Rocquigny, ce nombre serait do 1,500, en 1896, comprenant 600,000 membres. Le nombre des syndicats n’exprime pas encore l’activité des classes agricoles, car il y faut ajouter los unions de syndicats agricoles autorisées par la loi môme, bien qu’elles n’aient pas la personnalité civile. Elles sont, en 1895, d’après Y A n n u a ire des Syndicats, au nombre de 17. renfermant 821 syndicats et 505,318 membres, chiffre qui montre qu’évidemment certains syndicats sont com pris dans plusieurs unions. Le plus vaste de ces groupes, qui tend à être une vraie représentation agricole de la. France, l’union des syndicats des agriculteurs, comprend. 505 syndicats. J’emprunte au remarquable rapport de M. de Rocquigny toutes les données qui suivent et qui sont groupées systématiquement, d’après le plan de son travail, légèrement modifié. Les syndidats agricoles de France peuvent se diviser en. deux grandes catégories : 1° les syndicats agricoles ouvriers proprement dits; 2° les syndicats agricoles mixtes embrassant dans leur sein les différents intérêts agricoles, propriétaires, fermiers, employés, ouvriers de culture.. En 1896, il y avait en France 72 syndicats agricoles ouvriers, journaliers agricoles, ouvriers vignerons, ou vriers jardiniers. Leurs fonctions sont celles des syndi cats des ouvriers industriels, dedéfendroles intérêts du tra vail. Ils paraissent localisés dans des départements, sans coordination, et détachés des sociétés de consommation et des mutualités. Les autres syndicats, les syndicats mixtes, sont au nom bre de plus de quatorze cents, d’après de Rocquigny, do plus de onze cents, d’après V A nnuaire; ils s’appliquent cr - Page 93 of 181 [PAGE_93] -------------------------------------------------------------------------------------------- général : à la production, à l’assurance, à la prévoyance, au crédit, à la distribution ou à la vente des produits. Les syndicats de production s’appliquent : a ) A la production végétale, à la production du sol. b) A la production animale, à l’élevage du bétail. c) A la transformation des produits agricoles. A. — Quant à Y E xploitation du sol, les fonctions des syndicats sont : a) L’achat collectif des engrais, la vérification des qua lités, et par suite, le développement de l’emploi des engrais chimiques : ils ont réussi enFrance à abaisser de 40 à 50 p.c. le prix des engrais fabriqués. Grandeau évalue à 12 p. c., en dix ans, l’augmentation du rendement du blé dû aux fumures complémentaires que le sol a reçues. C’est vrai ment l’œuvre syndicale. Elle prépare à mieux soutenir la concurrence étrangère. b) L’achat d’instruments agricoles pour les louer ou prê ter à leurs membres. Ce sont surtout les intruments de tra vail perfectionnés qu’ils acquièrent dans ce but. c) A un degré supérieur, les syndicats forment des asso ciations locales pour l’achat et l’usage commun de machi nes agricoles. Il y a aussi des sociétés coopératives de battage qui répartissent l’emploi des batteuses mécani ques entre leurs membres. d) Des syndicats traitent avec des entrepreneurs spé ciaux qui leur font des remises. e) Des syndicats organisent en commun certains travaux, comme dans le Grand-Duché de Luxembourg, des travaux d’irrigation, de colmatage, d’utilisation d’eau de sewage, de formation de pépinières. B. — Quant à la production animale, les fonctions des syndicats sont : - Page 94 of 181 [PAGE_94] -------------------------------------------------------------------------------------------- a) La création de livres généalogiques, ou sfud-books pour l’espèce chevaline, l’élevage. b) La création de herd-boohs pour l’espèce bovine, l’achat de reproducteurs de choix pour améliorer le cheptel, l’élevage ; les types de ces syndicats sont emprun tés à la Suisse où l’on fait en commun l ’achat d’un taureau de race pure qui sert à la formation d’un troupeau d’élevage. . c) Les achats collectifs de la nourriture du bétail, four rages, paille, graines, son, maïs, tourteaux. d) La mise en commun d’un troupeau entre petits culti vateurs dont la garde et la nourriture incombent successi vement aux divers associés et qui sont conduits tant aux pacages communaux, que sur les parcelles des sociétaires. Les services et produits des animaux sont successivement acquis aux associés qui en ont la garde, et le produit des ventes ou des bêtes abattues, partagé. C. — Quant à la transformation industrielle des produits agricoles, a) Les laiteries coopératives, qui s’élevaient à la fin de 1895 à près de cent et formaient divers groupes territo riaux. Des porcheries sont annexées à un grand nombre de ces laiteries pour l’utilisation du petit lait. b) Les fromageries, qui furent les premières formes de la coopérative agricole en Suisse dans la fabri cation du fromage de gruyère. On en compte 1983 eu France, dans cinq départements seulement. Le lait qui, travaillé à la main, rend 6 à 8 centimes le litre, produit 11 et 12 centimes à la fromagerie. c) Les formes préparatoires à la vérification en commun et, dès à présent, la fourniture du matériel de vérification. d) La mouture,par l’organisation de moulins coopératifs, et la panification, sous la forme de boulangerie coopéra tive. - Page 95 of 181 [PAGE_95] -------------------------------------------------------------------------------------------- e) La distillerie coopérative, la féculerie, la fabrication de l’huile d’olives, l’apiculture, etc. f) La préparation des conserves, légumes, fruits, viandes. g) On a réalisé même la fabrication dos étoffes de laine avec les toisons des troupeaux. A la production agricole peuvent se rattacher les- institutions générales de la prévoyance qui se rapportent, aux personnes et aux biens, et l’organisation du crédit, agricole. Ici, les syndicats poursuivent : a) La réalisation des différentes formes de la mutualité et spécialement l’assurance, contre la maladie, qui compte 50 syndicats. b) La protection des récoltes contre les dégâts du gibier,, du maraudage. c) La destruction des insectes nuisibles ot la préserva tion des maladies cryptogamiques. d) L’assurance contre les risques agricoles et l’incendie. e) Spécialement, l’assurance contre la mortalité du bétail; un grand nombre de syndicats l’ont constituée. f) La mutualité dans le crédit se présente sous la forme- dos caisses Raiffeisen introduites par M. Durand : le nom bre de caisses Durand étaient de 349 en 1895; elles forment une Union. Depuis la loi du 5 novembre 1894, ces sociétés de crédit mutuel se sont constituées, en s’écartant du type pur à responsabilité illimitée des caisses Raiffeisen et. Durand. Quant à la fonction de distribution ou d’échange, il y à deux ordres d’organes. Il y a des organes généraux d’abord : a) Les syndicats agricoles réalisent la vente des produits- en se groupant par région et en organisant des sociétés coopératives de vente, soit spéciales, soit générales. A un. degré de complexité supérieur, il y a la formation de- - Page 96 of 181 [PAGE_96] -------------------------------------------------------------------------------------------- sociétés coopératives do production et de consommation destinées d’une part, à vendre les produits des sociétaires, de l’autre, à leur assurer l’approvisionnement des objets nécessaires à leurs besoins et à leur exploitation. Les opérations de ces sociétés s’étendent au moyen de succur sales, ou d’agents, de correspondants qui les représentent sur divers places importantes, et même à l’étranger. Des associations de cette nature traitent avec des sociétés de consommation, des administrations, des pensionnats, et pour assurer les approvisionnements réguliers de leur co- contractants, certaines associations traitent directement avec les cultivateurs, membres des syndicats affiliés dont elles achètent d’avance les récoltes et qui sont payés régu lièrement en participant aux boni annuels. b) Les syndicats établissent des offices de vente, des dépôts d’échantillons. c) Des expositions collectives de produits agricoles. B. — Il y a des organes spéciaux de vente : a) Des associations spéciales, des offices de vente pour le commerce des villes, au moyen d’expositions, de dépôts d’échantillons, de publicité, de courtiers. b) Des syndicats de vente des céréales en gros qui trai tent pour une collectivité de cultivateurs les marchés de grains. On a tenté même d’organiser le warrantage des grains. Le warrantage du blé a même été réalisé en laissant le cultivateur gardien de son produit ; c’est une forme de gage sans dessaisissement, comme colle que la loi belge de 1884 institue. c) Les syndicats agricoles ont organisé la vente du bétail à des reproducteurs, à des boucheries agricoles, la vente du lait, du beurre, des semences, graines, plants. Ces dernières opérations ont lieu souvent de syndicat pro ducteur à syndicat consommateur; elles donnent des garanties de pureté des produits. - Page 97 of 181 [PAGE_97] -------------------------------------------------------------------------------------------- d) La vente des produits de la culture maraîchère et fruitière est souvent l’objet de syndicats : légumes, fruits frais. Les syndicats expédient des quantités considé rables de fruits et de légumes à l’étranger, en Angleterre surtout. e) Dos syndicats pour la vente dos betteraves aux sucreries et obtenir la stricto exécution des marchés ; f ) Enfin la plus vaste et la plus féconde des manifesta tions de l’activité syndicale est dans les efforts vraiment pleins de grandeur pour mettre les sociétés de consomma tion directement en rapportavecles coopératives agricoles et assurer, par là même, la réalisation non-seulement la plus complexe do la coopération, mais encore un équilibre de plus en plus stable entre la production et la consom mation, l’un des grands desiderata du développement normal dos nations modernes. Un congrès des sociétés de consommation tenu en 1893, à Grenoble, a été suivi, en 1894, de doux congrès à Lyon : l’un, des syndicats agri coles, l’autre, des sociétés de consommation. L’entente s’est réalisée sur la nécessité de fonder des organes com merciaux coopératifs servant de lien entre les deux puissants appareils d’organes de la production et de la consommation. Le commerce coopératif international est lui-même en voie de développement. A ce développement déjà considérable de l’association dans l’agriculture, les syndicats proprement dits et les unions de syndicats ont donc concouru, en France ; on peut dire que ces deux classes d’organes sont indispensables à la transformation de l’agriculture : l’union agricole tend à gé néraliser les syndicats locaux et à élargir de plus en plus la sphère de l’action syndicale, c’est à elle surtout qu’est due le développement de plus en plus considérable des mar chés ; en même temps, elle centralise, elle unifie tous les - Page 98 of 181 [PAGE_98] -------------------------------------------------------------------------------------------- renseignements qu’elle fait rayonner sur tous les points, elle donne l’impulsion aux œuvres d’ensemble, elle est le grand intermédiaire commercial et concourt puissamment à réaliser l’équilibre de la production et la consommationŜ YNDICATS ET COOPÉRATION La conclusion la plus importante à laquelle aboutisse l’étude attentive des syndicats agricoles en France, et de leurs œuvres, a été formulées par M. de Rocquigny : «Ce qui doit apparaître, dans une étude un peu approfondie de l’organisme nouveau, qu’à la faveur de la loi du 21 mars 1884 les cultivateurs ont créé sous le nom de syndicat professionnel agricole, c’est que cet organisme est en germe et tend de plus en plus à devenir, en fa it, une véri table société coopérative do production et de vente des denrées agricoles. L’œuvre pratique tout entière des syn dicats agricoles le démontre avec évidence. » S ’il en est ainsi, nous devons conclure de l’expérience française, prolongée pendant plus de douze ans qu’il faut donner à la législation sur les syndicats une élasticité suffisante pour perm ettre aux syndicats d’accom plir nor m alem ent et sans obstacle l ’évolution coopérative qu’ils renferm ent en puissance. LES SYNDICATS E N BELGIQUE En Belgique, l’histoire et l’organisation des syndicats agricoles n’ont été jusqu’ici l’objet d’aucun travail d’en semble. D'après les renseignements communiqués à M. de Rocquigny par M. Cartuyvels, il y avait à la fin de 1895, 45 syndicats agricoles importants, 65 laiteries coopé ratives, et beaucoup de petits syndicats communaux, particulièrement dans le Hainaut, 8 sociétés coopératives agricoles dans la Flandre orientale, une fabrique de sucre coopérative, un syndicat de vente de betteraves, une meunerie coopérative. - Page 99 of 181 [PAGE_99] -------------------------------------------------------------------------------------------- Indépendamment de ces associations plus ou moins directement dépendantes des syndicats organisés, il faut également compter le Boereribond, Ligue de paysans, et les caisses rurales de Raiffeisen elJes mêmes, bien qu’elles fuissent se rattacher directement à l’organisation du cré dit agricole institué en 'vertu de la loi du 21 juin 1894. A la fin de 1895, dans un rapport très intéressant, M. le cha noine Mellaerts qui a, depuis 1891, et surtout depuis la fon dation de la caisse de Rillaer en 1892, donné une grande impulsion à ces caisses, en élevait le nombre à 30, mais il annonçait que les associations locales de B oerenbond ne tarderaient pas à avoir chacune la sienne. Le dernier rapport, de la Caisse d’épargne signale le fonctionnement de, la caisse centrale du crédit de la Ligue des paysans qui couvre de sa caution les caisses rurales et forme cet organe suprême du crédit agricole dont le règlement de la Caisse d’épargne exige la constitution. Il y a ainsi des liens indéniables entre les syndicats agricoles, tels que la législation actuelle les comporte, et ces organes propres au crédit agricole. On peut dire également que dans la constitution actuelle dtes ligues et des associations se retrouve assez nettement la distinction du syndicat agricole local et de l’union des syndicats agricoles, que nous avons constatée en France. Le B oerenbond, auquel M. le professeur Theunis a con sacré une substantielle étude, a pour programme : « a) Le développement de tout ce qui se rapporte à la pro fession du cultivateur et favorise la culture rémunératrice notamment : l’achat en commun des engrais, des semen ces, des aliments du bétail, l’assurance mutuelle contre la mortalité du bétail, la création d’institution de crédit; » b) lies mesures législatives en faveur de l’agriculture : notamment les droits compensateurs, la répartition plus équitable de l’impôt, l’étude des modifications à introduire dans le régime hypothécaire ; - Page 100 of 181 [PAGE_100] -------------------------------------------------------------------------------------------- » c) L’étude des mesures favorables à l’organisation de la classe rurale. » Le Boerenbond apparaît comme une sorte d’union de syndicats, et les syndicats locaux proprement dits, ce sont les B oerengüden : à la fin de 1895, on en comptait 207 affiliés au Boerenbond avec 10,000 membres, dont 1,000 dans la partie wallonne du pays. Le comité central de la Ligue des p a y s a n s remplit les fonctions d’intermédiaire commercial au profit des B oeren- gilden, qui en sont les éléments constituants; il réalise pour eux des économies de transport et des réductions de prix, en même temps qu’il assure par un contrôle efficace la bonne qualité des produits qu’ils acquiert et surtout des engrais chimiques. La même division des fonctions se présente dans les associations liégeoises; MM. Petit et d’Otr eppe de Bouvette, dans le Syndicat agricole liégeois, groupent les syndicats agricoles locaux autour d’un organe central, chargé de réunir les commandes, d'acheter le moins cher possible, d’assurer la bonne qualité des produits, l’exécution régu lière des marchés. La même concentration semble appli quée dans le Hainaut aux syndicats locaux qui existent, mais nous manquons de renseignements précis. M. Deploige a publié dans la R evue Sociale Catholique une intéressante étude, qui forme le complément du rap port de M. Theunis. Plus récemment, M. l’i ngéuieur agri cole De Yuyst, a rassemblé sur les associations agricoles des renseignements plus complets encore. Le mouvement agricole tend à s’organiser dans les dif férentes provinces, sur le même plan que dans le Brabant et d’après les mêmes principes. Des groupements locaux identiques aux Boerengilde, reliés par un organe central en une ligue de Boerenbond, tendent à se former partout. - Page 101 of 181 [PAGE_101] -------------------------------------------------------------------------------------------- Il y a des organisations centrales à l’image du B oeren bond, dans la Flandre Orientale, la Flandre Occidentale, le Hainaut et la province de Liège. La Flandre Orientale compte 200 sociétés locales, la* province de Liège en compte dans la moitié du nombre de ces communes ; dans le Lim- bourg, où il n’y a pas d’organe central, il y a 44 laiteries coopératives et 65 sociétés d’assurances mutuelle pour le bétail. Le caractère économique est inséparable du caractère religieux dans tous ces associations qui se rapprochent du type de la Boerengilde et du Boerenbond. La gilde est une confrérie religieuse ; dans le Hainaut la fédération s’intitule Coopération de N otre-D am e des C hamps. POINTS DE VUE MORAL ET JURIDIQUE La plupart des syndicats constitués ont donc un carac tère religieux-confessionnel ; on en jugera encore par les statuts absolument uniformes des plus récentes Unions agricoles fondées dans le Luxembourg et qui figurent en annexe dans le M oniteur. Rien n’est plus légitime sans doute, mais avec ce caractère, d’une part, ils limitent leur action à une sphère plus étroite que leurs fonctions économiques ne l’exigent, puisqu’ils réclament des adhé rents une communion religieuse ; d’autre part, ils tendent inévitablement à devenir des organisations de combat. Au point de vue légal, les syndicats en Belgique, dans l ’état actuel, de la législation sont sollicités d’un côté par la forme coopérative fixée par la loi de 1873, d’un autre ■côté par la forme mutuelliste telle qu’elle dérive de la loi de 1895. Les organes centraux, les caisses rurales de crédit se soumettent à la forme coopérative, les syndicats locaux y résistent davantage ; la forme de mutualité leur est léga- - Page 102 of 181 [PAGE_102] -------------------------------------------------------------------------------------------- lement accessible pour plusieurs de leurs objets essentiels, mais la loi de 1895 leur interdit un placement de fonds dans une société commerciale. Le lien d’une législation unitaire manque ainsi, au moins d’une manière normale entre les deux groupes d’organes. Pour nous dans l'œuvre que nous avons à poursuivre, les syndicats agricoles devront nécessairement, d’une part, se dégager de tout caractère confessionnel et se fonder exclu sivement sur la morale de l'humanité qui domine et enve loppe toutes les religions et leur assure une commune tolé rance. Par là seulement, ils peuvent étendre leur action * pacifique aussi loin que les intérêts agricoles l’exigent. D’autre part, ils doivent être autorisés par la loi, sinon à accomplir directement des actes de commerce, du moins à participer à la création de sociétés commerciales et à la formation de leur capital. C’est la condition même d’une évolution normale de l’association agricole, l’expérience en témoigne partout et il est absolument impossible de se soustraire à l’impérieuse logique des faits. LE COMICE AGRICOLE Je me borne à rappeler ici la forme fondamentale de tout groupement agricole, le comice, mais il est néces saire de la rappeler. Généralisé en vertu de la loi, il assurera une représentation à tous les intérêts agricoles. Le comice n 'a p a s le caractère co n tra ctu el, su p érieu r, d u syndicat, cle la m utualité, de la société coopéra tive, mais réorganisé complètement comme le demande le groupe socialiste de la Chambre dans une proposition récenment amendée, il assurera une représentation à tous les intérêts agricoles. Placé par sa nature en dehors des partis, nécessairement neutre au point de vue reli gieux, il assurera un organe de défense à toutes les mino rités, quelles qu’elles soient. D’un autre côté, il donnera - Page 103 of 181 [PAGE_103] -------------------------------------------------------------------------------------------- une impulsion incessante à toutes les institutions contrac tuelles, syndicales, coopératives. Il importe donc de le constituer avec les attributions les plus larges. La nécessité impérieuse de cette institution se révèle par un seul chiffre : en France, malgré les progrès des sociétés libres, des syndicats, le nombre des agriculteurs de toutes classes, associés en 1896, n’atteignait pas 10 °/0 du nombre total des propriétaires ruraux, cultivateurs, domestiques. CONCLUSIONS a) Le parti socialiste doit s’appliquer à donner aux syn dicats agricoles, en dehors de tout caractère religieux et confessionnel, les larges fondements de la morale sociale, de la Justice et de la Solidarité, seuls nécessaires aux institutions économiques et qui comprennent la tolérance et le respect mutuel des opinions. b) Il doit s’efforcer de leur assurer, dans la loi sur les unions professionnelles, le droit, sinon de faire directement des actes de commerce, du moins de participer de la plus large manière possible à la formation de sociétés commer ciales, coopératives, sous toutes les formes. c) Il faut se préoccuper à la fois des syndicats mixtes et des unions et fédérations de syndicats mixtes; l’expérience universelle prouve que leur concours est indispensable. La personnalité civile est nécessaire aux uns et aux autres. d) Il faut, dans des statuts-types de syndicats et d’unions de syndicats, préparer ou favoriser le riche développement d’institutions qu’ils comportent, et il y a lieu, à cet égard, d’élargir, d’après les résultats de l’expérience, les statuts- types dressés par l’Union des agriculteurs de France, afin de suggérer les applications les plus utiles du syndicat. En même temps, dans la pratique, il faut s’appliquer à connaître les besoins spéciaux des différents milieux - Page 104 of 181 [PAGE_104] -------------------------------------------------------------------------------------------- agricoles, afin d’y adapter les formes spéciales d’institu tions de mutualité ou de coopération qui peuvent y satis faire. e) Les syndicats d’ouvriers, journaliers, journalières, domestiques, servantes, agricoles, horticoles, sylvicoles, doivent tendre à se constituer par régipns agricoles et à so fédérer, mais leur développement paraît devoir être subordonné au développement de la mutualité à celui des sociétés de consommation et des Bourses du travail. Celles-ci seront facilement établies, en servant d'ailleurs directe ment les intérêts des ouvriers agricoles et des chefs d’exploitation ; mais il semble que cette institution doive être l’œuvre surtout des comices agricoles. f) Les sociétés coopératives de consommation devront s’appliquer à rechercher en commun les moyens de favo riser la formation de syndicats et de sociétés coopératives agricoles, en ouvrant des débouchés durables à leurs pro duits. Un secrétariat spécial, à créer par elles, serait désirable : il pourrait embrasser tous les autres aspects de la question syndicale agricole. g) L’un des objets de préoccupation les plus importants doit être de rattacher, en les respectant, les créations spontanées des syndicats, surtout dans le domaine de la prévoyance, de l’assurance et du crédit, aux institutions destinées à eu généraliser, par l’intervention de la loi et même obligatoirement, les bienfaits dans tous le pays. h) Dans la constitution de tout syndicat agricole mixte réunissant les représentants des différents intérêts de la propriété, de l’entreprise, du travail, il faut s’attacher à faire établir des conseils do conciliation et d’arbitrage pour régler et prévenir les conflits entre propriétaires et locataires, entre entrepreneurs et ouvriers. i) L’exemple du Grand-Duché de Luxembourg montre que l’intervention de l’Etat par des subsides favorise puis- - Page 105 of 181 [PAGE_105] -------------------------------------------------------------------------------------------- sammentl’expansion des entreprises syndicales. Cet exem ple est précieux aussi pour le développement des formes supérieures de la coopération agricole, des travaux d’amé lioration en commun. j ) Les syndicats peuvent être dirigés vers des applications expérimentales de culture en commun, et particulièrement, la mise en valeur des terrains communaux peut être l’objet d’entreprises coopératives. L ’extension du domaine communal qui, à d’autres points de vue, doit être l’objet de nos efforts,peut s’accompagner du développement de la coopération dans l’exploitation du sol. k) Le Comice agricole réorganisé d’après la proposition de loi amendée, du groupe socialiste de la Chambre, avec les larges attributions qu’il doit avoir, et le caractère de neutralité qui dérive de sa nature, doit être à la base d<; toutes les in stitu tio n s agricoles contractuelles. L e R a p p o rteu r, H. Denis. PROJET DE STATUTS d ’u n S Y N D I C A T A G - R I O O L B JJÆI2CTJS3 c ’e s t a d i r e em b ra ssa n t les différents in térêts agricoles Ce projet est directement inspiré par le projet type de la société des agriculteurs de France. Les modifications assez considérables qu’il présente a u x art. 7, 8, 16,17 et 18 surtout sont dictées p a r la préoccu pation d'indiquer l'étendue du domaine syndical, p a r celle - Page 106 of 181 [PAGE_106] -------------------------------------------------------------------------------------------- de réaliser le p lu s haut dégré possible de justice, dans la représentation, dans les délibérations des différents intérêts agricoles et d'assurer leur conciliation et, avec elle, l’évo lution pacifique du régime agricole. Je.me place naturellement dans l'hypothèse d'une loi accordant la personnification civile a u x syndicats. Le Rapporteur, Hector DENIS. TITRE I Constitution du Syndicat A r t ic le p rem ier. —• Il est formé entre les soussignés et ceux qui adhéreront aux présents statuts un syndicat ou association professionnelle qui sera régi par la loi du et par les dispositions ci-après : A r t. 2. — L’Association prend pour dénomination : Syndicat agricole de la province de (de l’arron dissement de ou du ressort du comice de ) iSon siège est établi à . Sa durée sera de (ou illimitée). Elle commencera du jour du dépôt légal de ses statuts. TITRE II Composition d u S yndicat A r t . 3. — Peuvent faire partie du syndicat : 1° Les personnes ayant domicile ou qualité de proprié taires dans l’étendue de la province de (d* l’ar rondissement de ) ou du comice de faisant valoir par elles-mêmes, ou par métayers ou fer miers des fonds situés dans la même étendue. 2° Les fermiers, les métayers préposés à l’exploitation de ces mêmes fonds ruraux ; 3° Les serviteurs et ouvriers employés à la culture de ces mêmes fonds ; - Page 107 of 181 [PAGE_107] -------------------------------------------------------------------------------------------- 4° Et généralement les personnes ayant domicile dans l’étendue de la province de (de l’arrondissement de ) exerçant une profession connexe à celle d’agriculteur. 5° Les femmes remplissant l’une des conditions énoncées ci-dessus. Art. 4. — Pour, être admis à faire partie d’un syndicat, les postulants devront être présentés par deux de ses membres ; leur demande sera soumise à la chambre syndi cale qui statuera sur l'admission de la majorité (ou simple, ou des deux tiers, ou des trois quarts) des membres pré sents, sauf recours à l’assemblée générale. Art. 5. — Tout membre peut se retirer, à tout instant, de l’association. — A cet effet, il adresse sa démission par lettre chargée, au président, qui en accuse purement et simplement réception. Tout membre démissionnaire doit le montant de sa cotisation annuelle en cours ; il perd tous ses droits sur"" le patrimoine syndical. Art. 6. — La faillite, la déconfiture notoire, uue con damnation entachant l’honorabilité, le défaut de payement dos cotisations après trois lettres de rappel entraînent l ’exclusion, qui est prononcée par la chambre syndicale, sauf recours à l’assemblée générale. TITRE III Objet du Syndicat Art. 7. — Le Syndicat a pour objet général 1' 'étude et la défense des intérêts économiques agricoles. Il se fonde sur les principes de la morale sociale, le respect de la dignité humaine, la justice, la solidarité. Il professe la plus large tolérance et s’interdit toute controverse philosophique ou religieuse. Art. 8. — Il se propose spécialement : - Page 108 of 181 [PAGE_108] -------------------------------------------------------------------------------------------- 1° D’examiner toutes les mesures économiques et finan cières et toutes les réformes législatives et administratives que peut exiger l’intérêt de l’agriculture et des classes agricoles; d’en réclamer la réalisation des autorités e t pouvoirs compétents de concourir à leur application; 2° De propager l’enseignement agricole et les notions professionnelles, tant par des cours, conférences, réunions, distribution de brochures, installation de bibliothèques, que par tous autres moyens reconnus utiles ; 3° De centraliser les renseignements relatifs à l’agri culture, de concourir à la statistique agricole, de fonder des bourses du travail agricole; 4° De concourir à la production agricole : a) Eü provoquant, favorisant et subventionnant des essais de culture, d’assolem ents, de sem ences, de plants, d’engrais, de m achines et instruments perfectionnés e t tous les autres m oyens propres à am éliorer la production, à faciliter le travail, à diminuer le prix de revient, à augm enter le rendement, à réduire le prix de la vie et à, am éliorer le bien-être dans les cam pagnes; b ) En intervenant directement ou par l’institution de sociétés coopératives de consommation, de production ou mixtes, à l’effet d’acquérir pour compte ou dans l’intérêt de ses membres des engrais, semences, nourritures du bétail, instruments agricoles, d’organiser des travaux d’amélioration ou de culture en commun, de créer des livres généalogiques pour le bétail, de réaliser l’association pour l’élevage, la laiterie, la fromagerie, la meunerie, la préparation des conserves de légumes, fruits, viandes, etc., et plus spécialement : a )De se procurer des instruments agricoles perfectionnés, destinés à être loués ou confiés à ses membres pour leur usage exclusif; b) D’acheter, dans le même but, des animaux reproduc- - Page 109 of 181 [PAGE_109] -------------------------------------------------------------------------------------------- leurs supérieurs des races chevaline, bovine, ovine et porcine ; c) D’instituer un laboratoire ou un expert pour l’analyse des terres et des engrais; û) De veiller à l’ordre général des champs, de protéger les récoltes et d’entretenir les chemins ruraux. 5* De préparer, encourager, soutenir ou créer des institutions de prévoyance ou d’assurance mutuelle telles que les caisses de secours mutuels, l’assurance contre la maladie, les accidents, les chômages, le s J caisses de retraite pour la vieillesse, l’assurance mutuelle contre la mortalité du bétail, la gelée, la grêle, l’incendie; de débattre toutes les questions relatives aux conditions du travail et à sa rémunération aux systèmes d’amodiation et aux conditions des baux ; 6° De concourir à l’organisation du crédit agricole réel et et personnel ; 7° De créer des offices de renseignements et d’entremise pour la vente des produits agricoles et la surveillance des livraisons, do favoriser la vente et la surveillance des- produits agricoles en organisant des magasins généraux ou des dépôts de vente pour le blé, le lait, le beurre, les œufs, la volaille, etc., et en se chargeant des expéditions aux acheteurs ; de concourir dans le même but à la forma tion de fédérations des syndicats agricoles et d’étendre, soit par leur intermédiaire, soit par les organes coopé ratifs qu’elles créeraient, leurs rapports commerciaux à l’intérieur du pays et à l’étranger et d’établir des liens durables avec les sociétés coopératives de consommation ; 8° De donner des avis et consultations sur tout ce qui concerne la profession agricole ; d’examiner les affaires contentieuses qui lui sont soumises par ses membres ou qui ont été soumises à son appréciation par les tribunaux ; de fournir des arbitres ou. des experts pour la solution des - Page 110 of 181 [PAGE_110] -------------------------------------------------------------------------------------------- questions rurales litigieuses ; de recueillir les usages c [cou tumes des localités, d’élaborer des baux types, etc. ; 9° D’instituer des conseils do conciliation destinés à prévenir et à apaiser tous les confliits entre propriétaires et locataires, et entre chefs d’exploitation et ouvriers. TITRE IV A d m in istra tio n du S y n d ica t A rt. 9. — Les syndicat est administré et dirigé par un bureau, lequel est assisté, à titre purement consultatif, d’une chambre, dite chambre syndicale. § I . — BUREAU Art. 10.—Lebureau se compose de sept membres savoir: Un Président; deux Vices-Présidents; un Secrétaire- général ; deux Secrétaires ; un Trésorier. Ils sont nommés par la chambre syndicale et choisis dans son sein, pour trois ans. Ils sont rééligibles. Nul ne- peut être membre du bureau s’il n’est majeur et n’a la jouissance de ses droits civils. Art. 11. — Le Bureau se réunit sur la convocation du président ou du membre qui le remplace; tous les mem bres étant convoqués, il délibère valablement si quatre sont présents. ■ Art. 12. — Le Bureau prend toutes les décisions et mesures sur toutes les matières qui se rattachent à l’objet de l’association, à ses intérêts généraux et particuliers. Il prépare les travaux, propositions et ordres du jour à soumettre à la chambre syndicale et, sur l’avis do celle-ci, aux assemblées générales. Chaque année il présente à l’assemblée générale un rapport sur l’ensemble des opé rations du syndicat et sur la situation active et passive du patrimoine syndical. Art. 13. — Le Président dirige les travaux de l’associa- - Page 111 of 181 [PAGE_111] -------------------------------------------------------------------------------------------- tion, il ordonne les convocations et préside les séances, il a voix prépondérante en cas de partage. 11 signe, conjointement avec le secrétaire, les procès-verbaux des séances et les lettres d’admission. Il concilie, si faire se peut, les membres du syndicat à raison des différends que ceux-ci lui soumettent, ou il les renvoie aux mêmes Ans devant la chambre syndicale. En cas d’absence, il est remplacé par l’un des vice-présidents. Art. 14. — Le secrétaire-général tient la correspon dance et peut la signer par délégation du Président, il rédige les procès-verbaux des séances. Au besoin, il est remplacé par l’un des secrétaires. Il peut lui être alloué des frais de bureau. Art. 15. — Le Trésorier est dépositaire des fonds du syndicat ; il recouvre les cotisations et toutes les sommes dues ou acquises à l’association ; il solde les dépenses sur le visa du Président ; il en donne l’état à la vérification du Bureau. Il dresse à la fin de chaque année le compte de l ’exercice annuel et établit la situation financière à ce jour. § II. — CHAMBRE SYNDICALE A r t . 16. — Dans tous les syndicats agricoles mixtes, embrassant les 4 différentes classes agricoles énumérées à l ’art. 2 §§ 1 à 3, la chambre syndicale se compose de 16 membres au moins ou d’un multiple de 16 ; ses membres sont choisis autant que possible dans les diverses divisions territoriales de la circonscription du syndicat ; elle com prend, en nombre égal, des représentants de chacune des classes agricoles ; ces membres pourront être nommés par l ’assemblée générale, à la majorité des voix, pour quatre années; mais, dans le silence des statuts, ils sont désignés respectivement par les catégories correspondantes du syndicat. Ils sont soumis à réélection, par quatre, tous les ans. Los femmes peuvent faire partie de la Chambre synd icale. Il y a toujours au moins une femme parmi les - Page 112 of 181 [PAGE_112] -------------------------------------------------------------------------------------------- délégués de la catégorie des travailleurs salariés. Là où des professions connexes à l'agriculture seront comprises dans le syndicat, il leur sera assuré au moins un repré sentant dans la chambre syndicale. La chambre syndicale se réunit de droit en assemblée plénière tous les mois, sur la convocation du président. El'e délibère valablement, quel que soit le nombre des membres présents. A r t . 17. — Elle se divise en trois sections, entre lesquelles sont réparties, pour leur étude et leur examen, les difïé- rentes matières dont s’occupe le syndicat ou les différents aspects d’une même question, savoir : la culture et les branches connexes, le travail et renseignement, la légis lation. Les membres des différentes classes agricoles com prises dans la chambre syndicale peuvent se réunir e t délibérer séparément. Quand une question divise les intérêts de deux ou plusieurs classes agricoles, leurs représentants sont tou jours consultés, et la question n’est soumise à l’assemblée générale du syndicat que si les majorités respectives des catégories intéressées de la chambre syndicale on décident ainsi. A r t . 18. — Elle rend son avis sur tous les objets qui lui sont soumis par le bureau et qui se rattachen t au but de l’association et lui fournit les renseignements ou , documents qui peuvent intéresser ou éclairer sa direction. Elle donne au bureau les avis dont il est question à l’art. 24. Elle examine les affaires contentieuses qui lui sont ren voyées par le Président, ou qui sont portées directement devant elle par les membres du syndicat ; elle, les concilie, si faire se peut, ou rend à leur égard des sentences arbi trales. A cet effet, la chambre syndicale forme dans son sein deux conseils de conciliation et d’arbitrage pour pré- - Page 113 of 181 [PAGE_113] -------------------------------------------------------------------------------------------- venir, concilier, ou régler par voie de sentence, les diffé rends qui peuvent surgir ou ont surgi : 1 ° Entre propriétaires non cultivateurs et fermiers ou métayers ; 2°Entre cultivateurs et ouvriers ou domestiques agricoles Elle examine les affaires qui sont soumises à son appré ciation par les tribunaux et dresse à cet égard son rapport. Ce rapport est tenu à la disposition des parties qui peuvent en prendre communication et copie. Elle désigne ceux des membres du syndicat qui doivent être présentés comme experts aux tribunaux civils ou de commerce. § III. — ASSEMBLÉE GÉNÉRA LU A r t . 19.—L’assemblée générale,composée de l’universa lité des membres du syndicat a lieu au moins une fois par an, aux époques qu’elle aura fixée; elle pourra, en outre, être convoquée extraordinairement toutes les fois que le bureau le jugera nécessaire ou qu’une des sections de la chambre syndicale ou la dixième partie des membres syn diqués le requerront. Elle est présidée par le Président du bureau. Les décisions sont prises à la majorité, quel que soit le nombre des membres présents. A la troisième épreuve, la majorité relative suffit. Ne sont admis au vote que les sociétaires qui ont payé leur cotisation. Eile entend le rapport du bureau et celui du trésorier ; elle procède, quand il y a lieu, aux élections pour le renouvellement do la chambre syndicale. A r t . 20. — L’Assemblée générale statue sur toutes les propositions qui lui sont faites; toutefois les propositions émanant de l’initiative individuelle devront être préala blement communiquées à la chambre syndicale, qui en saisira, s’il y a lieu, l’assemblée générale. - Page 114 of 181 [PAGE_114] -------------------------------------------------------------------------------------------- TITRE Y P a trim o in e et p erso n n a lité d u S yndicat A r t . 21. — Le patrimoine du syndicat est formé au moyen: 1° Des cotisations régulières des membres du syndicat; 2° Des dons et libéralités qui pourraient lui être faits ; 3° Des subventions qui pourraient lui être accordées. Il est administré par le bureau qui peut choisir un agent comptable salarié. A r t . 22. — Chaque membre est tenu de payer annuelle ment une cotisation fixée à . . . . A r t . 23. — Le Président du bureau agit au nom du syndicat et le représente dans tous les actes de sa vie civile. Il exerce toutas actions judiciaires, tant en demandant qu’en défendant, et tous droits immobiliers, tant activement que passivement, en vertu d’une délibération du Bureau et après avis consultatif de la Chambre syndicale. En cas d’urgence, l’autorisation du Bureau suffit, sauf à rendre compte à la prochaine réunion de la Chambre syndicale. Il règle librement toutes les dépenses courantes. TITRE VI D issolution du Syndicat. Art. 24, — En cas de dissolution, pour quelque cause que ce soit, il sera pourvu conformément à la loi. A défaut de dispositions contraires, le patrimoine social sera liquidé et le montant en sera remis à une ou plusieurs institutions agricoles que l’assemblée générale désignera. TITRE YII D ispositions Générales Art. 25. — Les présents statuts seront susceptibles, dans une assemblée générale extrordinaire, de révision et de modifications. - Page 115 of 181 [PAGE_115] -------------------------------------------------------------------------------------------- Il sera fait sur tout projet de modification et révision, un rapport par la Chambre syndicale. Art. 26. — Les présents statuts seront imprimés. Un exemplaire en sera remis à chaque sociétaire et por tera l’indication de son nom et la date de son admission. Art. 27. — Les membres du Bureau sont chargés de faire le dépôt des statuts et des noms des membres du dit Bureau, conformément à la loi. Ce dépôt sera renouvelé à chaque changement de la direction ou des statuts. DISCUSSION DU RAPPORT DENIS D e b a r s y croit devoir ap p eler l ’a tten tio n sur des points sp écia u x . L ’enseignement agricole doit se donner dans un établis sement régional, où à la ferme-modèle seraient établis un ingénieur, enseignant la science, et un fermier, ayant la pratique. Le service médical doit surtout s’entendre du service appliqué au bétail. La question de la suppression des intermédiaires doit être examinée. L’orateur propose de présenter au prochain Congres : 1° Une imposition fortement progressive sur les terrains improductifs, tels que parcs, pelouses et les bois clôturés; 2° Interdiction de déboiser sans autorisation ; 3° Le reboi sement obligatoire des terrains ; 4° Le payement des fer mages en nature ou plutôt l'échelle mobile des fermages; 5° La réserve insaisissable du mobilier ; 6° L’allouement des primes pour les reproducteurs, régionalement et non plus par province ou arrondissement ; 7° Nomination du jury pour l’allouement des primes par le suffrage universel. Denis estim e qu’oa n e peut discuter le fond de ces questions aujourd’hui; une commission devrait les e x a miner. - Page 116 of 181 [PAGE_116] -------------------------------------------------------------------------------------------- Urgentes sont aussi les questions de la retraite des ouvriers et de l’assurance contre les accidents. Hector D e n is dem ande qu’o n l ’au to rise à fa ir e in scrire dans la loi su r le s un ion s p ro fe ssio n n e lle s, le droit pour le s sy n d ica ts p ro fessio n n els, sin o n d e fa ire d irectem en t des a c te s de com m erce, du m oin s de p articip er de la p lu s la r g e m an ière possible à la fo rm ation de so ciétés co m m er cia les, co o p éra tiv es, so u s to u te s le s form es. La section centrale s’est opposée à cette manière de voir. {Adopté.) RAPPORT SUR-L’ORGANISATION DE LA PROPAGANDE SOCIALISTE PARMI LES CAMPAGNARDS I La question agraire est à l’heure présente à l’ordre du jour des préoccupations des partis ouvriers. Jusqu’en 1893, le parti ouvrier belge n’avait inscrit à son programme aucune réforme intéressant spécialement les campagnards; jusqu’à cette époque son attention avait été presqu'exclusivement sollicitée par les travail leurs industriels. Cette même année, sur l’inspiration des résolutions du parti ouvrier français à Marseille au sujet de la question agraire, d’autre part, sous la nécessité de répandre sous u n régime électoral étendu, les idées socialistes chez les p aysan s, masse considérable, constituant un tiers de la population belge, les Congrès de Bruxelles et de Quare- g n o n , dotèrent le Parti ouvrier d’un ensemble de revendi cation s, concernant spécialement les ouvriers agricoles e t les petits fermiers. Depuis la question agraire envisagée au point de vue socialiste, a été souvent discutée au sein de nos assemblées «t aussi dans notre presse, mais elle n’a pu être élucidée. - Page 117 of 181 [PAGE_117] -------------------------------------------------------------------------------------------- Nous devons avouer en toute humilité que si nous pou vons entrevoir la solution de la question agraire au point de vue théorique et de l’idéal à poursuivre par similitude de la situation agricole avec la situation industrielle et par l’évolution de la propriété (1), nous devons reconnaître que nous possédons peu d’éléments de réelle valeur, qui soient de nature à faciliter notre pénétration dans les villages. Nous pouvons aussi avouer que nous n’avons sur la situation agraire que des indices, de sérieuses présomptions et peu de faits ; que nous sommes loin de connaître exac tement et complètement les conditions d’existence des ruraux. Nous savons que l’action capitaliste commence à être ressentie dans ses troublants et nuisibles effets jusque dans (1) R é s o l u t io n d u Co n g r è s d e L o n d r e s 1896. — La mono polisation de la terre. — Les maux, toujours croissants, que l’exploitation capitaliste de l’agriculture entraîne pour le cultivateur du sol, et pour la société toute entière, ne dispa raîtront complètement que dans une société où le sol, aussi bien que les autres moyens de production, appartiendront à la collectivité, qui les fera exploiter dans l’intérêt commun, en employant les procédés de culture les plus perfectionnés. La condition économique et la division en catégories de la population agricole, dans les différents pays, présentent une diversité trop grande pour qu’il soit possible d’adopter une formule générale qui imposerait à tous les partis ouvriers les mêmes moyens de réalisation de leur idéal commun et qui serait applicable à toutes les classes qui ont intérêt à cette réalisation. Mais il y a, pour chaque parti ouvrier, une tâche essentielle et primordiale : l’organisation du prolétariat rural contre ceux qui l’exploitent. En conséquence, Le Congrès déclare qu’il y a lieu de laisser aux différentes nationalités le soin de déterminer les moyens d’action les mieux adaptés à la situation de chaque pays. - Page 118 of 181 [PAGE_118] -------------------------------------------------------------------------------------------- les campagnes. L’extension des moyens de communica tions, le poids d’impôts toujours plus écrasants, la trans formation des cultures, l’industrialisation de l’agriculture, la mise en culture d’immenses territoires en Russie, aux Indes, en Amérique, les charges hypothécaires de plus en plus lourdes, la concentration du sol entre les mains des plus riches et le développement du prolétariat des champs sont des signes certains de la transformation de la propriété. Nous savons tout cela, mais nous sommes loin de connaître exactement et complètement les conditions d’existence des ruraux et l'étendue des maux qui les assaillent et les appauvrissent. Et cela se conçoit aisément ! Le milieu industriel est de plusieurs stades en avance sur le milieu agricole. De c» fait, les idées socialistes devaient se trouver plus facilement assimilables par les ouvriers industriels qui perçoivent intuitivement, de visu, mieux que les travailleurs agri coles la transformation de la propriété et des conditions économiques du travail. Les partis ouvriers sont sortis des milieux industriels : ce sont généralement les ouvriers de la grande industrie, ceux des industries mécanisées, qui ont constitué le noyau des organisations, et les autres besogneux, ceux de la petite industrie, par exemple, n’arrivent au groupement syndical et au socialisme qu’au fur et à mesure du degré de mécanisation de leur métier. En résumé, c’est l’industrialisation de la production qui a eu pour résultante la constitution des partis ouvriers actuels. Dès lors, il est naturel de penser que c’est à la défense des intérêts des ouvriers industriels que soient allées les premières préoccupations socialistes. , Aujourd’hui, l’intérêt du prolétariat industriel se transforme, il s’élargit, il se sent inséparable de l’intérêt du prolétariat des champs, par suite de l’envahissement - Page 119 of 181 [PAGE_119] -------------------------------------------------------------------------------------------- de ce dernier dans les centres industriels et les villes, par suite aussi de l’industrialisation de l’agriculture. Aussi le socialisme sent-il qu’il doit aller aux paysans ! Ce n’est pas chose facile, à cause d’eux, à cause de nous- mêmes : les préjugés jetés par les classes dirigeantes entre les travailleurs des villes et des champs, le manque d’instruction des premiers, notre ignorance des faits de la vie rurale et de la situation agraire. La psychologie des ouvriers industriels et des travailleurs des champs se différencie : leur façon de penser, de juger, d ’apprécier est différente ; ils voient autrement, ils conçoi vent autrement. En général, le paysan, surtout le paysan flamand est peu instruit et souvent il est illettré. Il est méfiant. Le paysan wallon n’est pas le paysan flamand, mais tous deux, à des degrés différents, sont méfiants et intéres sés. L’état d'âme du paysan est à étudier. La difficulté de pénétration s’accroît des résistances que montrent et organisent les propriétaires du sol, les fermiers et les industriels menacés dans leurs privilèges par l’émancipation des serfs de la terre : ils se défendent et l’Eglise s’unit au capitalisme pour organiser la résistance. Une difficulté encore, c’est la différenciation des condi tions économiques et morales de région à région. La Belgique présente six régions distinctes par la nature du soi, le mode de culture et la forme de la propriété foncière. Les P o ld ers, la F la n d re et la Campine, la Hesbaye, le C ondroz et Y A rdem ie nous présentent des degrés bien différents de fertilité, des systèmes de culture divers; le sol est inégalement divisé, le machinisme ne s’est implanté qu’en Hesbaye ; plusieurs contrées ont conservé des siècles passés des mœurs et des usages tout particuliers. Mais en règle générale, on peut dire que la situation du - Page 120 of 181 [PAGE_120] -------------------------------------------------------------------------------------------- petit cultivateur ne se présente guère sous un jour favo rable et que celle de l’ouvrier agricole est tout simplement lamentable. Mais tous ces obstacles ne pourraient arrêter l’expansion du socialisme, fatale comme l’évolution de la société, elle, même; bien, au contraire, elles ne peuvent qu’augmenter son ardeur de prosélytisme. II. — Connaître la campagne L’attention socialiste se tourne indicible vers les paysans en Belgique, en France, en Allemagne, en Italie, partout; et oartout elle se pose de la même façon : P réa la b lem en t con n a ître la cam pagne. A la veille du Congrès socialiste international de l’an dernier, la Fédération ouvrière bruxelloise, préoccupée de donner à la solution du problème agraire, un caractère positif donna à son délégué le mandat de convier les partis ouvriers à entamer une vaste enquête sur la situation des campagnes, afin d’élucider en connaissance de cause cette importante question. Voici, pour le surplus, l’ordre du jour qui fut voté : La Fédération ouvrière bruxelloise demande au Congrès socialiste international de Londres : 1° De ne trancher en aucune façon la question agraire ; 2° De nommer un Comité international chargé de recueillir tous les éléments, statistiques et autres sur la question agraire. Au Congrès de Londres, la proposition fut admise en ces termes : Le Congrès déclare qu’il y a lieu d’établir des relations internationales entre les commissions d’études créées, ou à créer, dans les différents pays, afin de centraliser les docu ments, statistiques, et autres travaux, se rapportant à la question agraire. Depuis, la Fédération ouvrière bruxelloise a mis sa. AMSAB - Page 121 of 181 [PAGE_121] -------------------------------------------------------------------------------------------- proposition en pratique : une enquête sur les conditions ■économiques, intellectuelles et morales des habitants de la campagne a été formulée; un questionnaire très com plet a été adressé à un grand nombre de personnes compétentes. L’enquête se poursuit : d’ici à peu de temps, nous posséderons la monographie sociale de la plupart des villages de l’arrondissement. D’autre part, B. Yandervelde a lancé la même idée dans le Peuple et a pu ainsi recueillir un certain nombre de monographies de villages appartenant à des régions diffé rentes du pays. L’idée devrait être généralisée, l’enquête étendue à , toute la Belgique par l’intermédiaire d’une commission spéciale désignée par le Conseil général. La nécessité de connaître les campagnes pour les -conquérir est évidente. Jusque dans ces derniers temps, la plupart de nos orateurs et àe nos propagandistes s’adressaient aux paysans en des discours identiques à ceux qu’ils font aux auditoires d’ouvriers industriels : la loi électorale, le régime militaire, Je Congo, la dotation du Comte de Flandre, l’incurie du gouvernement vis-à-vis des petits et des paysans, la concentration des capitaux, les réformes d’ordre général de notre programme, et puis quelques mots sur la chasse, la teneur des baux, etc. Mais dans ces discours, rien dematêriellementtangible, rien qui s’appuya sur les choses connues des paysans rien de ce qui fait leurs peines, leurs appréhensions et leurs douleurs, rien qui parla à leur _ compréhension d’exploités ■et de souffrants. Pourquoi? Ignorance des propagandistes ouvriers de la condition des paysans. L’enquête est le remède. - Page 122 of 181 [PAGE_122] -------------------------------------------------------------------------------------------- Le jour où les mains pleines de faits intéressant la vie des campagnards, parlant éloquemment de leur existence d’asservis, nous nous présenterons à eux, ils nous com prendront. Le peuple ne peut bien saisir que ce qu’il a vu, enduré, vécu. L’orateur ira à lui pour tirer une conclusion d’un ensemble de faits connus. La conquête des travailleurs des champs est à ce prix : Quand, pour chaque village, nous saurons qui détient le sol, les profits qui en sont tirés, l’usage qui en est fait, la part du travail, l’assujetissement moral des paysans et quand nous pourrons montrer pièces, et chiffres à l’appui comment est et pourrait être gérée la terre, la conquête des paysans sera irrésistible. Cette enquête aura encore pour résultat : 1° De compléter et aussi de rectifier les enquêtes et les rapports officiels ; 2° D’élucider la question théorique. Mais elle doit être avant tout la base de notre propa gande. Cette enquête sera permanente, en ce sens que les renseignements s’ajouteront aux renseignements, les docu ments aux documents. Le dossier de la bourgeoisie doit rester ouvert. Avec ces armes, la victoire est au socialisme. Pour ce travail, la nomination d’une commission est indispensable ; celle-ci aura aussi pour mission de rassem bler tout ce qui est de nature à jeter quelque lumière sur le problème agraire : rapports, ouvrages, brochures, statistiques, études, contrats, bails, législation, rensei gnements techniques, etc, tant belges qu’étrangers. La commission reviendra, dans un délai de, nous indiquer comment la question agraire se présente en Belgique. - Page 123 of 181 [PAGE_123] -------------------------------------------------------------------------------------------- Elle devrait aussi avoir pour mission de résumer en une brochure les résultats de son enquête et de ses travaux : ce serait le guide, le vade-mecum du propagandiste socialiste à la campagne. III. — La propagande En attendant le jour où le socialisme pourra s’appuyer sur les campagnards — et ce jour n’est plus si éloigné à en juger par les adhésions que nous recueillons dans les milieux foncièrement agricoles — pour faire son éclosion et s’étendre dans les champs, nous devons nous résigner à faire la propagande rurale avec des socialistes de la ville et des centres industriels. Notre propagande nous amènera bientôt, — il s’en produit déjà — des propagandistes socialistes do la campagne. Mais puisque les circonstances nous obligent à nous appuyer pour notre propagande sur les compagnons de l’industrie, faisons leur comprendre que leur premier devoir est de suppléer à l’expérience par l’étude et par l’observation et déclarons que le parti a pour tâche de faciliter leur travail de prosélytisme. Au sujet de la propagande, deux questions se posent : 1° Quel doit être l’objectif; 2° Comment doit-elle être faite ? A la première question, il est aisé de répondre : notre propagande doit avoir comme toute propagande socialiste un double aspect, négatif en ce sens qu’elle doit faire la critique de l’état social (voir résultats de l’enquête), positif, en ce sens qu’elle doit être l'affirmation de nos principes, le développement de notre programme et des réformes spéciales à l’agriculture. Pour l’exposé de ces dernières réformes, les éléments de réalisation, les faits intuitifs sont peu connus des socialistes, - Page 124 of 181 [PAGE_124] -------------------------------------------------------------------------------------------- ils existent cependant. Il faudrait les leur fournir : ce serait un point à examiner par la commission. Quant aux principes de notre parti nous savons que par tactique, tous les propagandistes ne les ont pas toujours affirmés nettement dans les meetings à la campagne. On craint d’effrayer la population paysanne. Nous estimons que c’est non seulement une faute, mais encore une erreur de tactique. Nous avons pour devoir dire l’exacte vérité ; nous devons partout déclarer que les réformes et particu lièrement les mesures agricoles réclamées par le parti sont de nature à favoriser le développement de la solidarité, le sentiment de conscience chez les travailleurs; qu’elles peuvent améliorer temporairement la situation d’une portion de la population, mais qu’elles ne peuvent jamais constituer une solution. Nous devons démontrer et affirmer que la question sociale est une question de propriété. Ne nous laissons pas entraîner par notre ardeur de prosélytisme à émasculer le socialisme en faisant des actes de foi en la toute vertu des réformes immédiates de notre programme. Là est le danger. Il ne faut pas que les paysans bercés par la vertu illu soire et magique de réformes secondaires puissent un jour se tourner contre nous quand ils se seront aperçus de leur peu d’efficacité. Affirmons toute notre doctrine ! Disons la vérité, quoi qu’il advienne ! Les paysans viendront peut être plus difficilement à. nous, mais ils y viendront plus sûrement. La propagande do la démocratie chrétienne aura bien tôt fait parcourir aux parias de la terre la distance qui les sépare du socialisme. Elle sème pour nous. Après avoir fait l’essai de la démocratie chrétienne, les paysans se tourneront contre elle quand ils s’apercevront que rien - Page 125 of 181 [PAGE_125] -------------------------------------------------------------------------------------------- n ’a été changé. Le socialisme alors, leur apparaîtra à leurs yeux désillés comme la vérité. a ) l ’o r g a n i s a t i o n d e s r u r a u x Pour l’heure présente, ce qui nous paraît l’œuvro de propagande le plus essentielle de l’activité socialiste à la campagne, c’est Y organisation des ru rau x. Le Parti ouvrier est au début de sa propagande parmi les prolétaires des champs ; il est dans la même situation qu’il y a douze ans, quand il se créait. Quel était le mot d’ordre alors ! Organisez-vous, ouvriers des usines et de l’atelier ! Et l’on vit le pays se couvrir d’organisations de toute espèce. Ce mot d’ordre qui n’a rien perdu de son actualité, doit être aussi celui des travailleurs de la terre. Réunir les paysans, les grouper, les organiser n’est-ce pas le moyen fécond, le moyen certain de leur faire prendre conscience d’eux-mêmes, de préparer la révo lution dans les campagnes ? Allons aux travailleurs des champs, disons-leur, répétons-leur : Organisez-vous pour vous-mêmes, pour le salut des vôtres, pour votre rédemption ! Les organiser! mais c’est faciliter leur contact avec nous ! Les organiser ! mais c’est amener la conjonction de l ’armée industrielle avec l’armée agricole. C’est la révolution sociale triomphante ! Ô) COMMENT ORGANISER? La situation agraire n’est pas identique dans toutes les régions du pays. Nous l ’avons indiqué succinctement au début de ce rapport. Les travaux d’Emile de Laveleye les rapports officiels, les études d’Emile Vandervelde le démontrent amplement - Page 126 of 181 [PAGE_126] -------------------------------------------------------------------------------------------- Dans ces conditions, on conçoit que l’organisation doit •varier selon les milieux : un type d’organisation s’adap- . tera mieux qu’un autre à telle région. En règle générale, dans les localités ou les régions essentiellement agricoles, on poursuivra l’institution de coopératives de production agricole (région de petite propriété) et de syndicats agricoles (région de grande propriété) ; dans les localités semi-agricoles, semi-indus trielles, (soit que des industries y soient implantées, soit qu’une partie de la population se rende en ville ou dans des localités industrielles) 011 s’efforcera d’établir des mutualités, des sections do syndicats et des coopératives de consommation, succursales de nos Maisons du Peuple. Tels sont les types d’organisation qui nous apparaissent comme devant le mieux réussir. On peut en créer d’autres. D’ailleurs quelle que soit la forme du groupement, si rudimentaire soit-il, fussent-ce de vulgaires caisses d’épargne, de simples mutualités, il faut les encourager. Ce qu’il importe de réaliser dans le plus bref délai, c’est le groupement des campagnards : ce sera dans tous les cas, le premier pas dans la voie de la solidarité et du socialisme. ' A nos coopératives, à nos Maisons du Peuple, nous conseillons de se passer de tout intermédiaire et de s ’appuyer sur les coopératives de production agricole. ■ Elles devraient faire leur approvisionnement de beurre, de lait, d’œufs, do fromage, de farine, de pommes de terre, de denrées alimentaires, et à cet effet, créer des coopé ratives agricoles fabricant ou achetant directement ces produits. On arriverait ainsi à unir en une vaste fédéra tion la coopération de consommation et ceae de production. ‘ Du moment où nous posséderons des coopératives de production, les paysans seront en rapport continu avec - Page 127 of 181 [PAGE_127] -------------------------------------------------------------------------------------------- nous; enfin du jour où nous serons parvenus à créer quelques groupements agricoles, nous rayonnerons bien tôt sur toute la campagne. Tout cela ne se fera pas en un jour et sans difficultés et sans résistances. Nous aurons à vaincre les campagnards dans leurs préjugés et les propriétaires terriens dans leurs privilèges. On suscitera dos entraves : c ’est certain ; on en provoquera nombreuses et puissantes, en raison de la grandeur de la lutte engagée et de l’importance du but poursuivi. Avant de créer ces organisations coopératives, il faudra une étude préalable do la géographie agricole, des moyens de communication, de l’état d’esprit des habitants, et puis des procédés de fabrication. Choix judicieux du lieu, oui, mais choix non moins judicieux du personnel administratif et ouvrier, tant au point de vue coopératif qu’au point de vue technique. Ce personnel doit être abso lument éprouvé, formé d’hommmes de confiance et aussi de gens capables, de techniciens. Il faut aussi que la direction des organisations socialistes puisse agir sur ces institutions. Pour agir vite et avec certitude, ces institutions devraient sortir de nos Maisons du Peuple. C) LA PRESSE La presse constitue un élément précieux de l’organi sation des campagnards et de la vulgarisation des prin cipes socialistes. Elle vaut généralement mieux que lès conférences et les m eetings, car elle agit directement et systématiquement vis-à-vis du paysan; elle constitue d’ailleurs un meeting permanent, enfin on peut par un journal spécial, intéressant le paysan introduire peu à peu dans son esprit les idées du Parti ouvrier. Mais pour y arriver, il faut que le journal soit réelle ment agricole, fait avec la pensée socialiste, par des cam pagnards pour des campagnards. - Page 128 of 181 [PAGE_128] -------------------------------------------------------------------------------------------- C’est dans cet esprit que nous voudrions voir réorganiser nos journaux : De Landbouwer et Le Laboureur. Nous estimons que la rédaction de ces deux jour naux, devrait être dévolue à un rédacteur connaissant les deux langues et au courant ou pouvant se mettre au courant de la question agricole ; la collaboration de nos amis de la campagne devrait être sollicitée et des correspondants agricoles, devraient être recrutés dans cliaque région. C’est possible et c’est nécessaire. . Dans ses lignes générales, le journal agricole devrait contenir un article de fond d’une ou deux colonnes, de nombreux articulets, une chronique agricole, des rensei gnements techniques, une chronique législative, les mar chés et un feuilleton. Chaque fédération d’arrondissement devrait s’engager à souscrire hebdomadairement plusieurs milliers de numé ros ; elle aurait aussi à organiser la vente et la distribution. - Nous recommandons aussi au Congrès la publication de brochures de 4 à 8 pages très simples, donnée sous forme de dialogue, de catéchismes, réfutant les calomnies dont nous abreuvent nos adversaires auprès des campa gnards, prêchant l ’organisation, indiquant les moyens pratiques do groupement et exposant la situation des paysans, etc. d) LES AUTRES MOYENS DE PROPAGANDE La propagande par conférences et par meetings ne doit venir qu’après une longue propagande f aitejpar la presse ; distribution de manifestes, journaux, brochures, qu’après une longue propagande individuelle. , ; En général, on ne- peut pas faire” ""la’ propagande- en procédant partout de la même manière : il y a population et population. A les considérer, ou peut établir 3 groupe ments de communes : - Page 129 of 181 [PAGE_129] -------------------------------------------------------------------------------------------- 1° Communes indemnes de la propagande du parti ouvrier; 2° Communes ayant été visitées et dans lesquelles où a fait des distributions de journaux et brochures ; - 3° Communes ayant déjà été travaillées. Pour les premières, organiser une distribution régulière de journaux et brochures. Pour les secondes, continuer la propagande par la presse, et y faire des conférences et y organiser des fêtes. Pour les troisièmes, y tenir des meetings et pousser à l’organisation. Quand il s’agit d’entamer des milieux vierges et hostiles même, il faut pendant trois ou quatre mois lancer jour naux, brochures, tracts, etc., par voie postale dé préfé rence ; le paysan, le paysan flamand surtout, est défiant. C’est pourquoi il est bon de faire autant que possible, au début, la propagande auprès des paysans sans se montrer. Plus tard, on entre en relations avec les campagnards sous des prétextes divers. On met à profit le dimanche pour aller en promenade visiter ces villages; on cause avec eux au cabaret, on se renseigne auprès d’eux sur les choses de la campagne. Votre figure finit par leur plaire;,, on gagne ainsi leur confiance. Dès lors, la propagande peut être entamée ouvertement, mais il est nécessaire d’envoyer dans la même localité, toujours les mêmes visiteurs et d’être toujours, modérés dans son langage et très tolérant. En voyant constamment les mêmes figures, les villageois s’habituent à elles, ils deviennent plus fami liers et plus communicatifs. Le point essentiel en matière de propagande agricole est de gagner la confiance des campagnards. Pour y arri ver, il faut, outre les moyens déjà indiqués, s’intéresser à la vie du paysan et le montrer : converser avec.lui sur les questions agricoles, le questionner sur ses récoltes, lui - Page 130 of 181 [PAGE_130] -------------------------------------------------------------------------------------------- dire comment il pourrait écouler plus facilement ses pro duits, lui faire voir les injustices commises à son égard, enfin lui prouver qu’on compatit à ses peines. Est-il nécessaire de dire qu’il est inutile d’attaquer directement la religion? Soyons tolérants vis-à-vis des convictions sincères. Le paysan va à l’Eglise ; mais sa foi est plutôt une habitude, une tare héréditaire et aussi une obligation qu’une conviction. Au fond, il est frondeur et narquois. On peut lui dire que l’Eglise est une boutique, une industrie où tout s’achète, où tout se paie ; on doit lui montrer combien ses prêtres respectent peu les principes du Christ, les enseignements de l’histoire chrétienne, etc. Dans une série d’instructions pour la campagne, aux propagandistes bruxellois, nous disions : Les propagandistes auront soin de ne pas attaquer les populations de la campagne dans leurs convictions reli gieuses. Interpellés sur ce point, le thème de leur discours sera : Les souffrances morales et la faim ne sont ni catholiques, ni protestantes, ni juives, ni athées. Pour les classes dirigeantes, la question religieuse n’est pas une raison de division ; l’inté rêt de classe les unit étroitement. (Exemples). Pour le surplus le Parti ouvrier défend la liberté de conscience. Ajouter aussi que la majorité de ses adhérents sont libres penseurs. Ils s’occuperont surtout des intérêts économiques des paysans : contributions foncière et personnelle, teneur des baux, taux des fermages, salaire et journée de travail des ouvriers agricoles, etc. Ils s’attacheront à faire la critique de la législation poli tique sur les points suivants : suffrage plural et censitaire à la commune ; militarisme (tirage au sort et remplacement), annexion du Congo (sollicitude du gouvernement pour les nègres, quant aux travailleurs belges...) Ils montreront que la législation agricole actuelle n’existe que pour protéger les intérêts propriétaires que les droits - Page 131 of 181 [PAGE_131] -------------------------------------------------------------------------------------------- d’entrée n’ont pas amélioré leur situation, que la culture de la betterave sucriére se fait au bénéfice des grands capitalistes. L'enseignement agricole fait défaut ; pas d'assurance contre les èpizooties et les maladies des plantes ; pas d’assurance contre les maladies et la vieillesse; le droit de chasse; etc. Se servir dans le discours comme preuves à l’appui (celles-ci aussi nombreuses que possible) de faits locaux, d’événements connus des paysans, fournis par une enquête préalable, avoir pièces en mains. L’orateur doit être au courant des questions locales et ne rien avancer qu’il ne soit absolument certain. Le paysan est très observateur ; il attache de l’importance à des questions secondaires, à des questions de détail, à la manière de se présenter en public, à la forme du langage, à la façon de s’habiller. Un de nos amis de la campagne nous disait que les orateurs ne viennent pas en blouse, en cliemise de couleur. User des comparaisons ; emprunter à la doctrine chrétienne ses préceptes, ses maximes, etc. Faire appel à l’esprit d’association et démontrer les résul tats qu'en ont retirés les ouvriers industriels et les bourgeois. Exposer les avantages des syndicats et des coopératives agricoles. L’enquête préalable sera faite par les cyclistes et par les propagandistes eux-mêmes, et voici comment : avant et après le meeting qu'on fait présider, si possible, par un habitant de la localité, causer aux paysans isolés au seuil de leur demeure, dans les cabarets, leur demander les renseignements indiqués dans le questionnaire. QUESTIONNAIRE X. Nom de la commune; 2. Chemin le plus court et le plus facile pour s’y rendre; 3. Salles de meetings ; 4 Heures des messes ; 5. Date des kermesses ; 6. A quelles professions appartiennent les habitants : (agri culture, genre de culture, industries, quelles industries) ? 7. Système propriétaire : grande propriété ou petite propriété ; — possesseurs de grandes propriétés ; fermiers ; - Page 132 of 181 [PAGE_132] -------------------------------------------------------------------------------------------- ouvriers agricoles : proportion. — Revenu, fermage (taux effi durée) ; salaire et durée du travail ; 3. Industries : fabriques (durée du travail, hygiène du travail ; salaires, amendes). 9. Bourgmestre, opinion politique du Conseil communal; 10. Griefs contre l’administration locale au point de vue î de la voirie, de l’enseignement, etc. Pour pénétrer dans les villages, voici une série de moyens dont se servent nos propagandistes et qui peuvent être avantageusement employés : 1. Promenade de propagande, même avec nos femmes, pour faire la causette avec les paysans et paysannes, faire leur connaissance; 2. Prendre part à leurs jeux, etc. ; 3. Chanter dans les estaminets pour les amuser; 4. Faire la connaissance des grands établissements pour nos meetings futurs, ou pour le local de la ligue à fonder; 5. Sortie de propagande avec la musique, les trompettes, clairons, etc. 6. Organiser des concerts gratuits par nos chanteurs, puis après au bénéfice des malheureux de la commune, ou donner des bals champêtres ; 7. Organiser quelques petits dîners à la campagne ; 8. Organiser des fêtes au village avec nos musiques ou nos trompettes, la société chorale, la société de gymnastique de la ville ou des faubourgs, des représentations dramatiques de pièces à tendances ou à esprit socialistes ; 9. Faire des chansons à bon marché, en flamand, carie chant reste toujours. Ces instructions résultent d’une pratique de plusieurs années et de l’expérience de nombreux compagnons et de paysans. Pour organiser sérieusement un m ouvement agraire, la Parti ouvrier doit créer dans son sein des organismes spéciaux : l°_des groupes de propagande rurale; 2° une - Page 133 of 181 [PAGE_133] -------------------------------------------------------------------------------------------- Ligue agraire centrale, les uns agissant, l’autre recueil lant, enregistrant et dirigeant. ' Un mot encore à nos propagandistes : Vous avez jeté la semence socialiste 011 maints villages, c’est bien, mais vous no vous êtes pas toujours inquiétés du point de savoir si elle a levé. Vous n ’avez fait parfois que passer, car votre œuvre a été souvent détruite dès le lendemain par le prêtre et les puissants de l’endroit. A l ’avenir, ce qu’il nous faut faire, c’est de no plus quitter un village pour un autre avant d’y avoir implanté un organisme stable et vivant. En vue des prochaines campagnes électorales, une recommandation importai!le au parti: lors des dernières élections législatives, nous ne nous sommes pas suffi samment attachés à détruire les arguments ou mieux les calomnies de nos adversaires. Nous 11’avons pas assez démoli par la parole et par l’écrit surtout le fameux mot d'ordre des réactionnaires : le socialisme est l’adversaire de la famille, de la religion, de la propriété. Nous n’avons pas fait uno place assez large à la réfutation des inepties des bourgeois, le socialisme veut lo partage des biens, c’est l'ennemi de la Patrie et do la Liberté. Nous n ’avons pas su/lisammen t fait connaître et la Commune de Paris et le Collectivisme. 11 faudra y songer et y remédier. * * * Le prolétariat industriel est gagné au socialisme. Il importe que le prolétariat agricole soit aussi éclairé sur ses destinées ses intérêts et ses devoirs; afin qu’il 11e puisse être un jour l ’obstacle au succès du socialisme. Favoriser la conjonction des deux ailes du prolétariat, voilà la tâche à laquelle le parti ouvrier doit se consacrer immédiatement avec prudence et persévérance. Le triomphe est à ce prix ! - Page 134 of 181 [PAGE_134] -------------------------------------------------------------------------------------------- IV. — C o n clu sio n s 1. Nomination p a r le Conseil général d’une com mission nationale chargée de poursuivre une enquête complète su r la situation agraire du pays et de recueillir su r la question tous les documents de nature à l’élucider. Cette commission publiera dans le délai d’un an un prem ier exposé de ses travau x; 2. Rédaction d’un vade-mecum du propagandiste socialiste à la campagne et brochures agricoles. 3. Nomination d’un rédacteur rétribué, chargé de la rédaction des deux jou rn au x De Landbouwer et Le Laboureur ; 4. Les Fédérations d'arrondissement souscriront hebdomadairement à l’un de ces jou rn au x un mini mum de 1000 numéros; 5. Les coopératives sont vivement engagées à inter venir dans la création des coopératives agricoles. Ze o . DISCUSSION DU RAPPORT ZÉO ZÉo. — Des réunions ont déjà été tenues à Bruxelles, pour envisager les problèmes agricoles. Nous estimons qu’il y a lieu do convoquer un congrès spécial. Dès aujourd’hui il faut l’organiser. Il faut une commis sion organisatrice, à côté de laquelle se trouve déjà un comité central agricole, réunissant tous les membres s ’occupant de la question agraire et organisant l’étude et la propagande. . U n Co m p a g n o n pense que la propagande par la parole est préférable à la campagne que la propagande par la presse. Le journal ne lui met pas le cœur en mouvement. - Page 135 of 181 [PAGE_135] -------------------------------------------------------------------------------------------- Debarsy rappelle qu’à la campagne notre parti doit surtout être un parti économique et non un parti philo sophique. Un délégué d’Ath demande qu’on désigne des corres pondants pour fournir sur chaque région des renseigne ments concernant la location des terres et le mode de culture. La question de date du congrès projeté soulève encore un court débat. Le mois de juillet semble le plus favorable. Le Conseil général décidera. C’est le groupe agricole existant qui paraît être le mieux à même de fixer l’ordre du jour de ce Congrès. Différents compagnons pensent qu’il faut discuter au Congrès la question de fond en matière agraire et le collectivisme. L ’ordre du jour Zéo est adopté à l’unanimité. Le Congrès aura lieu à Nivelles, au mois de juillet. A s s e m b l é e ;plén_ière Deuxième journée. — Lundi m atin Le citoyen Anseele préside. Les délégués des fédérations au bureau sont : A. Octors, pour Bruxelles ; Hardyns, pour Gand ; Mattelaere, pour la West-Flandre ; Berloz, pour Thuin; Bernimolin, pour Liège; Bastin, pour Charleroi; Richebé, pour Namur; Defaux, pour Tournai ; Pouille, pour Ath. - Page 136 of 181 [PAGE_136] -------------------------------------------------------------------------------------------- COMMUNICATIONS Le président donne lecture des télégrammes suivants : Arnhem. Nederlandsche Sociaaldemokratische Arbeiderspartij in hongres vergadert te Arnhem, wenscht Belgische zuster- p artij hartelijh geluh met haar hongres, onder betuiging harer broederlijke solidariteit. Yliegen. Nous souhaitons réussite au Parti ouvrier frères et adressons sentiments ds solidarité fraternelle. (Longs appl.) Verviers. Election industrie et travail, Syndicat Maison du Peuple élu sans lutte. (Appl.) Michel. Quaregnon. Retenu ici p a r événement imprévu. Ne pourrai assister au Congrès. Prière m'excuser et accepter vœ ux de réussite. Roger. Cavrot et Fagnart aussi retenus. RAPPORT DU CONSEIL GÉNÉRAL Serwy. — Tous les groupes ont reçu le rapport officiel, et des exemplaires ont été distribués hier ; nous invitons les délégués à présenter leurs observations. Différents délégués flamands réclament la traduction du rapport. Il sera donné suite dorénavant à ce vœ u; mais les groupes flamands sont invités à souscrire des exemplaires du compte-rendu pour qu’ils puissent être vendus à bas prix. Gbrmain trouve que le rapport est incomplet pour la partie flamande du pays. Il faudrait aussi indiquer le tirage des différents journaux socialistes, comme on le fait des brochures. Les brochures publiées ne sont pas toutes indiquées ; il - Page 137 of 181 [PAGE_137] -------------------------------------------------------------------------------------------- im porterait aussi d’indiquer le nombre d e meetings donnés, pour donner la mesure du travail. Serwy fait ses réserves sur plusieurs de ces observa tions et déclare qu’il ne peut, sans que les Fédérations lui fournissent les chiffres, évaluer le nombre des meetings. Un délégué de Malines dit que le rapport est muet sur les élections de l’arrondissement de Malines. Van Ingh (Bruxelles) exprime le même regret. Le nombre des voix s’y est élevé de 1,900 à 10,500. Le rapport est adopté. RAPPORT DU GROUPE PARLEMENTAIRE Berloz donne les indications nécessaires sur le travail accompli par les députés socialistes depuis les dernières élections législatives. Comme le disait l'année dernière mon prédécesseur et ami, le citoyen Bertrand : « Dorénavant le rapport spé cial sur le travail accompli par les députés socialistes se fera d’une année à l’autre, à la date du Congrès ». C’est pour me conformer à cette règle que j ’ai l’honneur de vous faire rapport sur le travail accompli à la Chambre, depuis notre dernier Congrès, par les mandataires du Parti ouvrier. L’ordre du jour étant surchargé et le temps dont nous disposons très limité je serai très concis, me permettant de renvoyer ceux qui dérireraient de plus amples détails à l’excellente brochure : L ’action socialiste parlemen taire, de notre ami Grimard. ÉLECTION DE 1896 Le 5 juillet 1896 ont eu lieu des élections législatives. Un seul membre de la députation socialiste, notre ami Defnet, se représentait devant les électeurs ; il a été réélu. Bien que partout la lutte ait été entreprise avec ardeur et - Page 138 of 181 [PAGE_138] -------------------------------------------------------------------------------------------- acharnement, aucun nouveau député socialiste n’a pu franchir les portes du Parlement. Par contre, la majorité cléricale a encore été renforcée ; elle compte actuellement plus des deux tiers des membres de la Chambre. Cependant, et tout le monde, adversaires comme amis, l’a compris, cette élection a été, sinon une victoire, du moins l’éclatante confirmation de la marche ascendante de notre Parti. En moins de deux ans, et dans la moitié du pays seulement, notre nombre de voix a augmenté de plus de cent mille. Ce beau succès ne doit pas nous endormir, mais nous encourager à mener la propagande par la parole et par la presse avec plus d’intensité que jamais, car nos ennemis, en présence de nos constants progrès semblent se réveiller de leur profond engourdissement. Ils singent nos institutions, établissent partout des sociétés analogues aux nôtres, tâchent d’enrégimenter les les ouvriers dans les patronages, font montre de généro sité pour mieux engluer la classe ouvrière et enrayer le mouvement irrésistible du socialisme. Ils espèrent ainsi capter la confiance des travailleurs, semer la désunion dans nos rangs et pouvoir prononcer bientôt notre déchéance. Une fois leur but atteint, ils comptent bien tenir pour longtemps encore la classe labo rieuse sous leur domination. A nous de veiller l'arme au poing ; à nous d’apporter, s’il est possible, dans la défense de nos principes, plus de courage, de dévouement et d’abnégation; à nous d’empé- cher que nos adversaires n’entament le front de nos bataillons. Les députés socialistes sont l’avant-garde de notre parti. C’est au Parlement surtout qu’ils doivent se faire l’écho des revendications du peuple et montrer les iniquités nombreuses de l’organisation actuelle de notre société. Disons tout de suite qu’ils n’ont pas failli à la confiance que les ouvriers avaient mise eux; toujours sur la - Page 139 of 181 [PAGE_139] -------------------------------------------------------------------------------------------- brèche, ils ont combattu avec acharnement pour arracher à la majorité quelques bribes de réformes; nulle question ne s’est présentée à la Chambre sans qu’ils n’aient montré à la face du pays que la vraie solution se trouve dans le programme du Parti ouvrier. Pour plus de clarté, nous examinerons d’abord les budgets, puis les projets de loi présentés par les députés socialistes, ensuite les interpellations et enfin les lois spéciales. LES BUDGETS La discussion des budgets avance avec une lenteur déses pérante. On dirait vraiment que la majorité cherche à faire le moins de besogne possible afin de retarder la dis cussion des lois ouvrières. Présentement tous les budgets de 1897 devraient être discutés et votés. Or, plusieurs budgets ne sont même pas rapportés. Les budgets soumis aux délibérations de la Chambre ont permis à nos députés de relever les nom breuses injustices inhérentes au régime capitaliste et de démontrer qu’on ne pourra en amener la complète dispa rition que par l’instauration du régime nouveau, le collec tivisme, aboutissant iuéluctable de la transformation des moyens de production et de circulation. De mai 1896 au 18 juin, on a examiné le budget du ministère des finances, celui de la gendarmerie, celui de la l’industrie et du travail et le budget des recettes et dépenses extraordinaires pour 1896. Tous les budgets dont je viens de faire l’énumération sont ceux de 1896. Encore a-t-il fallu voter sans discussion le budget de l’industrie et du travail sous la promesse formelle que celui de 1897 serait discuté d’une façon approfondie. C’est d’ailleurs ce qui a été fait. Les députés socialistes se sont fait remarquer par la large part qu’ils- ont prise dans cette discussion. - Page 140 of 181 [PAGE_140] -------------------------------------------------------------------------------------------- Des budgets' de 1897, ou a discuté celui des votés et moyens, celui des dotations qui a permis à notre ami Vandervelde de prononcer un discours de haute envolée qui a fait sensation dans le pays ; celui de l’industrie et du. travail dont je viens de parler, le budget de la dette publi que et du ministère des finances et celui de l’intérieur. Il reste encore à examiner le budget de l’instruction publique, dont la discussion est entamée, celui de la justice, ■celui de l’agriculture et des travaux publics, celui du ministère des affaires étrangères et le budget des recettes et dépenses extraordinaires pour 1897. PROJETS DE LOI PRÉSENTÉS PAR LES SOCIALISTES Les socialistes, usant de leur initiative parlementaire, ■ont depuis le dernier Congrès présenté dix propositions de loi. Je me contenterai de vous en faire rénumération : 1° Modifications à introduire dans le louage des biens ruraux. Auteur : Defnet. Ce projet a été développé dans la séance du 24 mars 1096 ; 2° Proposition de loi relative à l’épargne de la femme mariée. Cette proposition, siguêe Vandervelde, Bertrand, Destrée, Denis, Anseele et Berloz, a été développée dans la séance du 23 avril 1896; 3° Proposition de loi d’enquête parlementaire sur la situation du personnel des chemins de fer de l’Etat, déve loppée par Bertrand dans la séance du 19 mai 1896; 4° Proposition de loi étendant la juridiction des conseils de prud’hommes à tous les ouvriers manuels et aux employés, développée par Defnet dans la séance du 4 juin 1896; 5"" Proposition de loi supprimant le remplacement mili taire. Cette proposition signée Bertrand, Anseele, Berloz, Vandervelde, Defnet, fut développée dans la séance •du 10 juin 1896. - Page 141 of 181 [PAGE_141] -------------------------------------------------------------------------------------------- Après une longue et vive discussion, ce projet de loi, contrairement à tous les précédents, ne fut pas même pris en considération ; 6° Proposition de loi fixant les conditions obligatoires à insérer dans les cahiers des charges des administrations publiques. Dans la séance du 25 novembre 1896, Bertrand en donne les développements ; 7° Proposition de loi tendant à l’organisation d’ua service de chèques et de virements de comptes à la Caisse générale d’épargne et de retraite. Ce projet est signé Denis, Yandervelde, Flechet, Bertrand et Niézette. L’un des auteurs, Denis, le développe dans la séance du 2 dé cembre 1896; 8° Proposition de loi portant des modifications à apporter à la législation sur la condamnation conditionnelle ; déve loppée par Destrée dans la séance du 21 janvier 1897; 9° Projet de loi accordant des indemnités au personnel de l’Etat pendant la durée de l’exposition de 1897. Bertrand en présente les développements dans la séance du 31 mars 1897 ; 10° Projet de loi relatif à l’organisation du crédit foncier rural qui fut développé par Denis dans la séance du 13 avril 1897. INTERPELLATIONS Dix-neuf interpellations, dont une avec le concours d’un membre de la droite et d’un membre de la gauche progres siste, turent présentées dans le courant de cette année par des députés du groupe socialiste. Les voici, placées respectivement dans leur ordre chro nologique : 1° Interpellation Maroille au sujet d’un coup de grisou survenu au charbonnage du midi de Mons. Séance du 21 avril 1896; - Page 142 of 181 [PAGE_142] -------------------------------------------------------------------------------------------- am sab - 141 - 2° Interpellation Destrée sur l’abattage des arbres le long des routes. Séance du 17 avril 1896; 3° Interpellation Berloz sur la situation des instituteurs en disponibilité. Séance du 21 avril 1896; 4° Interpellation Roger relative à l’interdiction aux instituteurs communaux de prendre part aux manifesta tions du 1er mai. Séance du 29 avril 1896 ; 5° Interpellation Defnet rappelant au gouvernement la promesse qu’il avait faite de déposer un projet de loi sur la réorganisation militaire. Séance du 15 mai 1896; 6° Interpellation Berloz relative à une retenue faite indûment sur les salaires des ouvriers au charbonnage de Ressaix. Séance du 18 juin ; 7° Interpellation LéonDeïuisseaux sur le retard apporté par la députation permanente du Hainaut à renvoyer leurs budgets à certaines communes. Séance du 2 décembre 1896; 8° Interpellation Berloz sur les inondations de l’Eau blanche. Séance du 4 décembre 1896; 9° Interpellation Vandervelde sur l’expulsion de certains étrangers. Séance du 4 décembre 1896; 10° Interpellation Bertrand relative au placement des rails pour la traction électrique des Tramways Bruxellois, rue Royale extérieure. Séance du 8 décembre 1896; 11° Interpellation Malempré, relative à la remise de l’impôt foncier aux cultivateurs de Stavelot. Séance du 15 décembre 1896; 12° Interpellation Berloz relative aux manœuvres qui seraient employées par certaines administrations commu nales pour faire déserter leurs écoles et en décréter ensuite la suppression. Séances des 28 et 29 janvier 1897 ; 13° Interpellation Alfred Defuisseaux sur l’état dans lequel se trouvent les locaux de l’école moyenne de Mons. Séance du 3 février 1897 ; - Page 143 of 181 [PAGE_143] -------------------------------------------------------------------------------------------- ‘ 14® Interpellation Broqueville-Denis et Lorand relative aux intentions du gouvernement quant à la possibilité de conclure avec les pays étrangers des traités permanents d’arbitrage et à la réponse du gouvernement à une invi tation du gouvernement suisse d’assister à une conférence internationale pour la protection du travail industriel (4 et S*mars) ; 15* Interpellation Bertrand sur le régime des aliénés en général et sur certaines collocations arbitraires ordonnées àjGheel en août 1896. — 5 et 9 mars; 17* Interpellation Destrée sur les mesures que compte prendre M. le ministre de la guerre pour éviter le retour d e scènes scandaleuses auxquelles donne lieu, chaque année, le tirage au sort. Mentionnons également deux interpellations du citoyen Anseele, l’une relative à l’expédition Gerlache et l'autre à la suppression des droits de navigation sur les canaux de JaCampine, que j ’avais oublié d’indiquer. Ce qui porte le nombre des interpellations à 19. Les députés socialistes ont aussi pris part à la discussion des interpellations suivantes présentées par d’autres membres de la Chambre : I* Interpellation Magnette au sujet des élections de Mailess. (25, 26 et 27 mars); 2® Interpellation Daens relative à la loi sur les salaires «t à la constitution des conseils de l’industrie et du travail (14 avril) ; 3® Interpellation Jourez, relative aux nominations do Itourgmestres (10 et 19 juin); 4® Interpellation Lorand, sur la portée du changement en ce qui concerne la question militaire (25, 26 et 27 no vembre]; fî® Interpellation Van Reelh sur les travaux maritimes - Page 144 of 181 [PAGE_144] -------------------------------------------------------------------------------------------- à An vers; 6° Interpellation Daeas sur les abus dont souffrent les Ouvriers briquetiers, 19 et 21 janvier. Projets de loi dans la discussion desquels les députés socialistes ont pris une large part : 1° Projet de loi relatif à l’inspection du travail chargée de surveiller l’exécution de la loi du 16 août 1887 sur le payement des salaires. Discuté dans la séance du 24 mars 1896 ; 2° Projet de loi relatif aux Règlements d’ateliers. Du 27 mars au 5 mai ; 3° Projet de loi approuvant la convention conclue le 27 mars 1896 entre le gouvernement et la Compagnie du chemin de fer du Congo. Du 5 au 13 mai ; 4° Projet de loi portant prorogation de la loi du 29 juia 1894 sur les élections provinciales (2 et 11 juin) ; 5° Projet de loi relatif à la rémunération des miliciens, (16 et 17 juin) ; 6° Projet de loi portant modification des droits d’entrées et de fabrication sur les liquides alcooliques. — 16 juin; 7° Projet de loi allouant des crédits complémentaires au budget du ministère de l’intérieur et de l'instructiou publique pour 1896,17 juin; 8° Projet de loi apportant des modifications au § 1er de l ’article 16 de la loi sur l’assistance publique. ( 18 juin.) 9° Projet de loi modifiant l’article 2 de la loi du 19 no vembre 1831 et de celle relative à l’emploi de la langue flamande dans les publications officielles. 118 et 19 novem. 10° Projet de loi modifiant certaines dispositions de la loi du 31 juillet 1889 sur le conseil des prud’hommes ; II* Projet de loi modifiant les articles 25 et 39 de la loi du 27 novembre 1891 our la répression du vagabondage - Page 145 of 181 [PAGE_145] -------------------------------------------------------------------------------------------- e t de la mendicité, (20 novembre, 8 à 11 décembre et 21 et 22 janvier ; 12° Projet de loi prorogeant le délai accoi’dé aux socié tés mutualistes pour se conformer à la loi du 23 juin 1894 (11 décembre) ; 13° Projet de loi relatif au contingent de l’armée pour 1897 (15 et 17 décembre) ; 14» Projet de loi concernant les étrangers (20 et 21 jan vier 1897) ; 15® Projet de loi apportant dos modifications au règle ment de la Chambre des représentants. (Du 16 au 29 jan vier.) Dans cette discussion, les socialistes ont démontré irré futablement que les députés de la droite ont été les provocateurs ; 16° Projet de loi instituant des délégués à l’inspection, des mines, (du 2 au 26 février.) Tout le monde se rappelle encore les divers incidents de la discussion de ce projet de loi ; 17° Projet de loi portant réduction des droits d’enregis trem ent et de transcription pour les acquisitions de petites propriétés rurales. La discussion de cette loi a ôté commencée le 7 avril. Elle a été momentanément interrompue pour être reprise à une date ultérieure. Pour terminer, je dois ajouter que les députés socialistes ont assisté régulièrement aux séances de la Chambre. Je conclus en disant que la classe ouvrière peut être satisfaite du travail accompli dans le courant de cette année par ses mandataires. Elle doit également approuver les sénateurs socialistes pour la façon dont ils ont su défendre au Sénat les revendications ouvrières et déve lopper le programme du Parti ouvrier. E ugène Berloz. - Page 146 of 181 [PAGE_146] -------------------------------------------------------------------------------------------- Van Loo demande que dorénavant on imprime ce rap port. Il proteste contre les absences des députés. Il ne faut pas qu’on viennent vanter leur assiduité, lorsqu’ils ne sont pas à l’abri de tout reproche. Cette situation est vivement eritiquée. (Applaudissements). Un délégué fait remarquer qu’on a oublié l’interpella tion Anseele sur l’expédition de Gerlache, celle de Berloz sur Je canal de la Campine. Un a u t r e d é lé g u é fait un vif éloge du rôle joué par les sénateurs socialistes. (Applaudissements.) Un troisième délégué fait remarquer que les députés socialistes sont accaparés par la province au détriment de Bruxelles pour les meetings. Berloz pense que Van Loo a exagéré. Comme secrétaire, il prend note des présences et absences ; parfois on n’as siste pas au moment d’un appel nominal, parce que les - séances sont parfois longues. Il faudrait exiger des députés qu’ils soient présents dès le début de la séance et jusqu’à la fin de séance. (Applau dissements.) Van Loo félicite les députés pour l’ensemble de leurs travaux. Si le vœu de Berloz est rempli l’année, prochaine, il y aura des félicitations sans réserve. (Rires et appl.) ■ O O » RAPPORTS SUR LES TRAVAUX DES SECTIONS P rem ière Section LA CAISSE DE GRÈVE Hardyns fait sur la séance de cette section le rapport qui conclut au rejet de la fondation de la caisse générale des grèves. - Page 147 of 181 [PAGE_147] -------------------------------------------------------------------------------------------- Cette résolution a été votée à l’unanimité moins Çl voix» sur 150 délégués présents. A l’unanimité, la commission a'voté le vœu que le Conseil général fasse une active propagande dans le sens de la fondation des Fédérations nationales par métier. Aerts, de la Fédération du bois, présente le rapport suivant au nom de la minorité. RAPPORT DE LA MINORITÉ Y u le peu de sym pathie qu’a obtenu la form ation d’une caisse de grève nationale. Vu le rejet de cette proposition dans la 1™ section, nous craignons l’affaiblissement de l’esprit de solidarité des groupes économiques, parce que nous ferons remarquer au Congrès, que ce sont constamment les mêmes groupes qui donnent pour les grèves. Nous regrettons que les groupes bruxellois qui au dernier Congrès de Charleroi auraient voté le rapport, présenté au nom de la Fédération bruxelloise par le compagnon Grégoire Serwy et que par conséquant la caisse de grève nationale aurait été formée depuis un an. Nous avons le ferme espoir qu’après avoir formé, avec l’aide du conseil général et de tous les propagandistes, de fortes fédérations de métiers avec de fortes caisses de grèves dont la cotisation minimum devrait être de 10 cent, par membre et par mois, la proposition rejetée aujour d’hui, pourra être renouvelée dans d’autres Congrès, avec plus de succès. Nous prions donc les groupes ainsi que le Conseil général à travailler dans ce sens. Nous prions également tous les groupes économiques, à employer tous les moyens de conciliation avant d’entamer une grève parce que une grève qui échoue, est une perte pour tout le Parti ouvrier» Le Rapporteur, Fk. A e r t s . - Page 148 of 181 [PAGE_148] -------------------------------------------------------------------------------------------- Les conclusions du rapport de la commission sont adoptées à une énorme majorité. ORGANISATION SYNDICALE Hardyns présente le rapport suivant •. Tout comme pour la caisse générale des grèves, votre première commission, citoyens, a partagé l’avis du conseil général et voté à l’unanimité les conclusions de son rapport. Plusieurs membres, parmi lesquels nous avons entendu et applaudi avec beaucoup de plaisir les délégués des syn dicats d’ouvrières de Bruxelles, ont plaidé en faveur de la propagande pour la fondation de ces syndicats dans toutes les régions. Votre commission a été unanimement d’avis qu’il y avait lieu d’exprimer ce vœu au Conseil général qui se vouera de tout cœur à sa réalisation. Au cours de la discussion un délégué d ’Anvers a sou levé un passage du rapport du Conseil général, où il est dit notamment que les syndicats ne peuvent se laisser entraîner dans la voie de la neutralité, dans laquelle nos adversaires veulent nous pousser. Le délégué anversois pense que la politique dans les syndicats est plutôt dangereuse et entrave leur marche en avant. Votre commission n’a pas discuté cette objection à fond, parce que les conclusions n’en parlent pas. Si le Congrès en désirait la discussion, nous sommes à sa disposition. D est évident que le vote'des conclusions du rapport sur le mouvement syndical sont en ce qui concerne la nomi nation de secrétaires permanents, etc., de simples vœux. En ce qui concerne la désignation d’un comité s’occupant - Page 149 of 181 [PAGE_149] -------------------------------------------------------------------------------------------- spécialement de la propagande syndicale, par les moyens indiqués dans le rapport nous proposons de charger le Conseil général de l’exécution de ces mesures. Sans qu’une nouvelle discussion se produise, le rapport est adopté. COMMUNICATIONS J? Le syndicat des magasiniers et emballeurs de Bruxelles, émet le vœu de voir des syndicats analogues se constituer partout et les porteurs de pain y adhérer. Serwy dit que ce vœu rentre dans les conclusions qui viennent d’être votées ; le second point doit être renvoyé aux fédérations locales. Le délégué du verre appelle l’attention sur cette industrie. Octors, au nom des ouvrières de fabrique de Bruxelles, dépose le vœu suivant : « Le Parti ouvrier poursuivra la réalisation du principe A travail égal, salaire égal ». {Adopté.) LE TRAVAIL AUX PIÈCES Lampens présente le rapport suivant : Les menuisiers bruxellois proposent au Congrès les conclusions suivantes, conclusions auxquelles la section s’est ralliée : “ Attendu que le travail aux pièces est de tous le plus préjudiciable à la santé du travailleur ; » Vu l’indifférence de certains travailleurs vis-à-vis de l’organisation syndicale ; » Attendu que l’hostilité dés patrons contre l'abolition du travail aux pièces provient de ce que ce système pousse à la surproduction au grand détriment des ouvriers ; » Attendu que le tarif des salaires est fixé d’après le - Page 150 of 181 [PAGE_150] -------------------------------------------------------------------------------------------- \ travail de l’ouvrier le plus habile et le plus capable et que l’ouvrier faible est victime de l’exploitation qui en résulte; » Attendu que le travail aux pièces exagère encore les chômages ; » Le Congrès décide : » L’ouvrier, qu’il travaille aux pièces ou à l’entreprise, aura le salaire minimum payé à l’heure ; » La production du travail aux pièces ne dépassera pas la production à l’entreprise ; » Le salaire sera égal pour les ouvriers et les ouvrières à travail égal. [Applaud.) » Le Parti ouvrier déploiera tous ses efforts pour com battre le travail aux pièces. » Quand, dit lo rapporteur, les ouvriers comprendront que ce système de travail est le îouet dont les patrons se servent pour pousser à la production et à la réduction des salaires, l’agitation menée dans tous les pays contre le travail aux pièces et à l ’entreprise sera terminée par sa totale disparition. Un délégué demande qu’on se déclare aussi contre le travail à domicile. Anseele fait rem arquer que ce serait sortir de la question. Le rapport est adopté à l’unanimité. LES COOPÉRATIVES Standaert dit que la commission a conclu à la fédéra tion des coopératives. Un organisme nouveau est néces saire. Nous demandons que le Conseil général convoque en mai ou en juin un congrès de coopératives. Le rapport e s ^j ^g ^^l ’unanimité. - Page 151 of 181 [PAGE_151] -------------------------------------------------------------------------------------------- CAISSE D’ASSURANCE V aiidendorpe. — La section estime que cette question très complexe doit être renvoyée au Congrès des conseil lers communaux, estimant que le parti ouvrier comme le propose un groupe bruxellois, n’est pas en mesure actuel lement de créer une institution de ce genre. (Adopté.) 1“ MAI ET PENSIONS V andendorpe. — La section, à l’unanimité, a adopté les conclusio'ns du rapport du Conseil général. De l’avis de tous les délégués, il est à craindre qu’en donnant à la fête du 1er Mai des significations différentes, en n’arrive à alté rer complètement son caractère de fête du travail et à sor tir ainsi du cadre tracé par les Congrès internationaux. ZÉo dit, par la question préalable, que les Congrès inter nationaux ont décidé que la fête doit se tenir le 1er mai; on n’a pas le droit de fixer une autre date. (Appl.). A n seele propose de dire qu’on fêtera le Premier et le Second Mai. M oreau pense qu’il faut permettre la chose encore cotte année, parce que le l B r Mai tombe un samedi, mais à l’avenir la chose ne doit plus être tolérée. (Appl.). Un d é lé g u é d ’A nvers dit que les patrons sont trop forts et les supplanteurs trop nombreux. Il faut donc une certaine tolérance mais dans les coopé ratives, il doit être interdit de travailler. Cela servira d’en traînement. A n see le dit que personne ne veut imposer le chômage obligatoire. Mais ce que tous désirent, c’est que partout les groupes fêtent le 1er Mai à cette date, suivant leurs forces et leurs moyens, le dimanche ils feront ce que et aussi grand qu’elles pourront. (Bravos). Le citoyen Léo demande qu’on vote sur la proposition - Page 152 of 181 [PAGE_152] -------------------------------------------------------------------------------------------- Moreau. Tant qu’on ne chômera pas le 1er Mai, le lw Mai n’existera pas. (Appl.). Qu’on se prépare dès aujourd’hui au 1» Mai avec chômage dans deux ans, lorsque le 1® Mai tombera le lundis A n s e e le dit qu’on ne peut décréter le chômage deux années d’avance. Il faut tenir compte de trop de circon stances. Notre vœu à tous est qu’il y ait le plus de chô meurs possible. G ir a rd dit qu’à Nivelles la fête n’est pas possible le 1"" mai. U n délégué d e Huy dit : quelque petit que soit le nom bre de m anifestants, un cortège le 1er mai a plus d’effet qu’une fête le dimanche. B e e r b lo c k . — Si on a pu faire chôm er pour le suffrage universel, on doit aussi pouvoir faire chôm er pour sancti fier le travail. Que dans deux ans le chôm age général soit donc décrété. [Appl.) Le citoyen ZÉo propose cet ordre du jour : Le 1er Mai doit être célébré le jour même. Les Fédérations et les groupes du parti ouvrier pren dront des mesures pour généraliser le chômage. Le Congrès émet le vœu de voir les associations ouvriè res proposer de rendre complet le chômage le l""Mai 1899» On demande la division de l’ordre du jour. Le premier alinéna est adopté à l’unanimité. Le second alinéa est également admis. Le troisième alinéa est amendé sous forme de vœu. Un texte, présenté par Léo et Beerblock, rendant obli gatoire la décision, est rejeté. - Page 153 of 181 [PAGE_153] -------------------------------------------------------------------------------------------- D euxièm e Section LA MANIFESTATION ANTIMILITARISTE Vôlkabrt fait rapport sur cette question, au nom de la 2me section. Il s’agit de prendre des décisions pour faire réussir la manifestation du ] 5 août. Tous Iqs groupes du parti doivent joindre leurs efforts à ceux des jeunes gardes. Il faut préparer les jeunes pour remplacer ceux qui s’en iront. L’orateur conclut ainsi : La manifestation est décidée pour le 15 août. Un Comité central sera formé. Il sera composé de 3 membres du Conseil général et 2 membres de la Fédé ration des jeunes gardes. La question sera portée à l’ordre du jour dans toutes les fédérations ouvrières. Une propagande intense sera menée par voie de mani festes, de meetings et par la voie de la presse. MOTION D ’ORDKE Van Loo annonce que les Bruxellois auraient désiré ■assister à l’enterrement de Pauwels, un vétéran de la première heure. La chose est impossible, mais qu’on envoie un télégramme à la famille. (Adopté.) LES ALLIANCES A n seele dépose ce rapport t Citoyens, Votre seconde commission avait à traiter de la question des alliances. - Page 154 of 181 [PAGE_154] -------------------------------------------------------------------------------------------- Le groupe des étudiants socialistes proposa de ne plus permettre les alliances pour les élections législatives. Les alliances, d’après lui, n’avaient produit aucun bon résultat, mais beaucoup de mauvais. Ces mauvais résul tats sont les suivants : Le Parti ouvrier a délaissé ses idées révolutionnaires ; le mouvement syndical a été subordonné à la chasse à l’électeur ; notre plus grand devoir : faire des socialistes, avait été sacrifié, et le seul parti qui avait profité était le parti progressiste, qui par notre aide a eu une nouvelle force; tandis que, par ces mêmes alliances, nous avons quasi ressuscité le parti libéral, qui serait déjà mort par lo petit nombre de voix qu’il aurait obtenu dans les élec tions, s’il avait lutté seul. Les partisans des alliances démontrèrent facilement qu’aucune de ces critiques n’était fondée. Le parti ouvrier n’a rien laissé de ses anciennes doctri nes, au contraire. Depuis que les socialistes sont, grâce aux alliances, si nombreux au Parlement, ils ont plus que jamais défendu leurs doctrines collectivistes et dit à la classe capitaliste tout ce qu’ils croyaient devoir lui dire. Les syndicats à Gand, à Bruxelles, où l’on a fait des alliances, ont vu monter le nombre de leurs membres de 1 à 3, de 1 à 5, de 1 à 10 même, tandis que le mouvement syndical reprend avec une nouvelle vigueur dans d’autres parties du pays. Loin d’avoir sacrifié notre plus sacré des devoirs, celui de faire des socialistes, le parti ouvrier a créé plus de 10 journaux socialistes dans le pays, qui tous défendent la sainte cause du travail avec courage et talent. Exem ples : le Socialiste, à Liège, le Devoir et le Parti Ou vrier à Verviers, le Travailleur à Huy, Y Egalité à Tournai, la Sentinelle pour le pays de Thuin, Y Organe socialiste, de Dinant, le Volhswil à Louvain, deux autres - Page 155 of 181 [PAGE_155] -------------------------------------------------------------------------------------------- journaux flamands dans l’arrondissement de Bruxelles et d’autres encore. La commission décide à une écrassante majorité de ne rien changer à l’article 25 des statuts, et de laisser comme par le passé, la liberté aux groupes de faire ou de ne pas faire des alliances. LES ALLIANCES. [Rapport de la minorité) Le Congrès de Quaregnon avait, à titre d’essai, accordé aux Fédérations l’autonomie en fait d’alliances électorales. Les étudiants socialistes vous demandent aujourd’hui de défendre par un vote l’alliance bourgeoise sur le terrain législatif. Notre proposition a été rejetée par la 2mo section. Nous ne nous croyons pas battus et espérons que le Congrès partagera notre manière de voir. Au point de vue des principes, tout le monde est d’accord pour dire qu’il vaudrait mieux marcher seuls. Le Parti ouvrier est un parti de classe qui ne triomphera définiti vement qu’en abattant le régime capitaliste, soutenu par les bourgeois de toutes nuances, tant progressistes que doctrinaires et cléricaux. Notre devoir est d’augmenter la conscience de classe chez les ouvriers et cela ne sera certes pas le fait d’une compromission avec des ennemis. Quant à savoir, si la question des alliances est en elle- même une question de principe ou de tactique, le temps nous manque pour entamer ce débat. En supposant même, qu’elle soit une question de tactique comme le pensent les partisans de l ’autonomie, en tous cas, c’est une tactique qui diminue le principe socialiste. L ’intérêt d’obtenir des réformes ouvrières sert de prin cipal argument à nos adversaires. Personne ne pourra contester cependant que les réformes sociales s’obtiennent non pas par les élus de l’alliance, mais grâce à la poussée - Page 156 of 181 [PAGE_156] -------------------------------------------------------------------------------------------- ouvrière, à la crainte qu’inspire aux dirigeants le mouve ment socialiste. On nous a également parlé des progrès énormes faits par le Parti ouvrier beige depuis quelques années ! On ne viendra pas prétendre cependant que nous avons augmenté nos forces électorales et syndicales grâce aux alliances. Ce sont ces mouvements de classe, manifestés par les grèves, e t les efforts syndicaux, l’évolution économique elle-même, qui ont permis au socialisme de faire les progrès signalés que nous constatons avec une joie égale à celle des défenseurs de l’autonomie. On nous a dit encore que les fédérations n’ont pas abusé de l’autonomie, qu’il ne faut donc pas avoir peur de la leur laisser ! Cela prouve précisément que les alliances sont mauvaises puisque ceux qui défendent l’autonomie se félicitent de ce que l’on n’a pas contracté trop d’al liances. On nous a demandé aussi de montrer les résultats néfastes, produits par les alliances bourgeoises ! D’une part nous avons prouvé par des faits que la pro pagande électorale ne peut pas être menée comme elle devrait l’être, lorsque l’on a comme alliés des gens qui se posent partout en admirateurs de la triple-alliance, en protagonistes de la propriété individuelle et qui ont bafoué et traité d’utopie, dans cette campagne d’alliance, l’idéal de la classe ouvrière, la caractéristique et la cause de notre mouvement révolutionnaire. D’autre part nous avons dit qu’envisageant trop, peut- être, la question électorale, on avait quelque peu négligé la propagande syndicale (qui reprend de plus en plus nous nous hâtons de l’ajouter) et qu'on s’est efforcé de s’agran dir plus en étendue qu’en profondeur. De plus, de par ces alliances, il se produit dans l’esprit de la masse une confu sion regrettable au point de vue de la lutte des classes e t des partis politiques en présence. - Page 157 of 181 [PAGE_157] -------------------------------------------------------------------------------------------- Un autre argument de nos adversaires, c’est celui-ci : ■Grâce à l’alliance, disent-ils nous pénétrerons plus faci lement flans les campagnes ! Il faut réellement ne pas .avoir fait la propagande chez les paysans pour avancer une contre-vérité aussi flagrante. Il est certain que ce n’est pas en se présentant dans les campagnes avec des alliés, considérés par la population agricole comme des mangeurs de curés, qu’on parviendra à s’implanter chez elle. En se plaçant sur le terrain de la lutte des classes, en faisant comprendre aux paysans que les exploités de toute catégorie, de toute religion doivent se ranger derrière le drapeau rouge, nous serons bien accueillis par ces malheureux ouvriers agricoles qui, de même que les ouvriers industriels sont indignement exploités par lo capitalisme. Un argument auquel on ne nous a pas répondu, c’est qu’un grand parti comme le nôtre, poursuivant dans toutes les régions du pays un but identique, doit avoir avant tout l’unité dans l’action. Eh bien, pour citer qu’un exemple, demandez aux rédacteurs du « Peuple « ici pré sents, combien il leur est difficile de faire la propagande en temps électoral. L’alliance ne permet pas à notre organe central de prendre position parce qu’il y alliance d’un côté et que d’un autre côté on lutte contre les pro gressistes. Ajoutons encore, et nous prenons à témoins les délé gués du Congrès venus des quatre coins du pays, que presque partout où l’alliance s’est faite, elle a produit au point de vue électoral des conséquences désastreuses. Ou bien les progressistes ont l'ait passer leurs hommes, laissant sur le carreau les candidats ouvriers leurrés, ce qui a produit des dissensions bien compréhensibles. Ou bien la liste d’alliance a passé et, à peine dans les assemblées délibérantes, les disputes ont commencé entre - Page 158 of 181 [PAGE_158] -------------------------------------------------------------------------------------------- alliés, divisés sur trop de points principaux pour pouvoir s’entendre et travailler de commun accord. Pour finir, disons que plus longtemps durera l’alliance, plus difficile l’on se débarrassera de ces alliés bourgeois, ce à quoi l’on devra arriver de l’avis de tout le monde, et plus tôt qu’on ne le pense. Nous croyons avoir répondu victorieusement à tous les arguments présentés par nos adversaires et, pour le bien •du Parti Ouvrier, nous demandons au Congrès de voter l ’ordre du jour des Etudiants socialistes. Le rapporteur, G a s t o n V a n d e r m e e r e n . LE VOTE SUR LES ALLIANCES L’assemblée procède à un vote sur la question de savoir si les rapports seront discutés. Elle se prononce contre la discussion. On passe ensuite au vote sur la question des alliances. L’arücle 25 des statuts autorisant les fédérations à con tracter ou à ne pas contracter d’alliance est maintenu. Résultat : 234 oui, 85 non, 10 abstentions. AMENDEMENT AU STATU QUO Le compagnon Noël croit devoir revenir un instant sur la portée des rapports précédents et du vote quiJvient d'être émis ; il considère comme un devoir de dire ce qui suit : Co m p a g n o n s . Avant de vous lire mon rapport je viens ici protester, comme rapporteur de la majorité, contre le rapport du compagnon Anseele qui, en attaquant notre amendement a manqué au mandat que la seconde section lui avait donné. La section en rejetant la proposition des Etudiants - Page 159 of 181 [PAGE_159] -------------------------------------------------------------------------------------------- socialistes a chargé son rapporteur de combattre cette proposition, mais en même temps, en adoptant notre amendement et en me chargeant spécialement de le défen dre ici la section donnait mandat à tous les rapporteurs de la majorité de défendre son opinion toute entière, tan dis que le citoyen Smeets, au nom de la minorité, était seul chargé de défendre l’opinion de cette minorité. Ce que Anseele vient de vous dire quant à l’amende ment n’est que son opinion-personnelle partagée par la minorité de la section et que la majorité de la section a repoussée en adoptant notre amendement. Compagnons, , Votre seconde section après avoir rejeté la proposition . des Etudiants socialistes, a adopté comme amendement au Statu quo la proposition suivante que je suis chargé de défendre devant vous. « Le Congrès, décide qu’aucune fédération ne pourra en aucun cas abandonner à des partis bourgeois des sièges acquis au Parti ouvrier dans les luttes précédentes. » Compagnons, Il a paru à votre section impossible et maladroit d’in terdire aujourd’hui de façon absolue les alliances aux fédérations du parti et vous venez de ratifier cette décision par votre vote. Mais il est cependant des fédérations dont votre se conde section propose de limiter l’autonomie : Celles-là précisément qui, ayant lutté seules sur le ter rain législatif aux élections précédentes ont fait triompher auparavant, une listejmiquement composée de candidats socialistes. On vous dit, Compagnons,""dans le rapport de la fédéra tion bruxelloise que la question des alliances ne doit pas être envisagée comme une question de principes mais comme une question d’opportunité. - Page 160 of 181 [PAGE_160] -------------------------------------------------------------------------------------------- AMSAB C’est ainsi que nous l’envisageons ; c’est par tactique et au nom do la tactique du Parti ouvrier que nous vous prions de voter notre proposition. Elle ne porte en effet que sur les fédérations 'qui ont lutté sans alliances et qui sont parvenues à faire élire des députés sur le programme seul, et sur tout le pro gramme du Parti ouvrier. Quel serait sur la grande masse électorale, l’effet d’une compromission ayant pour but des assurer les voix d’ad versaires en leur abondannant des sièges déjà conquis au socialisme : Ce serait pour ces gens l’aveu de notre im puissance ce serait s’avouer vaincu avant la bataille là où l’on avait triomphé, ce serait reconnaître que notre pro pagande, l’action de nos députés au parlement loin de nous attirer les sympathies électorales n’a fait qu’éloigner de nous les gens les mieux disposés en notre faveur. Ce serait ôter toute confiance et par suite ses plus grandes chances de succès à la liste d’alliance elle-même. Se juger ainsi trop faible pour lutter après avoir triomphé la veille, cela n’est pas possible dans le Parti ouvrier. Des adver saires accusent le Parti ouvrier d'avoir abusé 1 opinion et de s’être emparé par surprise des sièges parlementaires. Nous confirmerions leurs dires en sacrifiant à des craintes de la dernière heure plusieurs de nos élus en faveur de partis bourgeois et pour rallier des voix libérales tou jours incertaines. Cela ne se peut pas et le Congrès doit se prémunir contre les emballements électoraux, contre ces hésitations de la dernière heure en défendant aux fédé rations cette honteuse reculade. Le Parti ouvrier n’entraînera derrière lui les masses que s’il marche toujours de l’avant; aux partis jeunes il faut de la témérité et le premier pas en arrière est le commen cement de la déroute. Du reste, les alliances sont un mal provisoire que le Parti ouvrier doit chercher par tous moyens à réduire et - Page 161 of 181 [PAGE_161] -------------------------------------------------------------------------------------------- à faire disparaître au plus vite. La mesure que propose la seconde section permet sans secousses et sans bruit de supprimer progressivement sans retour en arrière les alliances bourgeoises. Aussi, sommes-nous persuadés que le Congrès se ral liera à notre façon de voir et qu’il approuvera dans son entier la résolution de la deuxième section, dont je vais, pour finir, vous donner encore une fois lecture : « Le Congrès décide qu’aucune fédération ne peut en aucun cas abandonner à des partis bourgeois des sièges acquis au Parti ouvrier dans les luttes précédentes. » Le rapporteur de la majorité, Alexis NOËL. S m e ets. — On vient de voter l’autonomie et maintenant on se propose de la retirer. On interdirait ainsi l’application de la représentation proportionnelle. Qu’on maintienne donc l’autonomie plein® et entière pour tous. V andervelde propose de transform er en vœ u la pro position de la section. La proposition Smeets est adoptée. A n s e e le interprête le vœu de Vandervelde en ce sens qu’il ne constitue pas un blâme pour les fédérations qui feraient alliance. Dans ces conditions, plusieurs membres proposent qu’on retire le vœu. Cela est admis. La troisième section n'ayant pas fini ses travaux on passe au rapport de la quatrième section. .LA QUESTION AGRAIRE Zeo donne lecture de son rapport. Il conclut au renvoi de la question à un Congrès spécial à tenir à Nivelles. {Adhésion.) - Page 162 of 181 [PAGE_162] -------------------------------------------------------------------------------------------- SÉANCE PRIVÉE A lh. 1/2 le Congrès se constitue en séance privée^ qui est levée à 1 h. 3/4, TROISIÈME SECTION C’est le compagnon Léon Troclet de Liège, qui fait rap» port sur les diverses questions. La 3* section devant s’occuper particulièrement de questions administratives décide do n’admettre que les journaux du Parti ouvrier. Première question. — N'y a-t-il pas lieu de ten ir les congrès annuels pendant s jours au lieu de 2 jou rs. Tous les délégués sont d’accord pour dire que si les con grès devaient se tenir pendant 3 jours, cettp mesure aurait pour conséquence de mettre dans l’e m barras les syndicats dans le choix de leurs délégués. Plusieurs ouvriers devant se rendre au travail le mardi matin sous peine de perdre leur emploi ; en un mot l’élé ment manuel se trouverait en grande partie écarté des séances du Congrès. Eu conséquence la troisième section décide de ne rien modifier aux statuts du Parti ouvrier. Les congrès annuels continueraient à se tenir, les deux jours de Pâques. S l’ordre du jour ne peut être épuisé, le Congrès de Pâques aura à décider si un second Congrès annuel est nécessaire. Deuxième question. — La désignation des orateurs doit-elle être continuée aux fédérations ou au Conseil Général. Yoici la conclusion du rapport du Conseil Général : Considérant que la propagande du Parti ouvrier est d’in térêt général, le Congrès décide : Ie Que les groupes qui désirent le concours d’un orateur n’appartenant pas à leur Fédération, doivent faire la de mande à leur Secrétaire fédéral, qui est tenu de la trans mettre immédiatement au Conseil général ; - Page 163 of 181 [PAGE_163] -------------------------------------------------------------------------------------------- 2° Les secrétaires fédéraux ne peuvent dans aucun cas .refuser de transmettre les demandes au Conseil général; - 3° L^s orateurs sont priés d'être au poste dans la loca lité qui leur est désignée ; 4° Les groupes qui demanderont le concours d’un député adresseront leur demande au secrétaire de leur Fédération qui la fera parvenir d'urgence au groupe socialiste de la Chambre ; 5° Les demandes d’orateurs doivent être faites au moins 15 jours d’avance. Admis à l’unanimité. LA QUESTION DE VERVIERS Les délégués de la Maison du Peuple, et de la Fédé ration d’arrondissement viennent déclarer qu’ils sont d’accord sur les propositions faites par le Congrès. ■ C’est avec des cris de joie que le Congrès accueille cette ‘bonne nouvelle. Un indescriptible enthousiasme règne dans la salle. LES EXCLUSIONS Voici les conclusions du rapport du Conseil général. A rt. 20. — L ’exclusion cl’un membre qui a contre venu aux statuts, au program m e, h la tactique du P a r ti ou vrier, ou qui a commis îles actes attentatoires à son honneur, peut être exclu de son groupe et p a r son groupe. Il conserve le droit d’appel devant les assemblées fédérales et devant les Congrès du P arti. Toutefois la Fédération peut elle-même prendre l ’initiative de l’exclusion d'un membre, sons réserve ûe prévenir le groupe avant Vexclusion. L'exclusion d'un groupe entraîne celle de tous les autres groupes du P a rti ouvrier, sau f avis contraire - Page 164 of 181 [PAGE_164] -------------------------------------------------------------------------------------------- de la Fédération, statuant sur le caractère et la gravité du cas. Les alinéas 2 et 3 peuvent selon notre avis rester tels qu’ils sont. Plusieurs camarades et particulièrement ceux de Huy combattent cette proposition parce qu’ils craignent que certaines cabales ne soient organisées dans quelques cas particuliers par des hommes qui auraient beaucoup d’in fluence dans les fédérations locales. D’autres délégués craignent aussi que l'autonomie des groupes diminue. Néanmoins comme il est à craindre que des petits groupas se fondent pour recevoir des hommes ne réunis sant pas les garanties suffisantes au point de vue de l’honneur et de la discipline du Parti ouvrier. La proposi tion du Conseil général est admise par la Section. INDEMNITÉ PARLEMENTAIRE Un délégué liégeois expose les raisons pour lesquelles la Fédération liégeoise a fait porter ce point à l’ordre du jour, d’où il résulte que l’on est forcé, à cause même des élus, de satisfaire à des besoins de propagande, de rensei gnements, û organisation plus pressants et auxquels la masse ouvriere surtout ne pardonnerait pas au Parti ouvrier de ne point donner entière satisfaction. Il importe de considérer que les succès obtenus ne sont guère définitifs; les arrondissements gagnés ne sont pas conquis. Il faut les garder ; il faut les défendre contre une action plus vive, des attaques plus pressantes de nos adver saires. ~A prês cet exposé, le citoyen Defnet combat toute retenue et expose sa situation personnelle. . Serw y déclare que la Maison du Peuple de Bruxelles lui a donné mandat de voter aucune retenue. - Page 165 of 181 [PAGE_165] -------------------------------------------------------------------------------------------- Le président, d’accord avec la majorité, fait remarquer que seule la proposition figurant à l'ordre du jour peut être discutée. Maes appuyé par plusieurs délégués développe les consi dérations du rapport du Conseil général. Cette question donne lieu à une longue discussion qui a amené la section à remettre la suite de la séance au lendemain, où les orateurs n’ont fait que renouveler en partie les arguments développés la veille ; à signaler cepen dant un argument nouveau de part des délégués liégeois, disant que la bonne marche de leur institution fédérale serait gravement compromise si la proposition était rejetée. A ce propos, le citoyen Gérard lit le rapport suivant au nom de la minorité. Citoyens, La proposition de la Fédération liégeoise au sujet de l’indemnité parlementaire a été en section combattue parla presqu’unanimitédes délégués des autres arrondissements. On nous a dit, dans des discours plus ou moins argu- mentés, que la proposition présentée par notre Fédération ne pouvait pas être admise ; nous en sommes toujours à nous demander pourquoi ; ce qui a été dit n’a pas refuté les raisons que les Liégeois ont fait valoir. Nous vous avons dit : Contrainte et forcée par une situation financière des plus malheureuses, la Fédération liégeoise, après avoir usé de tous les expédients possibles pour se créer des ressources extraordinaires, vient vous demander que l’intégralité des indemnités parlementaires lui soit versée afin de pouvoir faire face à ses besoins et aussi pour régler ses arriérés. Nous avons fait ressortir que la comparaison entre des coopératives comme le Vooruit, la. Maison du Peuple, Le Progrès de Jolimont et La Populaire ne pouvait être prise au sérieux ; La Populaire ne se trouve pas - Page 166 of 181 [PAGE_166] -------------------------------------------------------------------------------------------- dans une situation prospère, loin de là et elle a peine à nouer les deux bouts. Quant aux syndicats on vous l’a dit aussi : On les a véri tablement saignés à blanc. Vous avez dit : Organisez la propagande de telle ou de telle manière, afin de faire autant ou même plus de beso gne avec des frais moins élevés. Nous remercions les camarades qui ont bien voulu nous donner des conseils; mais nous estimons que la propa gande ne peut être réglée d'une façon uniforme pour toutes les régions ; cela est indiscutable. Les Liégeois, croyez le bien savent comment ils doivent s’y prendre pour mener leur action et les résultats électoraux qu’ils ont obtenus vous le prouvent. On nous a encore dit : Le Conseil général a besoin des ressources que vous voulez lui enlever pour organiser la propagande dans les i’égions non encore gagnées au Parti ouvrier. Eh! bien, citoyens, la Fédération liégeoise elle, fait la propagande dans l’arrondissement de Waremme, et en 1894 elle y a présenté des candidats, elle a mené une campagne électorale acharnée ; elle n’a rien réclamé au Conseil géné ral; donc elle aussi a besoin de ressources au même titre que celui-ci. On nous a dit enfin de compte, adressez-vous au Con seil général lui ; dans la mesure du possible vous enverra des fonds. Citoyens, La situation est celle-ci : Liège, a montré, en tout et toujours que l’on pouvait compter sur lui le dévouement des Liégeois ne peut être mis en doute, nous avons élu six députés qui ont versé au Conseil général 1792 francs au courant du dernier exercice. - Page 167 of 181 [PAGE_167] -------------------------------------------------------------------------------------------- Sur le terrain provincial et sur le terrain communal notre Fédération a fait plus que nulle autre Fédération d’arrondissement ; nous avons lutté dans un plus grand nombre de communes que les autres fédérations et nous avons la seule députation permanente où les socialistes peuvent faire la loi. Yous voyez si Liège l’emporte sur les autres arrondisse ments ; nous avons organisé la propagande dans l’arron dissement de Waremme, nous avons un Cercle de propa gande pour le Luxembourg, pour cela nous n’avons jamais réclamé l'aide du Conseil général. Aujourd’hui nous ve nons non réclamer des sec ours, non des privilèges mais nous vous demandons une chose qui, légitimement nous sem- ble-tril, nous est due. Nous avons élu des députés nous demandons que les res sources extraordinaires provenant d’une situation que notre dévouement, nos hommes et notre argent ont créée nous soient acquises. Laissez-nous l’indemnité de nos six députés pour solder notre déficit, pour organiser la lutte électorale de 1898, dans notre arrondissement et dans celui de Waremme, pour organiser la propagande de Fexhe-Slins, de Dalhem, de Louveigné non encore gagnés au Socialisme. Nous ne voulons pas recourir au Conseil général, quoi qu’on nous dise qu’alors nous poumons obtenir des som mes plus importantes que celle qui nous reviendrait par l’indemnité, nous estimons que nous avons droit à celle-ci, nous en avons besoin et nous la réclamons comme une chose qui nous est due. G. Gérard. La section décide d’adopter le rapport du Conseil Général en donnant mandat à celui-ci de faire tout son possible pour aider la Fédération liégeoise dans sa période électo rale. - Page 168 of 181 [PAGE_168] -------------------------------------------------------------------------------------------- Sixième question. — Affichage du programme du P arti ouvrier dans tous les cafés du pays. (Adopté à l'unanimité).; Septième question. — Composition du Conseil Général. ' Les auteurs de la proposition abandonnent cette proposi tion tout au moins pour cette année. RAPPORT DE LA COMMISSION DE CONTROLE DES COMPTES DU CONSEIL GÉNÉRAL DU PARTI OUVRIER. La Commission de contrôle, composée des délégués des fédérations à'Anvers, Germer; Bruxelles, Moreau ; Gand, De Backer; Liège Troclet et Nicolaij ; Louvain„ Van Hoymeghem; Soigniez, Jamacls; Verviers, Haute t.; sous la présidence du compagnon Jamaels du Centre, a vérifié tous les livres et pièces comptables afférents aux comptes de la gestion du Conseil général pendant l’exer cice de 1896 et le commencement de 1897 et, après un examen minutieux des recettes et dépenses, a constaté avec plaisir que les dits comptes sont exactement tenus et que nous ne pouvons que féliciter le secrétaire-tréso rier pour sa gestion. La Commission regrette que toutes les fédérations ne soient pas encore représentées à la vérification, il y a cependant progrès. Elle a aussi constaté avec regret qu’un certain nombre de groupes n’ont pas effectué leurs paiements. Elle demande que la vérification se passe à la fin de chaque année comme d’habitude mais avec clôture des comptes au 31 décembre. Elle demande la tenue par le Conseil général d’un livre- répertoire des groupes affiliés. Les renseignements quant aux permutations devraient être fournis par les secré taires des fédérations. - Page 169 of 181 [PAGE_169] -------------------------------------------------------------------------------------------- * Enfin la Commission déclare avoir vérifié le bilan en son entier et l ’a adopté. Elle invite le Congrès à faire de même et demande des remerciements pour le compagnon G. Serwy, qui a si bien rempli sa tâche. Pour la Commission de Contrôle : Les rapporteurs, J. Moreau, C. Germer. LA CLOTURE Anseele prononce le discours de clôture du Congrès. Il demande l’absolution pour les « coups de patte » qu’il a été obligé do donner, afin de mener rondement la discus sion. (Rires et appl.) Vous allez rentrer chez vous sous deux impressions. L a première, c’est la grandeur des institutions du Voo ru it, dans cette ville de Gand où la lutte contre le socia lisme est si acharnée. Vous pouvez aller dire que nous sommes plus enthousiastes que jamais. La seconde impression c’est que le Congrès a marché à merveille; nous avions au cœur une blessure : Verviers était désuni. Il a été prouvé qu’il y avait chez tous l’amour du socialisme. (Appl.) A propos de l’indemnité parlementaire, disons que les bons comptes font les bons amis. (Rires). Nous sommes personnellement heureux du vote sur les alliances. Nous sommes persuadés que la minorité fera son devoir. Quand un parti est parvenu à acquérir la puissance que noos avons, à tel point que les socialistes d’autres pays viennent chercher ici des exemples et des leçons, nous n’avons rien à craindre de la classe capitaliste, la plus éhontée, la plus méchante et la plus privilégiée. Sa défaite - Page 170 of 181 [PAGE_170] -------------------------------------------------------------------------------------------- n’est qu’une question de temps. A l’œuvre, mes amis, et vive le Parti ouvrier ! Cette vibrante allocution est saluée par do longs applau dissements. L’assemblée se dissout au chant de la Marseillaise. - Page 171 of 181 [PAGE_171] -------------------------------------------------------------------------------------------- Liste des Groupes représentés au Congrès E T ZN'oxn.s d e s H>élésru.é/s Bureau du Conseil général L. Bertrand, G. Defnet, A. Delporte, F. Elbers, G. Maes, G, Serwy, D. Vandendorpe, R. Van Loo, F, Wauters. Fédérations nationales de métiers EJPierroii, Métallurgistes; Déniés, Cigariers; Solau, Tra- vaiiîeursau bronze. Fédérations régionales Aerts, Bruxelles; Van Langendonck, Louvain; T. Massart, Centre; Maroüle, Borinage; Hardyns, Gand; Smets et Nees, Malines; De Barsy, Buy; Girard, Nivelles; Hallet, Philippe- ville; Bastin, Charleroi; Richebe, Nam ur; Mattelære, Courtrai ; Vinck, Ypres ; Germer et Zugters, Anvers; Hoyaux* Ath; GJlleman, Tournai ; Volkaert, Jeunes gardes socialistes^ Vandervelde. Etudiants socialistes; Broerman, Gymna- siarques socialistes. Députés Anseele, Smeets, Gierkens, Maleinpré, Bertrand, Furnémont, Vandervelde, Bastien, Brenez, Maroille, Paquay, Defuat, Berloz. Excusés : Cavrot, Roger, Fagnart. Fédération bruxelloise S y n d ic a t s : Dewilde, Vandenbossche, Menuisiers; Wéry* Selliers; Vanderveken, Facteurs en Instruments de musique; Blanekaert, Teinturiers en peaux ; Declercq, Doreurs-Orne» manistes ; Hoyoux, Gust. Ernest, Relieurs ; Aerts, Marschal, Ebénistes; Jeanne De Bruyn, Julie Andriessen, Octorsv Chapelières et Ouvrières en matières premières ; Ploumen, Boulangers ; Vanderveken, Mouleurs ; Vandermeulea, Braek- xnan, Association libre du bronze ,-Volkaert, Meynart, Pein- - Page 172 of 181 [PAGE_172] -------------------------------------------------------------------------------------------- très ; Collette, Tourneurs-Raboteurs; Fingear, Vinamont, Cou- E ez, Employés; Grummaux, Manœuvres; Callie, Henrion, culpteurs et Tailleurs de pierre ; Vandeplas, Travailleurs du ■verre; Vleuriuckx, Barro, Association des Mécaniciens; Uyteroeveu, Goeyens, Coffretiers ; Grignart, Pianos et orgues ; Lejuste, Cigariers; Van Ham, Garçons de magasin; Vanden- bemde Jeanne, Clais, Cartouchières ; Vanderbiest, Tripiers ; Egericx, Maçons; Melchior, Ouvriers du vêtement; Binard, Naivin, Cochers; Volmaclier, Deroy, Tapissiers; V. Clément, Yanasbroeck, Imprimeurs-Lithograpkes; Parents, Mouleurs- Bronziers ; Houben, Terrassiers: Lefong, Serruriers ; Devries, Sculpteurs; Desaegher Maria, Fleuristes; Husson, Cordon niers de Saiiit-Gilles; Lalemand, Marbriers; Lequy, Confiseurs; Neyt, Orfèvres ; Vandenheuvel, Peintres eu équipages. G. Solau Ciseleurs ; Rampelberg, Ouvriers menuisiers eu Siège. Lig u e s o u v r iè r e s : Hénault, Léo, Dony, Etudiants socia listes; Ratslé, Vlaamsche Bond-, Delvaux, Renette. Feron, Penez, Etterbeeh ; Van Ingh, Club de VAbattoir ; Geluykens, Dupont, Jeune garde de Schaerbeeh; Paul Germain. La Plébéienne; Feretnans, Ligue ouvrière de Schaerbeeh ; Defnet, Van Driessche, Ligue ouvrière de Saint-Oilles ; Willemyns, Ligue ouvrière da Cureghem-, Dewinne, Ligue de VEnseigne ment ; Conrardy, Moreau, Ligue ouvrière de Bruxelles ; Huygêns, Knops, Les Solidaires; Herchel, Ligue ouvrière à'Ixelles; Dupuis, Ligue ouvrière de Laehen; Al. Barre, Jeûna f arde de Saint-Josse ; De Baeker, Bergmans, Ligue ouvrière e Koekelberg; Crèvecœur, Ligue ouvrière de Saint-Josse; Hendrickx, Ligueouvrièrede Molenbeek; Hanssens, Ceuppens, Onderstandbond de Vilvorde ; Bollen, Socialistische Wer- hersbond .de Vilvorde; Miehotte, père, Ligue gantière socia liste de Bruxelles ; Noël, Jeune garde de Saint-Gilles ; Salens, Cercle de Propagande; Miehotte, Jeune garde socialiste, V. Volkaert, Jeune garde socialiste de Molenbeeh-St-Jean; Saleus etVandenheuvel, l’Echo du Peuple. Co o p é r a t iv e s : G. Serwy, La Presse socialiste ; Vers* chueren, Pains d’épices ; Crèvecœur, La Sociale Saint-Josse- Ten-Noode ; Serwy, Standaert, Rousseau, Daxbeek, Maison du Peuple. Fédération louvaniste De Geyndt, Jeune Garde socialiste, et l’Association des métallurgistes; Prosper Van Langendonck, Le Prolétaire et la Ligue ouvrière de B lauw put; Plas, Association des cigariers; Van Hoywegbe, Ligues ouvrières, Louvain et Kessel-Loo ; Van Langendonck, Club des femmes Louvain. - Page 173 of 181 [PAGE_173] -------------------------------------------------------------------------------------------- M. Hambursin, Ligue ouvrière, P erw ez; Pimpurniaux, Lejeune, Ligue ouvrière, W avre; Art, Ligue ouvrière, Glabais; Degelle, Bauwin, Ligue ouvrière, Bauvechain; Girard, Mutuellistes, Sart-Messire Guillaume', Duvivier, Ligue ouvrière, Genappe ; Grégoire, La Persévérance (coopérative) Nivelles-, Theys, Ligue ouvrière, Nivelles; Rousseau, L'Echo populaire, Nivelles-, Saintes, Les Ouvriers Réunis, Nivelles; Peeters, les Métallurgistes, Nivelles; Vanesbecq, Leveau, Travailleurs réunis, Quenast; Allard, Ligue ouvrière, Brame VAlleud; Deryclc Emile, Association ouvrière, Tubise-, Genard, Ligue ouvrière, Court-St-Etienne Posman, Jeune garde, Court-St-Etienne. F éd ératio n anversoise L. Moorthamers, Afdeeling, i ‘ Wijk-, Terwagne, Dekerck- heer, Ligue socialiste, Anvers; Van Fletteren, Bousson, De ~Werher (coopérative) Anvers ; Spaepo, Ligue ouvrière, Moboken; Mooi'tliamers, Van Soom, Tempels, Lecoq, Ligue ouvrière, 1° 2° 3° et 5e Section, Anvers ; Fabri, Ktalens, De Wacht, (coopérative) Anvers; Ënzelen, Moreau, syndicat dus métallurgistes, Anvers; Delannoy, syndicat des bateliers Anvers; Delannoy, Jeune garde socialiste, Anvers ; Terwa gne, De Vrerker, Ligue socialiste de langue îrauçaise, Anvers; De l’otter, Tliys, syndicat des cigariers, Anvers; Malfait, 'Werkersboncl, Boom. F éd ératio n liégeoise L iè g e , Roufosse, Union professionnelle et les Equitables travailleurs. Pire, Courtoy, syndicat des mécaniciens, Dubuis- soii, Ligue En Avant, De Bouny, syndicat des fondeurs et Groupe des Prud’hommes (ouvriers), Clément, syndicat des employés. Nicolay, Jeune garde socialiste. Troclet, Paulsen, coopérative La Populaire. V. Hénault, Etudiants socialistes, Imprimerie coopérative. Troclet, syndicat des tailleurs. Bologne, Cercle socialiste, Ste- Walburge. Vanderwée, Jeune garde socialiste, Voltem. Prévers, Ligue électorale, Jupille. Beruimolin, Decoster, syndicat des métallurgistes, Grive- gnée. Dejardin, Leclercq, Union des métiers, Beyne-Heusay. Gérard, Ligue électorale, Vottetn ; Boon, Union des mineurs, Montegnée; Levaux, Paul, coopérative, Carriers sprimon- tois, Sprimont; Wettinclc, (coopérative) Artisans réunis, Jemeppe sur-Meuse; Boland, syndicat des métallurgistes, Prayon- Troos ; Legrand, Ruche herstallienne (coopérative), syndicat des métallurgistes, Herstal; Sépulchre, Ligue - Page 174 of 181 [PAGE_174] -------------------------------------------------------------------------------------------- ouvrière et (coopérative) Union ouvrière, Prayon-Trooz; l.arutli, Union prolétarienne, Soumagne; Descaigny, Union des mineurs, Flémalle-Grande-, Gérard, Gilles, (coopérative) L'Aurore, Ligue socialiste, Vottem-, Troclet, Union des mineurs, Bierset-Aioans ; Pirard, Ligue socialiste, Chènée ; Paul, Gillard, Donny (coopérative) L ’Alliance, Flémalle- Grande; Bologne, Ligue ouvrière, Milmort-, Cornet, Dan- glcur, L'Emulation Prolétarienne, Seraing; Prévers, Ligue ouvrière, Wandre-, Coliiiiet, Jeune garde socialiste, Mouleurs en fonte, Eerstal ; Collinet, Legrand, Plébéienne, Herstal. Fédération hutoise Hubert, Debarsy"", Jeune garde socialiste, syndicat des mouleurs, Huy, la Société de production (coopérative), l’Espoir, des Avins-, Georges Hubin, Syndicats des carriers, d’Ouffet, Vierset, Grand-Marchin; Lion A., Ligues ouvrières de Bel-air, Marchin, syndicat des carriers, des Avins (Con- droz) et du grès du Hoyoux-, Lizin A., Emancipation ouvrière d’Antheit, Ligue ouvrière, Petit Waret,Libre pensée, Vierset- Barse; Lambotte L. syndicat des mécaniciens, Huy, Ruche Tihangeoise, Tihange, Solidaires. d’Amay; V. Morsa, cercle En Avant, Vaux-Borset, syndicat métallurgistes des forges, Marchin, Chevaliers du Travail, Vaux-Borset. Fédération verviétoise Lemaire, Colard, Bolsius, Dederieh, Denis, Defraiteur, Maison du Peuple, Verviers ; Boutteîense, Association de la filature, Verviers. Glaude, Heck, Jeune garde socialiste, Verviers. Wïllems, cercle Y Athéisme, Demoulin, Drieux, Senvée, Les Gaulois. Close, Crama, Frambacb, L’Echo des Travailleurs, Verviers. Lallemand, Cercle populaire, Ensival. Gérard, syndicat des Tisserands. Verviers. Lambrette, Groupe de Comesse. L. Georges, Ruche ""Verviétoise, Verviers Herquet, Ouvriers d’apprêts, Verviers. Augenot et Joncker, Le Devoir, Verviers. Sougnez, cercle La Fraternelle, Dison. Malempré, Union des travailleurs, Wegnez, cercle Franchi- montois Juslenville. Ligue ouvrière, Lambermont; Dauvister Ligue ouvrière, Petit-Rechain, Jeune garde, Dison, Ligue commerciale Serve. Maréchal, Van Hoorzelle, Jaeobs, Assoe. générale des groupes de la métallurgie, Verviers. Germay, Association de la cordonnerie, Verviers. Gierkens, syndicat des maçons, Ligue ouvrière, St-Hadelin, syndicat des laveurs- carbonniseurs. Juslenville. Niezette, Ligue ouvrière, Dolhain; Prolétaires de J. Battice, Dolhain. Lambrette, Populaire (coopérative) Pepinster, Synd. de la Filature, Ransy. Homlet, Fédération, Verviers, Populaire (""coopérative) Andrimont, l’Espérance, (coopérative) Wesny Anarimont, syndicat des - Page 175 of 181 [PAGE_175] -------------------------------------------------------------------------------------------- laveurs. Dison, Piron, Ligne ouvrière bison, syndicat des «hauffeurs-machinistes, Verviers. Lambion, L Emancipation de Verviers, Germay, Maquinay. Ligue électorale des boule vards, Verviers. Del'aaz, Groupes éleetoraux de l'Est, de Mangonbroux, de Gérard-Champs, Verviers. Pirard. LaPopu- laire (coopérative) Hodimont. Lallemand, Echo populaire, Ensival. Pirard, Jeunes tambours et l'Emancipation, Verviers. F éd ératio n N am uroise De Vendt, Fédération namuroise. Tondu, Bourguignon, Ligue ouvrière, Ham sjSambre. Fossion, Ligue ouvrière, Ancienne. Defiiet, Derui), Daublan, Ligue ouvrière, Namur. Ricliebé, Secours mutuel, Ancienne. F édération carolorégienne Debaix, Héritiers du Progrès, Familleureuoo. Artoos, Staquet, syndicat général des mineurs de Mariemont, La Ses/re. Léopold Georges, L'Avantageuse (secours mutuels) Mont s/Marchiennc. L. Dcfriest, L’Émancipation, (secours mutuels) Baume. Moufle, Société économique, Wanfercée- Iiaulet. Thurion La Mutualité (secours mutuels) La Jlestre. Cocu, La Mutualité, (secours mutuels) Longsart. Montville, Les Prolétaires, (secours mutuels) Gosseliès. Thonnart, syn dicat des chaudronniers, Ligue ouvrière Gosselies. Vanden- ramvera, L ’Espérance, (secours mutuels) Jumet. Dewerpe, syndicat des métallurgistes, Jumet. Delhaye, Secours mutuels Seneffe. Emilio, Delooz, Clautriaux, Fédération dos Jeunes Gardes socialistes, Char 1eroi.Em] le Bastin, Fédération Socia liste, Charleroi Krigode L’Egalité, (secoui's mutuels) Pont-à- Celles. Gilbert Jeunes gardes socialistes, Wanferçée-Baulet. Massart, Os. La Solidarité, Fayt. Thirimont syndicat des métallurgistes, Bcaitme-Marpcnt. Jadot, Union des métallur gistes, Couillet; Bolle, Le Papillon, (secours mutuels) Mar- chienne-au-Pont. Lejong. syndicat des ouvriers de la construction, Charleroi. Hcrman. Colard, syndicat des métallurgistes, Gilly. Debelle, La Fraternité. Bois cl’Haine. Closse, Fédération des métallurgistes (Pont du Loup) Char leroi. Baudour, L'Egalité, Buzêt. Worulus, Caisse de secours Bellecourt. Wéry, Les Solidaires, Jumet. Tordeur-Petit, La Solidarité, Gouy-lez .Piéton. Adnet. L ’Humanité du Peuple, Monceau-sur-Scimbre. Cochart, Fayen, L’Avenir, Forchies- la-Marche. Vanderowart, Unions des mineurs, Gilly. Nakart, Secours mutuels. Pardonnes. Caucliie, syndicat des mineurs, Haine-St-Pierre, Jolimont. Boulogne, Egalité, (secours mutuels) Thiméon. Lagneaux, Association démocra tique, Courcelles. Valentin Jacquet, Solidarité, Godarville. Cornet, Association ouvrière Souvret. Pois, l’Eumanité, - Page 176 of 181 [PAGE_176] -------------------------------------------------------------------------------------------- ■{secours mutuels) Chatelineau. Godfriaux-AuDry, l'Egalité, (secours mutuels) Chatelet. A. Lemonnier, La Fourmi, {secours mutuels) Ransart. Bayons, l’immortel, (secours mutuels) Gilly. Rataille, Union des mineurs La P a ix, Cour- celles. Trigant, Foubert, (secours mutuels) VAvantageuse, Courcelles. Pois, Union des mineurs, Châtelineau. Favrot, (secours mutuels) Les Ralliés, Gosselies. Paindavoine, La solidarité, Chapelle. Guesse, Jassogne, La Concorde, Roux. Vromant, (secours mutuels), La Persévérance, Roux. Lom bard, Fédération des mineurs du bassin de Charleroi, Roux. Hayon-Bary, (secours mutuels), La Sociale, Rêves. Maleu- gret, (secours mutuels) La Solidarité, Manage. Castin, Syn dicats des mineurs, Lambuxart. Bréda, Dubois (secours mu tuels) La Prévoyance, Lultre. Pellisier, Daneau, (secours mutuels), La Prospérité, Charleroi. J.-B. Dupont, II. Forest, (secours mutuels), L'Espoir, Viesville. A. Antoine, Syndicat socialiste, Feluy. Debin, Syndicat des mineurs et métallur gistes, Roux. Lambot, (secours mutuels), Prestes. F édération A thoise Bonenfant, Gotomans, (Cercle propagande), Atli. Hoyaux, Laurent, La Ira lem ité, Quevaucarnps. Pouillc, La Justice (coopérative). Basècles. Pouillc, Union socialiste, Basècles. Hoyaux, Fédération atlioise, Ath. Vinck, Groupe agricole, Blicquy, Hoyaux, Société des carriers, Maffles. F édération M ontoise Dograve, Marville, Coopérative ouvrière, Framcries. Gil- mant, Gucliez, Coopérative ouvrière, Hornu. Dubois, Mal- brenne, Coopérative ouvrière, Jernappes. Noël, Gucliez, Libre pensée, Hornu. lirenoz, Plaquet, Quinchon, Société (les mi neurs, Hornu. Iloyaux Edmond, Jeune garde socialiste, Mons Bastion, Preumont. Cercle socialiste, Mons. Quévy, Société des mineurs, Wihirées. Dufrasne, Dupont, Fédération socia liste (arts et métiers), Wasmes. Ilarvengt, Syndicat Socialiste, Quaregnon. Givert, Boulangerie coopérative, Quaregnon. Burny, Union prolétarienne,' Quaregnon. Bouchez, Société Union des mineurs, PaÀurages. Pépin, Bouchez, Union-Pro- grès-Economie, (coopérative), Paturages. Fauviaux, Coopé rative, Wasmes. F édération Tournaisienne Brunfaut, La Prévoyante Tournaisienne, Tournai. Mar- tougin, Ligue démocratique, Tournai. Gilleman, Fédération régionale, Tournai. Maes, Groupe démocratique, Leuze. Gilleman, Ligue ouvrière, Pecq. Gilleman, Ligue ouvrière, - Page 177 of 181 [PAGE_177] -------------------------------------------------------------------------------------------- Néchin. Gilleman, Ligue ouvrière, Templeuve. Martougin, Les Démocrates, Wez. Defaux, Société des carriers, Gaurain Ramecroix Defaux, Société des tailleurs de pierres, Galonné. F éd ératio n de Soignies Lambert, (Caisse de Secours,) La Louviêre Longtain. T hiô baut, Solidarité, (""caisse de secours;, La Louviêre. Demeyer, La Sociale, (coopérative.), Lessines. Félix Jaeobs, Ligue du travail, Lessines. Marquegnies, Secours mutuels, Lessinet. Paquay, Cercle de propagande, Lessines. Jacques Jules, Soli darité. St- Vaast. Durem, Solidarité, Houdeng. Coppin, Cercle de propagande socialiste, Deux-Aeren. Glautier, syndicat des mineurs, Sars-Longchamps, La Louviêre. Burion, Fédération des métallurgistes du Centre. Branquart.Hanard, Association des travailleurs .brainois, Braine-le-Comte, Debelle, Ruche ouvrière (secours mutuels) Marche-lez-Ecaussines. Masse, La Fraternelle, (secours mutuels) Haine Saint-Paul, R ieude Baume. Soupart, La Solidarité, Cercle socialiste,Braqueqnies ûeltenre Antoine, Caisse de secours, St- Vaast (bois).Janniaux, Jeune garde socialiste, La Louviêre Longtain. Jamaels, L a Fraternité socialiste, Ecaussines. Yan Zande, Fédération Jeune garde socialiste, Ecaussines. Delmoitiez, Ligue ouvrière Soignies. Fritz, Fraternité, (secours mutuels) Haine-St-Paul. Hautier, syndicat des mineurs, Houssu. Fédération de Soi gnies, Tecqmenhe. — Fédération de Thuin Hartman, La Mutualité, Morlanwelz. Lambert, syndicat des forgerons, Baume-Marpent, Haine St-Pierre. PôcEet, Jeune garde socialiste, Haine-St-Pierre. Berloz, Mutualité socialiste,Anderlues.'W&tQvloo.Les Réunis,(caisse de secours) Haine-St-Pierre. Barbier, Liebain, syndicat dgjL. métallur gistes de Hiard, Haine-St-Pierre. H. Coureur, Fédération des sociétés de secours mutuels, Jolimont. Defreyst, La Solida rité, Redemont. Hanappe, syndicat des marseleurs. Baume- Marpent. Dartois, syndicat def~cHsn3ronniers, Baume- Marpent. Velu, syndicat des mOïïTëïïrs du centre, Haine-St- Pierre. Thiébaut, syndîçaQycaise-Delcuve, La Louviêre. Truffet, syndicat deg. jmélâllïïrgistes de la Franco-Belge, La Croyêre. Médieis7”Scction de la construction, Baume-Mar~ pent. Eug. Rousseau, Fédération électorale socialiste, Thuin. Casimir, La Solidarité, Carrières. Massart, Bernard, Le Progrès, (coopérative) Jolimont, Hypersiel, Jeune garde socialiste, Morlanwelz M ïcïiq, syndicat deslaminoirs, Baume, Haine-St-Pierre. Duquenne, syndicat' des métallurgistes, Cambier, Morlanwelz. Flamant, La Solidarité, Péronnes. - Page 178 of 181 [PAGE_178] -------------------------------------------------------------------------------------------- Haeek, De Backer, syndicat des métallurgistes. Wauters, Peelman, Vriidenkersbond. De Budt. Hanirick, De Gédei, De- graave, Vlasbewerkers. Mestdacli, Bakkers Vereeniging. Blancke, Hublet, ZickenbeurzenbondMoyson. Lootens, Raa, Schilders bond, Bogaerts, Fédération des instituteurs. Mor tier, Marbriers. Tailleurs de pierre, va.n ffecke, Bemuynck, BroederJyicemaatsehappijWevers. Carpentier, Sehoemakers. Herssens, De Groote, Sigarenmakers. Van Vooren, De Groote, Sigarenfabriek samende. Cogh, Temmerman, Dockwerijers. Debruyl, Néyt. Katoenbewerkerg. Bonne, Bonterick, Meïsers. Demeester, D’Havè, Havdyhs, Naaisters. Dobbelaere, Woer- standskas. Devylder, Hoste, Vri.je bakkers. Mahieu. Van Sweden, Lotelingskring. Henrij, Loodgietera Y e r e e n ig in g . Foucard, Propagande club. Slevvagen, Bleekers. Van Guizien, Socialiste Arbeiaer.VanderHaeyeif. Lampens.VanderlIeggen, Scheire, Houtbewerkers. Anseele, Waerie, Vooruit, Deloor, Marxkring. Sehram, Wijkclubs. Van Mulen, Rijtuigmakers vereeniging, Gand. Schram, Propagande club, Genibruggc. Verhasselt, De Werkman, De Bakker, Propagande club, Ledeberg. Bevragen, Ligue ouvrière, Deynze. F édératio n d’Alost Coppens, Broederlijke wevers. Mersch, Schaltin, Deneef, Propagande club. Luyckx, Vernimen, Katoenbewerkers. De Geiter, Chevalier, Niechels, Coppens, Tabakwerkers, Alost. Van Daele, Association des ouvriers phoshoriques. De Clercq, Propagande club. Brecx, Midden Bestuur, Grammont. F édératio n d’A udenarde Verpoort, Ligue ouvrière. Vanovertveld, Jeune garde socia liste. Blois, syndicat des Tisserands. Carton, syndicat des Teinturiers, Renaix, Fédération de Courtrai Mattelaere, Mulleman, Club de propagande socialiste, Courtrai. Debrabander, Verreclce, Ligue ouvrière, Mouscron. Declercq, Propagande club, Menin. F éd ératio n de R o u lers Vandenbossehe, Propagande club. Jongo wacht. Vakver- eeniging wevers. Metaalbewerkers, Roulers. - Page 179 of 181 [PAGE_179] -------------------------------------------------------------------------------------------- D’Hondt, De Bruin, Propagande club, Tamine, Blommaert, Sauders. Propagande club. St-Nicolas. Schakewitz, Perse- gaet, Propagande club, Lokeran. F édératio n de Term onde De Rycke, Eendracht Vrijheijd, Trompetters club. De Wagenaar, Turn club. Vander Stuisten Léo, Jongewacht, Wetteren. F éd ératio n s d iv erses Peunes, Werkerswelzijn, Van Eeghem,Club de propagande, Bruges. Maby L ’Avenir (coopérative), Boussu-lez- Walcourt. Sieuw, Propagande club, Comines. Viuck, Propagande club, Ypres. Vandermeeren, Ligue ouvrière, Tongres. Moussoux, Pissoort, Disière, Association socialiste, > Binant. - Godart, Ligue ouvrière, Bohan. Rosseels,^Werkersbond, Lierre.% U * h m - Page 180 of 181 [PAGE_180] -------------------------------------------------------------------------------------------- COOPÉRATIVES OUVRIÈRES ---------- « s---------- P rovin ce d’A nvers A nvers, De Vrije Bakkers. — M alines, Toekomst. P rovin ce de Brabant Bruœelles : La Maison du Peuple ; L’Union des Confiseurs; La Presse Socialiste; La Sociale. — Louvain : Le Prolétaire. Flandre orientale Gand : Vooruit, De Vrije Bakkers. — Ledeberg : De Werkman. Flandre occidentale Mouscron : La Fraternelle. ./ P rovin ce du Hainaut L a Bouverie : La Boulangerie. — Dour : Les Ouvriers réunis. — F ram eries : La Boulangerie, ouvrière. — Elouges ; La Boulangerie ouvrière;,.* — Jolim ont, Le Progrès. — Baume, L’Ujw*6n des Travailleurs. — Jem appes, Coopérative ouvrière. — Bois-de-Boussu, Coopérative ouvrièra. — P â tu rages, Coopérative ouvrière. — Quaregnon, Coopé rative boulangère. — Roux, La Concorde. — Tournai, La Prévoyante. — W asmes, /Coopérative ouvrière. — W anfercée-Baulet, LJEconomique ouvrière. — Cuesmes, Coopérative bomlangère. P rovince de L iège Liège : La Populaire, La M oissonneuse. — Saint- illes, Equitables Travailleurs. Verviers, La aison du Peuple. — Bison, L y Fraternelle. — émalle-Grande, L’Alliance, - f - L ize-Seraing, ""mulation prolétarienne. — HÀrstal, La Ruche. yieppe, Les Artisans. ( - Page 181 of 181 [PAGE_181] -------------------------------------------------------------------------------------------- POUR LA PRESSE COMPAGNONS ! Propagez partout la Presse ouvrière. Faites lire les journaux du Parti ouvrier : Le Peuple, l’Écho du Peuple, Vooruit Achetez régulièrement un de ces journaux qui défendent vos droits. Insistez auprès des cabareticrs et des commerçants qui vivent de votre clientèle, pour qu’ils achètent un de vc v organes. N’oubliez pas le denier de propagande. Aux séances, aux réunions, après la paie que les dévoués fassent des collectes. A l’œuvre, Camarades, en avant pour la propagande. Que chacun fasse son devoir. Le Parti ouvrier compte sur votre dévouement. Adressez abonnements et collectes aux journaux : Le Peuple Vooruit ! Rue des Sables, 35, Bruxelles Marché-au-Fil, Gand P ou r la propagande dans les cam pagnes distribu ez le jou rn al agricole L E L A B O U R E U R A b o n n e n a e n t : fr. 1 .S 5 ]peir stn. S’a d re s s e r a u j o u r n a l Le Peuple 3 5 , rue des Sables, 3 5 , Bruxelles Une édition flam ande de ce jou rn al DE IA N D B O U W E R est publiée p a r lez soins du VOORUIT à C3--A-I^X> IsÆsii'clié-si'U.-ï’i l",,,,,,,"Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897",,,https://hdl.handle.net/10796/85C45340-C3AF-4038-A1FF-5C9A234AD964?locatt=view:level2,,,,,,,"Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit\, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897,verslagen",,,Parti Ouvrier Belge,,https://hdl.handle.net/10796/F1533637-F630-4ED2-BE12-B132DF721E7B,Frans,,,,,,,,https://hdl.handle.net/10796/85C45340-C3AF-4038-A1FF-5C9A234AD964?locatt=view:level3,,,monografie,Boeken,leeg,verslagen,Bruxelles: Brismée,,,,,Parti Ouvrier Belge (POB),"MAD/239.14,gm0019",,,,,,"Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897","Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897",,,,"Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897",,,,178 p.,"Boeken_392 Boeken Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit\, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897 monografie Frans Bruxelles: Brismée 1897 178 p. Parti Ouvrier Belge verslagen MAD/239.14 gm0019 https://hdl.handle.net/10796/85C45340-C3AF-4038-A1FF-5C9A234AD964?locatt=view:level2 https://hdl.handle.net/10796/F1533637-F630-4ED2-BE12-B132DF721E7B",,,"Compte rendu du 13e Congrès Annuel tenu à la Salle des Fêtes de Vooruit, à Gand Rue des Baguettes les 18 et 19 avril 1897",,1780976397093699584,,Parti Ouvrier Belge (POB),